Après avoir été pendant longtemps, sous l’emprise de forces obscurantistes et mafieuses, le foot de Côte d’Ivoire reprend du poil de la bête. L’O.P. A projetée par la FIFA-CAF, a échoué, selon Bamba Alex Souleymane, journaliste et Expert consultant en stratégies. Décryptage !
FIF : Élection aux forceps, entre réalités et fictions (Par Bamba Alex Souleymane)
L’extrême vigilance des artisans et partisans objectifs du foot opium du peuple, a permis de déjouer le traquenard juridico-mafieux que la FIFA et la CAF avaient malicieusement ficelé pour assouvir leurs funestes desseins de dominium sur notre football. Certes, on ne saurait occulter le fait de dissensions, désaccords, querelles de clochers…
De telles réalités, il en existe de par le monde depuis que la Terre est Terre. Le football est un univers aux profondeurs abyssales. Mais existait-il des blocages, des impedimenta aussi insurmontables qui justifiaient que le sort fait à notre foot fut autant détestable ? Comme si le football venait de naître ici, chez nous, sur une nation déjà pourtant deux fois étoilées ?
DES TENSIONS PERCEPTIBLES
Non, nous avons bien fait de nous mobiliser et de dire non au diktat d’institutions qui, en réalité, en savent moins sur notre football qu’ils osent le faire croire. Des institutions qui ont prouvé en certaines circonstances qu’elles n’étaient pas irréprochables sur certains aspects. Les Ivoiriens ont démontré leur maturité au cours de l’Assemblée générale extraordinaire du 5 avril 2022.
Etait-il aussi difficile de procéder à la modification de l’article 47 des statuts révisés ? Une perte de temps que l’on aurait certainement pu éviter si les uns et les autres avaient placé au centre de leur vision, la vision d’ensemble des Ivoiriens qui aiment leur football. Car au fond, il convenait de faire la différence entre l’esprit et la lettre. Qu’est-ce à dire ?
Que les textes ne sont pas éternels et qu’ils peuvent et doivent s’adapter aux temps, aux circonstances, à l’environnement sociologique etc. Que les textes doivent sortir du dogmatisme. Que les textes sont faits par les hommes et pour les hommes et non le contraire.
L’idéal étant dans le cas d’espèce de permettre au plus grand nombre ou à ceux qui remplissent le minimum de conditions requises d’entrer en compétition et de faire ainsi progresser le football. L’esprit des auteurs des statuts et règlements de la FIF était, l’on ne peut en douter, en édictant certains critères, de permettre au meilleur profil de tenir les rênes.
La pierre d’achoppement semble désormais avoir été levée. En effet, tout candidat à l’élection présidentiel de la FIF doit être soutenu avec sa liste du Comité Exécutif par quatre parrainages émanant de membres actifs sans classification. Il en a fallu du temps pour en arriver-là ; depuis la mise sous tutelle de la FIF, le 25 décembre 2020, par la FIFA, et l’installation du Comité de normalisation le 14 janvier 2021.
Une lecture plus circonspecte et sans sensiblerie du déroulement de cette affaire montre bien que, finalement, la FIFA et la CAF sont parvenues à leurs fins, sans pour autant, leur prêter des intentions comme cela a pu transpirer d’humeurs d’observateurs de cette crise. Et le président de la CAF l’a bien souligné et signifié urbi et orbi. Ce que la présidente du CONOR a tenu à relever par ailleurs (comme s’il était besoin de disculper ses mandataires et mettre fin à des suspicions inutiles) et je cite :
« Cette fois-ci la CAF était là, la FIFA était là. Le président de la CAF était là hier toute la journée; il s’est entretenu avec les dirigeants des clubs et il a tenu à dire que c’est un non sens de dire que la CAF a un candidat et que la FIFA a un candidat. Tout ce qu’ils veulent c’est l’ouverture démocratique de la bonne gouvernance et de l’éthique dans tout ce que nous faisons. »
LES RESERVES ET LES CRAINTES DE MME DAO GABALA
Il fallait bien « apaiser » les résidus de tensions résultant de certains faits tels que la suspension, le 8 mars 2022, du processus électoral entamé seulement 72 heures plutôt, le samedi 5 mars 2022. Un processus qui avait pourtant été avalisé à l’issue de l’Assemblée générale extraordinaire des 25 et 26 février 2022. Quitus avait été donné au Comité exécutif sortant.
Le texte révisé des statuts avait été adopté, dont les conditions d’éligibilité du président de la FIF. Un communiqué dument signé, le 1er mars 2022, par la présidente du Comité de normalisation relevait en effet à l’alinéa ‘’d’’, relatif aux conditions d’éligibilité du président de la FIF, qu’il fallait au candidat réunir 8 parrainages catégorisés :
« Être présenté avec sa liste de membres du Comité exécutif par un collectif de huit (8) membres actifs de la FIF, à savoir trois (3) clubs évoluant en Ligue 1, deux (2) clubs évoluant en Ligue 2, deux (2) clubs évoluant en Division 3 et un Groupement d’intérêt du football ». Et pour cause, à l’origine de cette suspension, la FIFA-CAF suspectait des anomalies.
