Directeur général du quotidien d’informations L’Intelligent d’Abidjan, Alafé Wakili s’est ouvert à Afrique-sur7 à l’occasion du 5000è numéro de son journal. Dans l’interview, le journaliste et écrivain livre les secrets de la longévité de son média, évoque l’avenir de la presse imprimée sous nos cieux face à la montée du numérique et jette un regard critique sur l’ex Fonds de soutien et de développement de la presse, devenu aujourd’hui Agence de Soutien et de Développement des Médias (ASDM).
Alafé Wakili: » Voilà l’histoire de l’Intelligent d’Abidjan »
Vous êtes le Patron de L’intelligent d’Abidjan qui fête son 5000ème numéro. Que de chemins parcourus !
Oui que de chemins parcourus ! On a eu des numéros symboliques comme ça. 100, 500, 1000… Je me souviens à l’époque, on a marqué le 100ème, le 500ème et notre 1000ème numéro, on l’a marqué avec un évènement parce que c’était la 3ème année. Apres 2000, 3000, 4000 et aujourd’hui, nous sommes à 5000. Plus de 18 ans et bientôt 20 ans. Oui que de chemins parcourus ! Ce n’est pas facile mais nous y sommes et nous continuons d’y être.
À la création du journal, est-ce que vous vous attendiez à atteindre un tel record ?
Oui je le souhaitais ardemment. Pour moi, c’est l’œuvre d’une vie, la fin d’un parcours parce que je suis parti de plusieurs journaux. J’avais relativement une dizaine d’années d’expériences lorsque j’ai lancé l’Intelligent d’Abidjan et ça fait 20 ans aujourd’hui. Pour moi, c’est le journal de la retraite, de la carrière que j’avais faite. Aujourd’hui, beaucoup encore continuent de chercher des places dans la fonction publique, dans l’administration ou d’une autre manière. Moi mon projet de vie, c’était créer un journal, l’Intelligent d’Abidjan. 20 ans après, 5000 parutions après, je pense que l’objectif est atteint. C’est une vie qui se construit, ce sont des vies qui se réalisent, des carrières qui se font avec ceux qui sont passés par ce journal, et ceux qui y sont toujours… Donc je peux dire oui, c’était espéré, c’était le souhait. Mais il y avait des impératifs. Tout ne dépendait pas de moi. Il y a des partenaires, il y a des annonceurs, des lecteurs, il y a Dieu aussi. Donc il y a une volonté qu’on peut avoir mais il y a tout un environnement qui doit suivre. Dieu merci, on a réussi à tenir.
L’Intelligent d’Abidjan, quelle est l’histoire qui se rapporte à ce journal-là et au titre précisément ?
Comme je l’ai dit, avec 7-8 ans d’expériences, j’ai eu l’occasion de faire le tour de la presse, d’avoir une idée, de voir la réalité, de voir ce qu’il fallait, ce qu’il n’y avait pas. Et je me suis dis que, sur la base de cette étude empirique, primaire, sommaire, pas une étude de spécialiste ou d’expert…, qu’il y a une place, qu’il y’a quelque chose à faire, un plus à apporter dans le domaine. À l’époque, il y avait « Jeune Afrique l’intelligent ». Ça m’a inspiré. Je me suis dit: dans le contexte actuel, quel titre je peux donner et qui ne va pas être compliqué à retenir ? Il y avait le Matin, le Jour, l’Expression, l’Ivoire…donc chaque journal a une histoire. Fraternité Matin, il y a le matin et la vision de la fraternité en Côte d’Ivoire. Moi, c’était de trouver un nom auquel on peut se familiariser rapidement. Donc c’était ça, l’Intelligent d’Abidjan. C’était aussi une manière de jouer sur la notoriété de « Jeune Afrique l’intelligent » qui était parti pour devenir l’Intelligent simplement et qui est finalement resté « Jeune Afrique ». J’ai joué un peu tout ça. Voilà l’histoire de l’Intelligent d’Abidjan. La vision était de créer un journal selon une ligne éditoriale qui, selon moi, n’est pas assez diffusée. Quoique l’on puisse dire, un journal indépendant dans le contexte ivoirien, ce n’est pas compris et les gens doutent même que l’Intelligent d’Abidjan soit indépendant. Voilà un peu l’histoire et l’historique. Nous y sommes depuis bientôt 19 ans, et prochainement 20ans.
