Poignée de mains, emprunte de deuil, vendredi à Daoukro, entre le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, et Jeannot Ahoussou-Kouadio, anciennement pilier du parti et devenu aujourd’hui un fidèle partisan du RHDP, parti d’Alassane Ouattara. Afrique-sur7.ci vous partage l’info.
Bédié – Jeannot Ahoussou-Kouadio: L’impossible amour à Pépressou
Le vendredi 27 mai 2022 marquait le premier jour des obsèques de Nanan Bédié Koffi Marcellin, frère aîné de l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, décédé dans la nuit du 27 au 28 août 2021.
Le président du Sénat, Jeannot Ahoussou-kouadio, à la tête d’une forte délégation de cadres du rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir), s’est rendu à Pépressou (département de Daoukro, région de l’Ifou) en soutien au leader de l’opposition.
Les échanges entre les représentants des cadres du RHDP, originaires du centre, et la famille éplorée, s’est faite dans la pure tradition locale, rapporte l’agence ivoirienne de presse.
Ces obsèques du défunt qui sera porté en terre dans son village natal Pépressou, le samedi 4 juin 2022, s’étaleront sur une semaine et verront le passage de nombreuses délégations en provenance de plusieurs régions de la Côte d’Ivoire et de la sous-région
La délégation a fait don de 12 millions F CFA à la famille Bédié en vue « d’essuyer » ses larmes et son porte-parole, Michel Koffi, a rappelé le poids que représente encore Henri Konan Bédié aux yeux des natifs de cette partie de la Côte d’Ivoire en dépit des divorces politiques. Ne dit-on pas qu’en Afrique le deuil réunit tout le monde, même les ennemis!
Jeannot Ahoussou-Kouadio s’est refusé à toute déclaration après le passage de l’équipe qu’il conduisait en respect pour la douleur qui frappe la famille notamment le président Bédié et tous ceux qui ont effectué le déplacement, a précisé notre source.
Jeannot Ahoussou-Kouadio, un traître?
L’actuel président du Sénat aime rappeler à ses détracteurs que sa première rencontre avec Bédié remonte à 1976 : inscrit en faculté de droit à Abidjan, militant au sein du Mouvement des étudiants et élèves de Côte d’Ivoire (Meeci), Jeannot Ahoussou-Kouadio et quelques autres étudiants sont reçus trois jours durant à Daoukro. Bédié, qui est à l’époque ministre de l’Économie, leur offrira même un dîner dansant.
Un an plus tard, Ahoussou-Kouadio bénéficie d’une bourse et part étudier à Rennes, dans l’ouest de la France. Avocat au barreau d’Abidjan à partir de 1981, il poursuit son militantisme en mobilisant les juristes proches du PDCI, rappelle Jeune Afrique.
Quand survient le coup d’État du 24 décembre 1999, Ahoussou-Kouadio quitte la Côte d’Ivoire et gagne le Ghana par la lagune. À Accra, il retrouve un Bédié sonné, venu de Lomé s’entretenir avec Jerry Rawlings, le président ghanéen.
« J’étais furieux ! J’ai dit à Bédié que je serais son soldat et travaillerais à son retour. Notre amitié s’est renforcée dans cette épreuve. » « L’explosion des années 2000 l’a révélé, confirme un homme d’affaires proche du PDCI. Il fait partie des rares qui se sont exposés pour défendre Bédié. Cela a été son tremplin. »
Trait d’union Ouattara – Bédié
Les choses se compliquent au sortir de la crise postélectorale. Directeur de campagne d’Alassane Ouattara lors du second tour de la présidentielle de 2010, Ahoussou-Kouadio est récompensé en devenant Premier ministre en mars 2012. L’expérience tourne court. Peut-être pas encore prêt, Ahoussou-Kouadio semble dépassé par les événements.
Agacé, le président le limoge au bout de huit mois. « Ce n’était pas évident. Il y avait des problèmes sécuritaires, et je n’étais pas militaire, se souvient l’intéressé. Et puis, en juillet 2012, au moment des attaques de Nahibly, mon parti a pondu un communiqué m’interpellant ainsi que le chef de l’État, sans même me consulter. J’ai senti ce jour-là que je n’avais plus le soutien du PDCI. »
Cet épisode, Ahoussou-Kouadio ne l’a pas digéré. Ce passage raté à la primature donna un brutal coup d’arrêt à son ascension et demeure une tache sur le CV de ce franc-maçon qui aspire à plus que le Sénat.
Il estime que l’ancien parti unique doit intégrer la formation unifiée, le RHDP et que c’est en son sein que le candidat à la présidentielle de 2020 doit être désigné.
Ahoussou-Kouadio voudrait que le PDCI-RDA à continuer de travailler et à traduire en réalité la promesse d’alternance manquée qu’Alassane Ouattara aurait faite à son aîné en 2020.
« S’il y a eu promesse, créons la confiance avec nos frères du RDR pour qu’elle puisse être tenue. Ce n’est pas dans l’affrontement que l’on y parviendra».