Ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire depuis 2018, Jobst von Kirchmann salue la bonne relation entre la Côte d’Ivoire et l’Union européenne. Dans une interview grandeur nature accordée au magazine ivoirien Esprit, l’ancien tennisman devenu ambassadeur de l’UE, se dévoile au public.
SE Jobst von Kirchmann: « Voici mon rôle premier en tant qu’Ambassadeur de l’Union européenne en Côte d’Ivoire »
Le parcours professionnel de SE Jobst von Kirchmann, est exceptionnel. Malgré une brillante carrière de tennisman en Allemagne, il décide de se lancer dans le droit. Il devient plus tard avocat et juge avant de quitter son pays et travailler dans un contexte européen. « J’ai commencé à travailler avec des collègues de tous les États membres de l’Union européenne à Bruxelles et j’ai trouvé ces échanges enrichissants. Aller encore au-delà et vouloir goûter à la richesse du monde entier a été ensuite pratiquement logique », se souvient-il au micro de Cheick Yvhane.
Nommé en septembre 2018, Ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire, son rôle est bien différent de celui d’un ambassadeur d’un État membre de l’Union européenne. « L’Union européenne a évolué et aujourd’hui, certaines compétences qui relevaient à l’époque des États membres ont été transférées à l’Union européenne. Un bon exemple est le commerce, car un produit qui entre dans le marché unique de l’Union européenne peut y circuler librement. Les règles et normes qui définissent ces produits ainsi que le règles de commerce concernent donc tous les pays de l’Union européenne et ne peuvent être définis qu’au niveau européen. Par conséquent, un accord de commerce ou de pêche, par exemple, peut seulement être conclu par l’Union européenne. Mon rôle premier est d’exercer ces compétences mais l’Union européenne a aussi un rôle de coordination, que ce soit pour le développement avec l’approche « Team Europe » ou que ce soit pour des actions et démarches communes, comme par exemple dans le contexte de la guerre en Ukraine», explique-t-il.
Ses journées, en tant qu’Ambassadeur de l’UE, peuvent s’articuler autour des sujets comme la situation sécuritaire, le terrorisme, la pêche, la production durable de matières premières comme le cacao, le commerce avec l’Europe ou encore des projets de développement. En plus de cela, il y a des rencontres avec le gouvernement, la société civile, les partis politiques et d’autres partenaires. « Il n’y a jamais un moment de repos et le plus difficile est de trouver le temps pour sa famille et les amis. Souvent, je planifie une rencontre familiale et à la dernière minute je dois l’annuler », confie le diplomate.
« La Côte d’Ivoire a démontré qu’elle est un vrai partenaire pour l’UE »
Revenant sur la relation entre la Côte d’Ivoire et l’Union européenne, SE Jobst von Kirchmann rassure que l’UE est un partenaire de la Côte d’Ivoire, qui veut accompagner le pays selon sa propre vision. Pour lui, seuls les Ivoiriens sont ceux qui connaissent la Côte d’Ivoire et ce qui est bon pour elle. « Je vis ici depuis bientôt quatre ans et la Côte d’Ivoire est un pays que j’adore, mais je commence juste à le connaître. Quel niveau de connaissance ai-je de la Côte d’Ivoire comparativement aux Ivoiriens eux-mêmes, à ceux qui vivent dans ce pays depuis toujours ? Zéro. Les seuls à savoir ce qu’il faut vraiment faire dans un pays, ce sont ses citoyens. Il n’y a pas des solutions européennes pour des défis ivoiriens, juste des solutions ivoiriennes », insiste-il.
En d’autres termes, poursuit l’Ambassadeur, cela veut dire que si un gouvernement a une stratégie et sait où aller, il nous prend par la main et nous pouvons l’accompagner sur son chemin, si cela cadre aussi avec nos intérêts. « Un bon exemple est la stratégie de production durable de cacao du gouvernement ivoirien, que nous allons accompagner avec joie car la lutte contre la pauvreté, la déforestation et contre le travail des enfants est une cause que nous partageons. De son côté, la Côte d’Ivoire a démontré qu’elle est un vrai partenaire pour nous, comme on a pu le constater dans son positionnement condamnant l’invasion de l’Ukraine. Et donc l’excellence de notre partenariat se perçoit dans le partage des mêmes intérêts, des mêmes valeurs et de la même vision », se réjouit Jobst von Kirchmann.