Vous êtes l’un des rares journalistes à maintenir un journal depuis bientôt deux décennies. Quel est le secret d’ALAFÉ WAKILI ?
Le secret, c’est le travail. Il n’y a pas de recettes particulières. C’est le travail et une notoriété qu’on a acquise, c’est notre crédibilité. Et cette crédibilité permet d’être toujours sur le marché, d’avoir des lecteurs, des annonceurs et des partenaires, malgré le contexte et l’environnement difficiles de toute la presse. Souvent je dis que, c’est vrai nous sommes en train de nous diversifier, c’est vrai qu’on a des sites internet, c’est vrai que nous avons une web télévision qui a des ambitions d’aller sur le satellite, la TNT…mais je n’oublie pas que la base, c’est le journal papier, la base, c’est l’Intelligent d’Abidjan. Donc malgré tout ce qui est entrain de se développer autour de moi, je reste attaché au journal papier, j’y crois. Le journal papier, est un élément du virtuel et du physique. Et c’est ça le secret. Je travaille à bâtir cette crédibilité là qui ouvre des portes, qui permet d’accéder aux acteurs de la vie sociale, économique, politique et culturelle pour avoir des informations. Aujourd’hui, quand vous dites l’Intelligent d’Abidjan, le journal est perçu avec enthousiasme, avec sympathie. Il n’y a pas d’hostilités radicales ni absolues. C’est là l’une de nos fiertés, l’une de nos satisfactions.
On se rappelle que récemment l’ANP (l’Autorité Nationale de la Presse) a produit les derniers chiffres des journaux papiers. L’Intelligent d’Abidjan n’est pas aussi dans le Top 5. D’où tirez-vous cette longévité ?
L’Intelligent d’Abidjan est dans le Top 10. Nous étions peut-être dans le Top 15. À un certain moment, j’ai dit à mes collaborateurs, ne regardez plus les chiffres mais ce que je vous demande, c’est qu’on ne soit jamais dernier. À défaut d’être premier, deuxième, troisième…faites tout pour qu’on ne soit jamais dernier. Je vous avoue, il y a un bon moment que je ne regarde plus les chiffres, depuis 10-15 ans même. C’est ça aussi l’un des secrets de ma longévité. Un journal, ce n’est pas uniquement les ventes. On peut faire beaucoup de ventes, sans avoir de la crédibilité, sans avoir de l’impact. J’ai fait plusieurs types de journaux. J’ai vu des journaux qui ont marché mais pour marcher, ça dérangeait, ça posait problème, la crédibilité aussi. À l’époque, on disait que le tout n’est pas que ça marche. Aujourd’hui les données ont changé. Les gens veulent les journaux qui marchent. Tant mieux mais moi, ayant fait toutes ces expériences-là, je me dis un journal peut être influent, et tenir; un journal s’il est crédible, il est possible que les ventes ne soient pas élevées. « Le Canard enchainé » qui est l’un des journaux les plus influents en France, n’a que 50.000 exemplaires en vente chaque semaine.
Alafé Wakili: « On a fait des Unes qui n’ont pas plu à AFFI N’Guessan, au FPI, au camp Gbagbo, au camp Bédié, au PDCI, au camp RHDP au pouvoir. »
Contrairement à des journaux qui peuvent vendre 500.000, 1.000.000 d’exemplaires tous les jours. Il y a beaucoup de paramètres. « Jeune Afrique » est aujourd’hui plus ou moins influent, mais il est moins présent sur le papier, il est plus sur l’internet. Mais à l’époque de sa toute-puissance, les ventes n’atteignaient pas un certain nombre de chiffres. « Jeune Afrique » était totalement influent par la qualité de son contenu. Pareil pour « Africa Intelligence, ex Lettre du contient » qui dans son format papier, dans toute l’Afrique avait un nombre limité d’abonnés. Mais c’étaient les décideurs qui lisaient. Ce journal était influent et aujourd’hui, il est totalement numérique et il engrange des bénéfices. Ceci est pour vous dire que lorsqu’on a un bon portefeuille de lecteurs, de décideurs qui peuvent faire confiance et donner un bon pool d’annonceurs, si l’on a aussi des lecteurs aussi dans tous les milieux politiques, sociaux, culturels et économiques, il est possible de réaliser le pari que nous réalisons sans être parmi le Top 5. Il faut le dire, nous sommes remontés dans le Top 10. Dans les dernières ventes, nous étions à la 8ème place parce que nous avons développé une politique d’abonnement et cette politique est possible parce que nous, justement, nous avons cette crédibilité que nous arrivons à valoriser.