Aussi, a-t-elle de nouveau mis les pieds dans le plat, le 4 mars 2022, via un courrier (cosignés par ses représentants), dans lequel elle proposait (ou plutôt faisait subtilement injonction) au Comité de normalisation de revoir sa copie ; ce malgré la souveraineté des décisions entérinées par l’Assemblée générale :
« Par conséquent, et bien qu’elle ait été approuvée en assemblée générale, nous vous invitons instamment à demander à l’assemblée générale de la FIF de modifier cette disposition, soit en supprimant le parrainage, soit en revenant à un système de quatre parrainages sans catégorisation limitant les risques de blocages des candidatures ».
Tout semble porter à croire que la messe était déjà dite dès cet instant ! Car comment comprendre que des Institutions internationales de cette dimension puissent s’attacher à des « rumeurs », à des suspicions d’anomalies, elles qui disposent de suffisamment de leviers pour faire le distinguo entre le vrai et le faux ? Comment des instances dirigeantes du football mondial et africain ont-elles pu accuser une telle faiblesse et afficher une telle incurie ?
[ Aujourd’hui, le vin est tiré, il faut le boire. Au-delà de l’élection, juguler les problèmes internes qui mineraient les Éléphants]
Pour avoir été un excellent jeune sportif, avoir pratiqué le football à un certain niveau, avoir été membre du Comité exécutif de la FIF, avoir été pendant près de 10 ans Conseiller spécial à la primature chargé du sport, de la culture etc., une telle posture de la FIFA-CAF ne pouvait que me sembler incongrue. D’où les incessantes interpellations adressées à tous et notamment au pouvoir.
Aujourd’hui, le vin est tiré, il faut le boire. Au-delà de l’élection, il faudra très vite penser à juguler les problèmes internes qui mineraient les Éléphants si l’on en croit les réserves et craintes émises par la présidente du Comité de normalisation qui s’est exprimée sur le plateau de la télévision ivoirienne Life Tv en ces termes :
« il faut un coach qui soit ferme. Qu’il ait de la poigne et qu’il puisse parler aux enfants de façon directe (…) Quand nous sommes arrivés, il y avait des divisions au sein de l’équipe. Il y a des joueurs qui se mettaient à table et qui ne se parlaient jamais ». Il y a donc un travail non seulement de cohésion amicale et fraternelle, mais aussi de réveil civique et patriotique à faire auprès des joueurs.
NON A LA TRIBALISATION ET A L’INTRUSION DES PARTIS POLITIQUES
En attendant, la vraie bataille, celle attendue par les Ivoiriens, se situera donc au niveau des programmes. A chaque candidat retenu de parvenir à convaincre le collège électoral en toute transparence démocratie dès l’ouverture de la campagne le 16 avril. Cette mesure permet ainsi d’évacuer les problèmes de personnes et toutes les interprétations tendancieuses visant les uns et les autres.
Mais, il est ici de dénoncer et de condamner avec la plus ferme des énergies la transposition des oppositions ou prises de positions politiques latentes ou déclarées sur le « rectangle vert ». En effet, il est regrettable de constater que le débat politique s’invite de manière insidieuse et arbitraire sur le terrain de jeu. Les partis politiques s’invitent à une fête qui n’est pas la leur et réveillent progressivement et tendancieusement les démons de la haine, du tribalisme rampant.
Il faut, ici et maintenant, mettre le holà à cette dérive ! Le football est et doit rester un facteur d’union de rassemblement. L’élection prévue se tenir le 23 avril 2022 à Yamoussoukro, permettra d’une part de sortir de la situation d’exception dans laquelle nous étions plongés et d’autre part, peut-on souhaiter, de mieux préparer la CAN 2023.
Sur ce plan, la CAF a déjà donné son quitus et la visite de terrain du président de la CAF ainsi que l’inauguration du bureau permanent de la CAF à Abidjan à environ 14 mois de la compétition continentale augure de lendemains qui chantent pour les Éléphants et le football ivoirien.
C’est aussi une bonne nouvelle pour Amichia François et les membres du COCAN 23 dont les activités amorcées avec brio semblaient quelque peu avoir été mises sous l’éteignoir à cause de cette épine dans le pied de la FIF.
Il ne reste plus qu’au onze ivoirien à tout mettre en œuvre pour aller à la conquête de la 3e étoile, qui sans aucun doute nous fera oublier cet épisode peu valorisant de notre football. Allez les Eléphants ! Bamba Alex Souleymane Journaliste professionnel Expert Consultant en Stratégies et en Relations Internationales