La Commission de la population et du développement a achevé, jeudi, son débat général avec les interventions d’une vingtaine d’organisations de la société civile, après avoir également entendu les représentants de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et d’ONUSIDA.
Les jeunes représentent 42% de la population mondiale, la société civile plaide pour leur éducation
Ces organisations, qui opèrent au plus près des populations, ont été nombreuses à souligner l’importance de l’accès à la santé sexuelle et reproductive en tant que facteur déterminant pour l’émancipation des femmes et leur place sur le marché du travail.
Alors que les jeunes représentent 42% de la population mondiale, Advocates for youth a fait un vibrant plaidoyer pour l’autonomisation et l’éducation des jeunes, en exigeant plus particulièrement une éducation sexuelle complète. « Les jeunes ont droit à une éducation fondée sur des données probantes qui leur permette de devenir des acteurs économiques à part entière, ayant un pouvoir sur leur production économique, leur reproduction et leur participation à la société. »
Dans la même veine, International Sexual and Reproductive Rights Coalition (ISRRC) a rappelé que l’autonomisation des femmes et des filles, ainsi que la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation, recoupent les trois dimensions centrales du développement durable – économique, sociale et environnementale. Dans ce contexte, la reconnaissance et la redistribution des travaux ménagers et des soins directs non rémunérés ont été jugées essentielles pour atteindre une croissance économique inclusive, propice au bien-être des femmes et de leurs familles. Les gouvernements doivent donc favoriser l’accès des femmes à un travail décent, assurer une protection sociale universelle et collecter des données solides et ventilées sur l’activité économique nationale.
Pour sa part, C-Fam, Inc, une coalition internationale de plus de 200 organisations qui se consacrent à la protection de la famille, a constaté que le lien entre politiques démographiques et croissance économique soutenue et inclusive est largement « ignoré par l’establishment international de la population ». La faible fécondité et le vieillissement posent des défis sans précédent, auxquels le monde n’est pas préparé, a fait remarquer son représentant, or « sans croissance démographique, il ne peut y avoir de croissance économique soutenue ». Le thème choisi cette année permet enfin de dépasser les vieux débats controversés sur les mœurs sexuelles ou la santé sexuelle et reproductive, dans lesquels cette commission s’est, selon lui, trop souvent « enlisée » ces dernières années.
Le Comité international catholique des Infirmières et Assistantes Médico-Sociales (CICIAMS) a également évoqué la problématique du vieillissement de la population mondiale. Les pays développés à revenu élevé affichent une croissance démographique faible à négative, alors que les populations des pays en développement à faible revenu sont en expansion.
En tant que porte-parole du secteur des soins formels, la représentante de CICIAMS a aussi mis l’accent sur la « pénurie mondiale de 5,9 millions d’infirmiers ». Elle a recommandé des investissements dans la formation, les emplois et le leadership en soins infirmiers axés sur la promotion de la santé et la prévention des maladies, y voyant la clef de la sécurité sanitaire pour éviter les infirmités, les décès inutiles, le gaspillage de ressources vitales et l’augmentation des coûts de gestion des maladies.
En effet, comme l’a signalé l’International Federation of Medical Students Association (IFMSA), dans un monde de presque 8 milliards de personnes, il ne faut pas perdre de vue que le développement durable requiert des populations en bonne santé. « La santé doit donc rester au cœur de toutes les politiques et de tous les agendas, en particulier démographiques. »
Abondant en ce sens, la fondation FEMM qui dédie son action à l’éducation sanitaire, à la recherche médicale et à l’amélioration des programmes de santé reproductive pour faire progresser la santé des femmes et des filles, a martelé que le développement durable passe par des soins qui s’adressent à leurs besoins spécifiques, surtout en milieu rural. Les femmes se sont résignées au fait que les saignements irréguliers, les règles, les crampes, les migraines, la dépression, les sautes d’humeur, l’acné et la prise de poids sont les « luttes » normales d’une femme, a regretté leur représentante. On ne leur dit pas assez souvent que cela peut être lié à des déséquilibres hormonaux qui peuvent affecter leur santé globale à long terme, parfois de manière irréversible. « Cette réalité ne devrait pas être la norme », s’est-elle impatientée.
Lors de la troisième table ronde organisée mercredi sur la population et le développement durable, en particulier une croissance économique soutenue et inclusive, les panélistes ont discuté des liens entre dynamique démographique et croissance économique, en analysant les dernières tendances et ce qu’elles impliquent pour la planification du développement.
La Commission est le seul forum des Nations Unies dédié à l’examen de la mise en œuvre des résolutions de la Conférence internationale sur la population et le développement, a été l’occasion pour l’UNFPA de défendre l’accélération des progrès vers les objectifs de la CIPD et de développement durable (ODD). Le bureau de la CPD55 sera présidé par Son Excellence l’ambassadeur Enrique A. Manalo des Philippines, et co-présidé par les Pays-Bas, la Moldavie, la Côte d’Ivoire et El Salvador.
Le Sommet de Nairobi a réaffirmé que les droits et la santé sexuelle et reproductive sont essentiels au développement durable, mais ils ont connu des revers dans le monde entier, accentués par l’impact socioéconomique de la COVID-19. La planification familiale crée de meilleurs résultats de santé, mais peut aussi atténuer la pauvreté en permettant aux femmes et aux filles de poursuivre leurs études, ce qui améliore leurs perspectives financières et celles de leurs communautés. La santé maternelle contribue elle aussi à la croissance, car les bébés qui naissent en bonne santé deviennent généralement des adultes en bonne santé.