Est-ce qu’il vous arrive des moments de vouloir tout abandonner ? N’est-ce pas un business à perte vers la fin ?
C’est relatif. Ce n’est pas totalement à perte parce que ce qu’on perd dans le papier est gagné et compensé autrement. Je vous dis, nous tournons avec 15 à 20 millions Fcfa de dépense par mois. Payer les salaires, payer les charges… Nous avons été endettés de longs moments jusqu’à 100 à 200 millions Fcfa qu’il a fallu régler avec les partenaires et les imprimeurs. Aujourd’hui, nous équilibrons difficilement mais nous équilibrons quand-même. C’est vrai que ça peut faire mal de savoir que l’on fait d’autres activités qui peuvent rapporter de l’argent et l’on vient reverser cet argent pour soutenir le journal papier en tant que tel. Mais en même temps, on se dit, mais les autres activités qu’on fait et les revenus qu’on a, est-ce que si le journal papier disparaissait, est-ce qu’on aura la possibilité d’avoir ces ressources-là ? Voilà la grande question. Donc c’est des métiers de la communication, c’est des activités connexes, qui sont liées. Mais j’avoue que si je faisais peut-être le transport de façon exclusive, si j’avais investi totalement dans l’immobilier et que cet immobilier n’était pas lié aux activités du journal, ça peut faire mal de dire on met en péril l’activité du transport, l’activité de l’immobilier au profit d’un seul produit, qui lui n’est pas rentable. Mais il y a une interdépendance dynamique dans le secteur de la communication qui permet d’exister et qui fait qu’on ne peut pas penser que c’est totalement à perte. Nous continuons malgré cet environnement difficile.
Sur 5000 numéros, vous avez certainement des titres qui ont marqué le temps et qui vous ont marqué aussi ?
Difficile à dire…. Quand on a fait nos quinze ans, on a voulu choisir quinze unes pour symboliser ces 15 ans là. Une « Une » par année. Mais c’était difficile. Après, on a dit quinze ans, c’est 12 mois multipliés par 15. Ça fait 180 Unes… Donc c’est difficile de savoir les Unes qui ont marqué. Faut peut-être qu’on ait toutes ces « Unes » là, les 5.000 et d’un seul regard, voir. D’ailleurs je suis entrain de voir, à l’occasion des 20 ans, comment reproduire les 5.000 « Unes »; faire une exposition et les avoir partout et il reviendra à chacun de sélectionner la « Une » qui l’a le plus marqué. Mais moi, j’avoue que c’est difficile. À chaque période, il y a eu des inspirations.
Est-ce qu’il y a eu des « Unes » sur lesquelles vous avez été interpellés par le pouvoir ?
Oui il y a en a beaucoup. De part et d’autre, on a fait des Unes qui n’ont pas plu à AFFI N’Guessan, au FPI, au camp Gbagbo, au camp Bédié, au PDCI, au camp RHDP au pouvoir. Oui c’est ça la particularité de l’Intelligent d’Abidjan. Contrairement à ce que les gens pourraient dire, il y a des « Unes » qui ne plaisent pas à tout le monde, il y a des « Unes » qui ne plaisent pas et ça, c’est dans tous les milieux.
Vous vous réclamez être un journal indépendant et pourtant, selon vos détracteurs, vous êtes beaucoup plus proche du pouvoir ?
