La crise en Ukraine du fait de l’opération militaire russe qui s’y déroule, ne laisse aucun pays, aucun continent indifférent. Tous s’y intéressent d’une façon ou d’une autre. L’Afrique n’y échappe pas et les réactions sont nombreuses.
Russie – Ukraine : L’Afrique dans la crise
Aux premières heures de l’opération russe, l’Union Africaine, la Cedeao et d’autres organisations régionales et sous régionales du continent, ont produit des communiqués pour condamner l’opération russe et demander le retrait militaire russe de l’Ukraine. Pris individuellement, les réactions varient d’un pays à l’autre.
Ces réactions variées des pays africains relativement à ce qui se passe en Ukraine, vont se confirmer à l’Onu, quand il s’était agi de prendre une résolution contre l’invasion russe, le 2 mars 2022. L’Afrique n’a pas présenté un front uni. Au décompte des voix après le vote, 28 pays ont voté en faveur de la résolution condamnant la Russie, 17 pays se sont abstenus, un seul pays, l’Erythrée, a voté contre et 8 pays n’ont pas pris part au vote.
Cette position des États africains, montre qu’il y a une divergence quant à la perception de la crise. Si la majorité a soutenu la résolution condamnant la Russie, de nombreux autres ont adopté une position de non-alignement, renvoyant dos à dos la Russie et les pays occidentaux. Longtemps à la remorque des occidentaux, de nombreux pays font aujourd’hui l’objet d’une « cour » de la Russie, qui offre un soutien à leur renforcement militaire et en renseignements.
L’influence diplomatique et économique de cette puissance, s’y est accrue au fil des années. Ceci explique cela. Il est à prendre également en considération, les informations selon lesquelles les ressortissants africains auraient été l’objet de discrimination lors de la traversée de la frontière polonaise pour se mettre à l’abri. Ce sont des faits gravissimes qui comptent.
Pourquoi un tel mépris pour l’Afrique ?
La position de non-alignés adoptée par les 17 pays africains, et le refus des 8 autres de prendre part au vote, ont provoqué l’ire de certains dirigeants occidentaux. Ainsi, l’ambassadeur américain aux Nations Unis ne s’est pas fait prier pour condamner la neutralité affichée par les pays susmentionnés.
Pour lui, il ne saurait y avoir de terrain neutre dans cette crise qui n’est pas une compétition de guerre froide entre la Russie et les pays occidentaux. A sa suite, la présidente de la Commission Européenne, l’allemande Ursula Von der Leyen, a préconisé des mesures de rétorsion à l’encontre des pays africains qui n’ont pas soutenu la résolution de l’Onu.
Il s’agit de l’arrêt des fonds d’aide au développement mis à la disposition de ces pays. Toutes ces menaces et ces déclarations infantilisantes, montrent si besoin en était, le mépris et le peu de considération qu’affichent les occidentaux à l’égard de l’Afrique.
Comment peut-il en être autrement, si les africains ont pris le pli de n’avoir de positions que celles des occidentaux, de conscience que celle de leurs anciens maîtres ? Pourquoi de telles demandes et de telles menaces ne s’expriment pas à l’endroit des pays d’Amérique Latine ou d’Asie ? Cela n’effleura même pas l’esprit des censeurs de ce monde.
Thomas Sankara disait à juste titre : « Une aide qui n’aide pas à se passer de l’aide, n’est pas une aide »
On a en mémoire, que lorsque le président Nicolas Sarkozy voulait se débarrasser du Guide de la Jamahiriya Arabe de Libye, Mouammar Kadhafi, pour des raisons qui lui sont propres, il s’est trouvé des pays africains pour faire leurs, les arguments mensongers du président français, et se sont alignés sur cette position à l’Onu. Découvrir qu’aujourd’hui, des États africains refusent de s’aligner systématiquement, ne peut que susciter, indignation, colère et chantage.
Ce chantage sur l’aide qui revient de façon récurrente, traduit l’incapacité des africains à se prendre en charge et partant de s’assumer. Ils n’en manifestent même pas la volonté ! Incapables qu’ils sont de financer leurs propres organisations régionales et sous régionales, ils ne peuvent que subir à longueur d’années, cette humiliation inacceptable.
Les peuples ne les suivent plus dans cette politique de dépendance et de main tendue Plus de 60 ans d’aide, et être toujours entrain de courir derrière cette aide, devrait être ressenti comme une grande honte. Thomas Sankara disait à juste titre : « Une aide qui n’aide pas à se passer de l’aide, n’est pas une aide », c’est tout dire. Mais s’il y a eu un soir en Afrique, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.