Vice-président du Front Populaire ivoirien (FPI), Gba Gonta Jean-Baptiste est une voix qui porte dans l’ouest ivoirien. Dans l’interview ci-dessous accordée à Afrique-sur7, ce cadre du parti de Pascal Affi N’Guessan dénonce le manque de vision des dirigeants du RHDP et de l’UDPCI pour le développement de la région du Tonkpi.
Gba Gonta Jean-Baptiste (FPI- Tonkpi): « Il faut bannir la politique d’exclusion locale et concevoir une politique de développement »
Comment se porte le FPI dans le Tonkpi ?
Le FPI se porte bien dans le Tonkpi. Le Tonkpi est d’ailleurs l’une des régions à avoir donné un élu au parti, en la personne du camarade Séa André, député de Man sous-préfecture. C’est le signe matériel de la bonne santé de notre formation politique dans la région.
Vos bases se plaignent du manque d’animation du terrain politique. Comment l’ expliquez-vous ?
Avouons que les choses ont beaucoup changé au FPI. Le travail s’y fait méthodiquement. Depuis le 9 Août 2021, date à laquelle le FPI s’est débarrassé des querelles internes, l’urgence résidait en l’installation des structures de base et de leur renforcement. Maintenant que c’est chose faite, nous préparons la commémoration du multipartisme en Côte d’ivoire par la traditionnelle fête de la liberté à Abengourou. Après quoi, viendront l’animation des bases et des tournées politiques dans les régions. Nous demandons aux militants un peu de patience.
Face au ministre VAGONDO du RHDP et à l’Udpci, le FPI aura-t-il son mot à dire lors des élections locales de 2023 ?
Avant toute chose, laissez-moi faire un regrettable constat. Nos cadres ont tendance à aimer subitement leurs populations dès qu’ils ont des postes ministériels. L’amour des parents ne doit pas être tributaire d’une quelconque nomination. Cela doit venir naturellement en tout temps et en toute situation avec la capacité qu’on a. Au FPI, cette réalité ne nous ébranle pas. Nous serons bel et bien présents aux élections de 2023. Le FPI aura ses candidats à tous les postes électifs en 2023. Nous ne donnons pas dans le bling-bling du RHDP et de l’UDPCI. Notre approche est suffisamment réaliste de celles qui sont servies ça et là. Nos électeurs ont besoin de sentir leurs dirigeants. Cela passe par le renforcement des bases, leur animation et leur formation sans toutefois donner dans du populisme. Ont-ils pris de la graine de leurs échecs passés ? J’en doute fort.
Quelle est votre lecture du nouveau gouvernement Achi?
Si tant est vrai que la motivation de la formation du gouvernement resserré, aux dires du président de la République, est la réduction des charges publiques, je pense qu’elle est bien. Sinon à y voir de près, ce gouvernement porte la marque du fameux rattrapage ethnique et de l’exclusion. C’est un gouvernement qui a été fait au détriment des cadres des autres régions. Ce qui nous semble anti-démocratique !
Dans cette nouvelle équipe gouvernementale, l’on constate la mise à l’écart des secrétaires d’État dont Mme Kayo Mahi Clarisse. Cette réalité ne va-t-elle pas plomber le RHDP dans la partie Sud du Tonkpi au profit du FPI ?
Reconnaissons que la nomination d’un cadre porte la marque du développement vu que le cadre nommé devient une courroie de développement.
« La débarque de Mahi Clarisse est une perte pour le Tonkpi »
La débarque de Mahi Clarisse est une perte pour le Tonkpi. Cependant, la réalité politique est tout autre. En politique, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le FPI ne pourra qu’en profiter. Qu’elle soit au gouvernement ou pas, le FPI est toujours prêt à les affronter dans une adversité pacifique et politique.
Depuis Diampleon Troh Denis, le FPI n’a enregistré aucune percée sérieuse aux différentes élections locales. Comment expliquez-vous cela ?
C’est une bonne remarque. Il ne faut néanmoins pas dissocier le FPI de son passé récent. Diampléon Troh Denis a fini son mandat en 2000 à l’avènement du président Gbagbo au pouvoir. Depuis cette date, le Front Populaire Ivoirien n’a pas eu d’élus aux différentes élections locales. La rébellion de 2002 avait pour cible les militants et les cadres du FPI partout dans les zones ex-assiégées jusqu’à la crise de 2011. Il y a eu des morts et beaucoup d’exilés dans nos rangs. Tous les cadres ont vu leurs biens mobiliers et immobiliers détruits et contraints à l’exil. Un étrange type de règne s’est imposé aux cadres du parti. Citons Diety Félix et Colonel Mangly pour le Tonkpi. Comment en pareille situation un parti politique aussi sérieux soit-il puisse s’organiser et prétendre prendre part à des élections locales ou régionales ? Le FPI a été décapité. Des gens ont même pronostiqué sa disparition à l’Ouest. Ces faits ont plombé nos activités.