Les détracteurs peuvent le dire parce qu’on n’est pas peut-être proche d’eux mais au moins, on n’est pas contre eux. Mais je dis tous les jours, pour marquer la différence, que l’Intelligent d’Abidjan, c’est l’Intelligent d’Abidjan. L’Intelligent d’Abidjan n’est pas le Patriote, ni le Matin, ni le Nouveau Réveil, ni Notre Voie, ni le Temps. Donc si on est d’accord que l’Intelligent d’Abidjan est l’Intelligent d’Abidjan et que dans les journaux que j’ai cités, il y a des journaux qui ont fait leur choix et qui le vivent bien, je pense que nos détracteurs comme ceux qui nous aiment qui estiment qu’on n’est pas assez avec eux, devraient accepter l’Intelligent d’Abidjan tel qu’il est, devraient accepter qu’il reste lui-même. Nous sommes bel et bien indépendants. Nos détracteurs, quelquefois quand ils sont contents, quand nous faisons certaines « Unes », ils applaudissent. À l’occasion du 5000ème numéro, on a interviewé plusieurs acteurs socio-politiques dont Marie-Odette LOUROUGNON qui dit ceci a peu près : « On peut penser savoir où vous êtes mais vous avez l’honnêteté de nous appeler souvent pour demander nos points de vue. Et quand on donne nos points de vue, vous les retranscrivez fidèlement. Merci et félicitations. Mais soyez davantage proche des populations, parlez davantage des choses qui intéressent les ivoiriens. » Ça c’est son point de vue, on le respecte. Elle peut penser qu’on est pro-RHDP aujourd’hui, toutefois il ne fait pas oublier que lorsque le Président GBAGBO était au pouvoir, nous étions vu également comme un journal proche de Laurent Gbagbo jusqu’à la crise post électorale de décembre 2020. C’est ça le destin d’un journal indépendant. Aujourd’hui, on prétend qu’on est avec le Président Alassane Ouattara. La vérité est que ne sommes pas un journal radical de l’opposition. Tout comme nous ne sommes pas un soutien radical du parti au pouvoir. Nous ne sommes pas là pour faire certains combats. Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent mais nous, nous sommes un journal ouvert qui donne la parole à tout le monde. Si ce n’est pas ça la définition d’un journal indépendant, quelle autre définition pouvons-nous avoir d’un journal indépendant ?
On s’imagine qu’en presque deux décennies, il y a eu des moments heureux ou difficiles qui restent à jamais gravés dans votre esprit ?
Oui bien sûr. Vous êtes un ancien de l’Intelligent d’Abidjan dans une période qui a été une période de nos difficultés. Des périodes difficiles, il y en a. Des moments de malentendus avec le régulateur à l’époque le CNP, il y a des moments de tension dans la profession. Mais ce n’étaient pas des moments éditoriaux. Cela n’a rien à voir avec le parcours du journal. Si vous remarquez, vous verrez qu’en 20 ans, en termes d’interpellation, l’Intelligent d’Abidjan, pour les journaux de la même période, peut se targuer d’avoir été l’un des journaux les moins sanctionnés pour des faits professionnels, des pratiques professionnelles et éditoriales liées à la production et à la diffusion du journal. Ce qui est arrivé dans le parcours, ce sont des difficultés personnelles (c’est-à-dire pour moi-même). La seule fois où le journal a été sanctionné, c’est dans la conséquence des problèmes qu’on a eu et c’était pour des détails. Pour des questions d’administration et de délais, on nous a suspendus. Il y avait des problèmes de mise à jour au niveau de la comptabilité, au niveau des ressources humaines, au niveau administratif.
Alafé Wakili: » Le numérique n’existe que grâce au physique. L’avenir existe pour la presse papier »
Là encore, c’est dans la mise en place de l’entreprise de presse et qui n’est pas liée à la production ni à la diffusion de l’information. C’est pour vous dire que du point de vue du professionnalisme, du traitement de l’information, de la rigueur, nous pouvons dire que nous faisons partie des meilleurs même si en termes de ventes, ça n’a pas l’air d’intéresser peut-être tout le monde. Toutefois nous avons de très bonnes performances qui se manifestent par le fait que nous avons peu de procès, peu de droit de réponses. Et quand il y a des droits de réponses, nous les publions. Nous essayons de travailler correctement. Je profite de votre question pour soulever une préoccupation. Nous avons 5.000 parutions, nous aurons bientôt 20ans. L’un de mes regrets, c’est que nous avons toujours fonctionné dans l’urgence avec la pénurie. Avec la presse en Côte d’Ivoire, il n’existe pas de possibilité de disposer de fonds en avance pour planifier la production éditoriale, pour travailler avec moins de pression, et faire des programmations pour de grandes enquêtes, pour des travaux éditoriaux qui soient vraiment à la hauteur. Et cela fait que nous sommes réduits à nous contenter de faire le compte rendu de l’actualité qui coûte aussi cher quand même parce qu’il faut se déplacer pour aller sur les lieux. La production de grands genres ou la capacité d’aller au-delà du quotidien, de faire des investigations, n’est pas donnée parce que cela demande du temps, cela demande des finances que la presse en général n’a pas.
