L’adhésion du professeur Amoa Urbain au RHDP (parti au pouvoir) suscite des réactions chez bien d’Ivoiriens. Déçu, le père Jean Claude Djereke, lui, a tenu à poser, ci-dessous, quelques questions essentielles au nouveau militant du parti présidentiel.
Le père Jean Claude Djereke à Amoa Urbain: « Comment peut-on se dire intellectuel et se renier pour si peu ? »
Amoa Urbain a affirmé, il y a quelques heures, avoir déposé ses valises au RHDP, le 21 mai 2022, non pour occuper un poste mais par conviction. Le temps nous dira si cette affirmation est vraie ou non. Pour l’heure, que le nouvel adepte de la secte qui a fait trop de mal à la Côte d’Ivoire permette aux Ivoiriens soucieux de cohérence de lui poser les questions suivantes :
Peut-on passer si facilement du camp de la gauche dont on s’est réclamé dans un passé pas si lointain à celui de la droite néolibérale inhumaine et appauvrissante, sous prétexte que chacun est libre de faire ce qu’il veut de sa vie ? Amoa a-t-il déjà oublié qu’il publia une lettre ouverte le 21 mai 2017 pour demander la démission de Ouattara eu égard « à la situation dégradante du pays » ?
Jouait-il la comédie quand il entama une grève de la faim le 14 juin 2016 devant la basilique Notre-Dame de la paix de Yamoussoukro pour protester contre la manière dont Ouattara traitait les Ivoiriens et leur pays ? Voulait-il que le pouvoir le remarque et lui donne quelque chose ? Les maux qui l’avaient conduit à faire cette grève (cherté de la vie, mauvaise gouvernance, maintien en prison de plusieurs pères de famille, mise en place d’une nouvelle Constitution) ont-ils disparu ?
Comment peut-on se dire intellectuel et se renier pour si peu ? Il paraît que l’université Charles-Louis Montesquieu a de sérieux problèmes et que le fisc mène la vie dure à Amoa Urbain mais est-ce une raison valable ou suffisante pour que ce dernier accepte d’adorer aujourd’hui le fétiche qu’il a brûlé hier ?
J’ai toujours dit qu’il fallait faire le distinguo entre diplômé et intellectuel et ne pas se laisser impressionner par les titres ronflants des individus dont l’intérieur est vide ou pourri. Le philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga, lui, oppose l’intellectuel authentique à l’intellectuel exotique.
Pour Eboussi, le second, c’est-à-dire le pseudo-intellectuel, n’a qu’une obsession : « s’intégrer dans les réseaux administratifs, entrer dans les circuits où se stockent et se redistribuent les biens rares, les honneurs, les plaisirs » (cf ‘Lignes de résistance’, Yaoundé, Cle, 1999, p. 41.) Conviction ? Non. Parlez-moi plutôt de mangecratie. Quelle honte ! »