Jacques MANGOUA est un ancien magnat du café cacao et grand financier du PDCI-RDA. Il en est l’un des Vice-présidents et très proche du président Henri Konan BEDIÉ. Il vient de recouvrer la liberté provisoire suite à une peine de cinq ans ferme requise à son encontre par la justice pour détention illégale d’armes à feu, de munitions de guerre. En dépit de cette condamnation, le PDCI-RDA demande son rétablissement dans ses fonctions de Président de la région du GBÊKÊ.
Dialogue politique : A l’instar de Jacques MANGOUA, le PDCI-RDA plaide pour le rétablissement de ses financiers
Un pouvoir politique doit chercher à se maintenir et se préserver contre les risques externes. Le pouvoir synonyme de l’autorité politique doit user de tous les moyens nécessaires légaux à la réalisation de ses objectifs qui ne sont que le bien-être du peuple. Par conséquent la mise en application des décisions visant à atteindre ses objectifs ne peuvent être assurées et rassurées politiquement par ceux qui adhèrent à ses idéaux. La politique n’est donc qu’une stratégie, tout étant fondé sur un rapport de force, entre le pouvoir, les rivalités et les conquêtes.
Dans ce jeu politique, l’opposition joue sa part, celle de pointer du doigt, de critiquer les défaillances du pouvoir et proposer au peuple une alternative meilleure. En effet, dans la coalition RHDP, le Président de la république Alassane OUATTARA a cherché à mettre en avant les compétences, pour que chaque cadre se reconnaisse en lui. Il n’y a fait aucune pratique d’exclusion. Le RHDP est un parti de rassemblement. Cependant dans une compétition politique, chacune des parties cherche à affaiblir l’autre et ce dans la transparence et par des faits avérés.
Depuis que le PDCI-RDA a quitté le RHDP en juillet 2018, quelques cadres de ce parti ont été poursuivis en justice, voire condamnés, des hauts fonctionnaires proches de ce parti ont été démis de leurs fonctions dans la haute administration, et plusieurs financiers du PDCI ont subi un redressement fiscal. Cela concerne notamment des personnes qui ont profité de leur appartenance au RHDP pour accéder à ces fonctions. Il est normal qu’ayant quitté le RHDP, ces personnes doivent aussi quitter leurs fonctions. Pour les postes techniques, les gens sont toujours là.
Les cas Billon, Bendjo et Jacques MANGOUA…
Mais pour les postes politiques, ceux qui ont bénéficié des largesses ne peuvent pas rester en place. C’est le cas de :
– Jean-Louis BILLON qui s’est fait élire président du conseil régional du Hambol grâce à l’action conjuguée de la direction et des militants du RHDP et revient dire des choses graves pour la cohésion au sein du RHDP en sa qualité de porte-parole adjoint du PDCI-RDA. Cela est suffisamment grave en politique. Il a par ailleurs été visé via le groupe SIFCA par un redressement de 91 milliards de FCFA en 2018.
– Noël Akossi BENDJO, ancien maire du Plateau, a été accusé de détournement de fonds à hauteur de plusieurs milliards de FCFA. S’agit-il d’un règlement de compte ou la justice a-t-elle simplement fait son travail ? Il ne faut pas oublier que BENDJO est mouillé dans l’affaire BIGMALION, où une société appartenant à celui-ci facturait la Mairie du Plateau. Ce sont des faits avérés. Il ne faut donc pas tout politiser. Les faits sont là. Il y a eu un rapport de l’inspection générale sur cette affaire.
– L’arrestation en septembre 2019 de Jacques MANGOUA, Président du conseil régional du Gbêkê et vice-président du PDCI, condamné à cinq ans d’emprisonnement pour détention illégale d’armes à feu, a suscité de vives protestations parmi les partisans du PDCI-RDA et une forte mobilisation dans la région du Gbêkê. Le désarmement n’a pas été efficace à Bouaké. Il n’y a pas eu de ratissage de confiscation d’armes après la crise postélectorale de 2010-2011. Par conséquent, il y a encore des caches d’armes à feu.
« En Côte d’Ivoire, les gens sont souvent tournés sur la dépendance aux affaires et à la magouille qui finissent par les rattraper »
MANGOUA est-il victime de ce fait ou c’était à dessein au vu de la tension qui prévalait à l’horizon des élections présidentielles de 2020 ? Il aurait pu l’éviter eu égard à sa qualité d’homme d’Etat. Ceux qui font l’objet de jugement ou d’accusation sont poursuivis pour des faits avérés. Ce ne sont pas des faits opportunistes bien que cela puisse donner l’impression que les poursuites sont engagées à des fins politiques. En Côte d’Ivoire, les gens sont souvent tournés sur la commande publique, la dépendance aux affaires et à la magouille qui finissent par les rattraper dans l’arène politique. Certains voient clairement leur robinet fermé.
Quand on veut neutraliser quelqu’un politiquement, on trouve toujours un motif valable pour le faire. Après, si la peine est proportionnée ou pas, c’est autre chose. Il faut savoir que toute personne qui fait de la politique devrait commencer par s’acquitter de ses impôts. Si certains ont profité d’accointances politiques pour ne pas payer leurs Impôts, et que cela se retourne ensuite contre eux, il ne faut pas s’étonner. Espérons que le dialogue politique trouvera des solutions idoines pour aplanir les dissensions.
Idriss DAGNOGO