Quel regard portez-vous justement sur l’ex-Fonds de soutien et de développement de la presse qui a changé de dénomination ?
Nous collaborons. Il y a la subvention pour l’ensemble de la presse. Avec la restructuration, on espère que les choses vont évoluer. Le fonds essaie de s’adapter mais je constate qu’il ne traite pas la presse différemment de la manière dont les banques traitent la presse. Pourquoi les gens ne sont pas convaincus qu’en investissant clairement dans la presse, au-delà des projets compliqués et classiques mais dans la production intellectuelle, dans la recherche de contenus, pourquoi les gens ne croient pas qu’en faisant ça, il y a de l’argent à gagner. Voilà l’interpellation que je veux lancer.
Selon vous, quel est l’avenir de la presse imprimée dans un contexte où le numérique est entrain de prendre le dessus ?
Je pense que le numérique est un allié et non pas un obstacle. La presse imprimée a encore de l’avenir. Vous savez, nous sommes actuellement en Cote d’Ivoire, dans l’organisation du Salon internationale du Livre d’Abidjan. C’est un signal. Tout a été fait pour renforcer la lecture numérique, pour encourager le livre numérique. Malgré cela, le marché de l’édition papier physique, des livres imprimés, existe toujours. Il y a plusieurs raisons à cela mais je me dis qu’il y a de l’avenir pour la presse papier quand on suit cet exemple-là. Le numérique a envahi nos vies, c’est vrai. Mais on comprend que le physique est toujours important. Il y a des choses que le numérique ne pourra pas remplacer et ne pourra jamais remplacer. Et je pense que le journal papier en fait partie. Tout comme malgré les smartphones, il y a toujours la tendance à imprimer son discours, à le lire. Malgré les efforts au niveau des administrations et des banques pour limiter la circulation des espèces au profit des cartes de crédits, des chèques, des virements , il y a toujours des usines qui fabriquent l’argent liquide. De cette même manière, malgré le numérique, il y aura toujours la nécessité d’avoir le journal papier. Mon expérience m’y incline, parce que je n’ai pas voulu rester en marge de la progression. Ainsi nous avons une web tv, des sites internet…Mais il est clair que le numérique, pour vivre, a besoin du réel (un siège, un ordinateur…). Le numérique n’existe que grâce au physique. L’avenir existe pour la presse papier. Il faut que l’environnement soit amélioré et que les ressources soient trouvées. Que les opérateurs politiques, culturels, économiques et sociaux en prennent conscience pour devenir de véritables partenaires de cette presse imprimée.
Quels sont les prochains défis pour L’intelligent d’Abidjan ?
C’est les 20 ans. Nous allons bientôt avoir 19 ans, en septembre. Le grand défi, c’est 2023, nos 20 ans. Nous comptons, au cours de cette célébration, organiser la deuxième édition d’Abidjan Média Forum sur le rapport entre la liberté de la presse en Afrique et la présence des femmes dans les médias, en présence de toute la presse ivoirienne et la presse de la sous-région. Nous allons faire une soirée-gala, un concert, et bien d’autres activités pour célébrer ces 20 ans. Et au cours de ces 20 ans, célébrer la résilience de tous les acteurs du journal imprimé en Côte d’Ivoire. Nous allons honorer tous les promoteurs et éditeurs pour cette résilience. Une façon de leur dire merci d’exister et de continuer de faire exister en Côte d’Ivoire, le journal papier. Cette activité se tiendra en partenariat avec le GEPCI, avec l’Unjci et toutes les organisations professionnelles des médias, ainsi que les instances de régulation, sans oublier les officiels notamment le ministre de tutelle. En février mars 2023, nous allons lancer l’année des 20 ans de lintelligent d’Abidjan, le prochain challenge et défi.