Avez-vous l’impression que les choses bougent à Danané en terme de développement ?
De mon point de vue, Danané a régressé en terme de développement. Les bilans des structures de développement que sont le Conseil régional du Tonkpi et le conseil municipal sont négatifs. Les cadres à l’UDPCI et au RHDP ont tous manqué d’idées en terme d’innovation. Au lieu de penser développement, chacun d’eux, a préféré se caser et empocher l’argent du contribuable. Pour preuve, lorsqu’on reproche au Conseil régional le manque d’infrastructures sanitaires et routières, on nous brandit quelques écoles construites en 10 ans.
« Gba Gonta est candidat en 2023 au poste du président du Conseil régional du Tonkpi »
A cela, lorsqu’on compare les ouvrages réalisés çà et là avec la manne reçue tenant compte de la parafiscalité qui est par l’exemple l’argent déversée par la SMI (Société de la Mine d’Ity) c’est le jour et la nuit. Dans la ville de Danané, il n’y aucune trace du conseil régional. Les jeunes n’ont pas d’espaces pour se récréer. Je veux parler de centre culturel, de foyer de jeunes et des airs de jeux. De telles structures relèvent de la compétence du conseil régional. On a l’impression que plus on avance avec les conseils, plus Danané perd en splendeur. Même pour ramasser les ordures c’est toute une gymnastique. Pour tracer des petites voies, c’est la galère. Et lorsque des cadres, de leurs propres moyens, décident d’innover pour booster le développement ; ils sont stopper sans leur élan car sabotés. Ils ont déporté leur pensée unique chez nous. Chose regrettable. La régression constatée est désormais mentale et politique.
Les crises liées au foncier sont récurrentes dans le Tonkpi. Doit-on craindre une crise sécuritaire difficile à juguler à l’avenir ? Quelles sont vos solutions ?
La réalité est que la vente des forêts et l’occupation illicite des forêts dites classées par les étrangers et certains frères des autres régions, posent une atmosphère de cohabitation confligène.
Quel Gba Gonta Jean-baptiste en 2023 ? Le candidat ? L’accompagnateur ? Ou l’électeur ?
Gba Gonta est candidat en 2023 au poste du président du Conseil régional du Tonkpi. Les élections locales sont en principe, des élections de développement et non des élections politiques comme veulent nous laisser croire le RHDP et ses dirigeants. Ce n’est pas la philosophie qui a guidé la politique de la décentralisation chère au FPI. Cela dit, sont élus au plan local locales les fils et les filles qui sont soucieux du développement de leurs cités, des personnes qui s’inquiètent des conditions de vie de leurs populations. Des fils et des filles qui vivent le quotidien des parents et sont prompts à apporter des solutions en terme de santé, d’éducation et de bien-être. Pour des élections locales apaisées à Danané, les prétendants doivent s’unir autour d’un idéal de développement. Quel est le fils ou la fille qui est soucieux et qui est capable de relever ce défi pour le bien-être des parents?
Ah bon…
Il ne s’agit pas de stigmatiser une communauté ou de caporaliser une localité en terme d’origine. Tout le monde est utile pour Danané et tout le monde est utile à Danané. Il ne suffit pas d’être originaire de Danané pour abandonner les parents aux mains de la misère et revenir à l’occasion d’une élection faire le messie au détriment des personnes ressources qui sont quotidiennement aux côtés des parents. Il faut bannir la politique d’exclusion locale et concevoir une politique de développement. Localement, on peut être guinéen, malien, burkinabé vivant à Danané et y ayant ses intérêts et servir Danané lorsqu’on a la volonté. Le discours du genre « Je suis de Danané » ou « tel n’est pas natif de Danané » ne doit plus prospérer. L’union doit se faire autour de tous ceux qui ont le souci du développement de Danané. Le problème des candidats DAN vient de la qualité des candidatures. Qui choisit-on ? On n’a pas à verser dans l’exclusion et la xénophobie quand nous passons chaque fois à côté de la plaque aux élections locales. Il faut s’en prendre qu’à soi même.
Une correspondance particulière de SONY WAGONDA