Le Président Macky Sall du Sénégal s’est entretenu avec Vladimir Poutine à Sotchi vendredi dernier. L’objet de cette visite portait sur la demande de la levée du blocus par la Russie sur l’exportation du Blé à destination d’Afrique. Cette démarche montre à quel point les dirigeants africains s’autoparalysent lorsqu’il faut trouver des solutions pérennes aux difficultés de leurs populations.
Ce potentiel de l’Afrique minimisé par ses dirigeants
Le Président sénégalais Macky Sall, en allant plaider l’ouverture de couloirs d’exportation du blé pour le continent, a oublié que l’Afrique (30 065 000 superficie – km²) est le deuxième continent le plus grand au monde après l’Asie (44 579 000 superficie – km²). Et qu’avec 54 pays, le continent africain fort de sa population, devrait être vendeur de blé et non l’inverse.
Le continent africain, c’est surtout 60% de terres arables qui en font le premier au monde dans ce classement. Outre le fait que l’Afrique regorge de multitude de ressources (pétrole, gaz, charbon, uranium, vent, fleuves, soleil, mers, biomasse..), son agriculture aurait pu faire sa force. Pour faire simple, ce continent peut à lui tout seul nourrir les habitants de la planète tout entière si l’agriculture y était industrialisée.
Qu’aurait dû faire le Président Macky Sall ?
C’est lorsque se posent des problèmes que les humains trouvent des solutions. La guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine a provoqué une pénurie de céréales, le blé plus précisément. Les pays africains, comme ceux du reste du monde, ont des difficultés à vivre correctement sans le blé. Au contraire de plusieurs autres pays, l’espace et la qualité du sol pour cultiver du blé existent sur le continent africain.
Pour régler le problème, plutôt que d’engager une vaste culture industrielle des graminées, le président Macky Sall a fait le choix habituel des dirigeants africains, celui de la mendicité. Contrairement à un voyage en Chine pour négocier la livraison de machines agricoles pour cultiver du blé dans toutes les régions du Sénégal, qui aujourd’hui n’a qu’une part très marginale de cette culture, il a fait la démarche surréaliste d’aller plaider auprès de la Russie pour la création de couloirs d’exportation du blé. Partant, toutes les fois qu’il y aura des problèmes entre Russes et Ukrainiens, l’Afrique continuera d’en souffrir.
Alors que Vladimir Poutine est préoccupé par la guerre qu’il mène contre l’Ukraine, laquelle a déjà provoqué plusieurs milliers de morts et des sanctions très lourdes contre son pays, la nourriture non essentielle des Africains constituerait, dans l’entendement de Macky Sall, quelque chose de prioritaire dans son esprit. Pourquoi les Africains ne profiteraient-ils pas de cette occasion pour devenir des concurrents de l’Ukraine et de la Russie sur le blé dans les années à venir ? Il aurait été préférable de commencer la révolution de la culture des graminées sur le continent…
Le deux poids deux mesures des dirigeants africains
Alors qu’ils refusent que des puissances étrangères s’immiscent dans la gestion politique de leurs pays, les dirigeants africains n’ont parfois aucune gêne à aller demander à l’extérieur des solutions aux problèmes domestiques de leurs populations. Malgré une population plus jeune au monde et en majorité au chômage, d’où la traversée meurtrière de la méditerranée par des milliers de jeunes africains, aucune initiative ne vient des dirigeants pour leur redonner des emplois et donc l’espoir de vivre heureux dans leurs pays.
L’Afrique d’aujourd’hui n’a pas besoin de mendier. Elle a besoin de moyens pour se prendre en charge. Et les moyens, c’est aux dirigeants de les obtenir. Cette mission est loin d’être insurmontable. La Chine qui construit des dizaines de stades de football sur le continent ne devrait avoir aucun mal à fournir des machines agricoles aux pays africains pour travailler à leur autosuffisance alimentaire, à condition bien entendu qu’elle soit payée.
Même s’il ne faut pas se détourner de la culture du cacao et du café, les pays africains ont tout intérêt à cultiver en quantité importante les produits consommés par leurs populations. Les cultures destinées à l’exportation ne devraient venir qu’en deuxième position. Autrement, Macky Sall n’a pas fini de parcourir la terre pour demander du blé qu’il aurait dû faire produire au Sénégal.
Certains diront que c’est aux entrepreneurs de cultiver les produits qui manquent en Afrique. Mais comment font-ils pour réaliser ces cultures à l’échelle industrielle dans des pays où les banques refusent de prêter aux jeunes ?