La Côte d’Ivoire, qu’on dit bénie de Dieu, a vécu ces derniers jours, des événements qui loin d’être anecdotiques, sont le symbole de la mainmise de l’Incréé sur ce pays.
Côte d’Ivoire : Ce merveilleux pays béni de Dieu
En effet, il a plu au chef de l’Etat, dans sa magnanimité légendaire, dans sa grande miséricorde, dans sa bonté infinie, et surtout au moment l’on s’y attendait le moins, de faire délivrer un passeport, ce précieux sésame, à un citoyen ivoirien : M. Blé Goudé. Celui-ci aura patienté pendant une dizaine de mois pour obtenir ce document administratif qui lui permettra de fouler à nouveau le sol ivoirien.
L’attente fut donc longue, la patience mise à rude épreuve et les accusations tous azimuts ne manquèrent pas. La joie de l’obtention de ce document si précieux et si difficile à établir, est à la dimension de la séance de photo organisée devant le portrait de celui par qui, ce bonheur inespéré arriva. Que soient salués, tous ces émissaires qui ont défilé à la Haye et qui ont permis d’obtenir un si beau résultat. Car délivrer un passeport, n’est pas chose aisée!
Mais, au-delà de l’aspect risible d’une situation qu’on aurait pu éviter, il est désespérant de constater que désormais, dans notre pays, tout est dans des calculs politiciens, où tout acte ordinaire et des plus anodin, est source de dividendes politiques à capitaliser. L’établissement d’un acte ou d’un document administratif à un citoyen ne peut nullement donner lieu à un quelconque remerciement.
Il n’y a que dans les républiques bananières, que des actes ordinaires puissent faire déclamer des litanies à la gloire des dirigeants. On peut tout aussi ajouter qu’il est vraiment indécent et dommage que le pouvoir puisse utiliser la délivrance d’un document administratif pour contraindre ses opposants à aller à Canossa ! Vraiment dommage ! On en était là, à magnifier notre estimé chef de l’Etat pour la haute portée de son acte, quand une autre bonne nouvelle nous est tombée dessus.
Boire le calice jusqu’à la lie
Ne dit-on pas qu’un bonheur n’arrive pas seul ? Comme cadeau en ce début du mois de juin, le gouvernement a décidé de l’augmentation du prix des produits pétroliers en application de « ADO SOLUTIONS ». Ainsi, le prix de l’essence super sans plomb à la pompe, est passé de 635 FCFA à 735 FCFA, soit une augmentation de 100 F. Celui du gasoil qui dans un premier document, était passé de 615 FCFA à 645 F, s’est retrouvé par le miracle du Saint-Esprit, à son niveau initial de 615 F.
Cette augmentation de prix, qui va en rajouter un peu plus à la souffrance des ivoiriens, est le signe évident que les promesses d’améliorer le quotidien de ceux-ci, du chef de l’Etat lorsqu’il était dans l’opposition, n’étaient que de la poudre aux yeux. Les ivoiriens, à leur corps défendant devront boire le calice jusqu’à la lie. A l’épreuve du terrain, le pouvoir se révèle incapable de trouver des solutions pour alléger le fardeau des ivoiriens.
Pourtant, en 2008, sous la gouvernance du président Gbagbo, lorsque le prix de l’essence est passé à 775 F, le pays avait été paralysé par de violentes manifestations des syndicats de transporteurs, qui entrèrent en grève. Le RDR faisait alors feu de tout bois, et avait trouvé son pain béni pour clouer le pouvoir d’alors au pilori, lui reprochant de mépriser les consommateurs. Il s’est fendu en des propositions qui selon lui étaient simples et soulageraient les populations.
La souffrance du peuple ivoirien est donc le prix à payer pour être dans l’extase de l’émergence
Mais après onze années d’exercice effectif du pouvoir, le Rdr, devenu Rhdp, est incapable de mettre en œuvre ses propres propositions pour le bonheur des ivoiriens. Mais ne nous faisons pas de mauvais sang. Les difficultés auxquelles sont confrontés les ivoiriens, sont les épreuves à surmonter pour connaître le bonheur infini grâce à « ADO SOLUTIONS ». Il n’y aurait pas eu Canaan, si le désert n’avait pas existé.
Il n’y aurait pas eu de résurrection du Christ, si la croix n’avait pas existé. Aussi vrai qu’on ne peut faire d’omelettes sans casser les œufs, le bonheur promis, ne peut advenir sans souffrance. Aussi vrai qu’une femme ne peut accoucher sans que l’enfant ne lui inflige des douleurs intenses, on ne saurait goûter aux délices de l’émergence sans souffrance.
La souffrance du peuple ivoirien est donc le prix à payer pour être dans l’extase de l’émergence, version Rhdp. Alors attendons de voir Vraiment, ce pays est béni de Dieu ! Mais s’il y a eu un soir en Eburnie, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai. Ainsi va le pays…