En dépit du plafonnement des prix de 21 produits alimentaires et services en Côte d’Ivoire, l’instabilité voire une hausse des prix de quelques denrées de grande consommation, notamment le pain, n’est pas écartée pour les mois à venir.
Les boulangers menacent d’augmenter le prix de la baguette de pain en Côte d’Ivoire
Confronté à une inflation qui touche toutes les économies du monde, le gouvernement ivoirien a pris des mesures fortes pour protéger le pouvoir d’achat des populations. En plus des mesures immédiates, de nombreuses autres sont prévues pour préserver le pouvoir d’achat des Ivoiriens. Si la dépendance de la Côte d’Ivoire aux économies russes et ukrainiennes est minime, le pays ressent de plus en plus l’impact de la guerre en Ukraine, mettant le président Alassane Ouattara dans une situation délicate, rapporte Africa Intelligence ce mardi.
Selon le média, le président Ouattara est pris à contrepied par la guerre en ce qui concerne les nouvelles mesures prises par le gouvernement de Patrick Achi pour contrer l’inflation et la hausse des prix en vue de protéger le pouvoir d’achat des populations.
Premier secteur impacté : l’essence Côte d’Ivoire
Malgré la hausse des cours du pétrole, antérieure à la crise russo-ukrainienne, écrit le media, Abidjan a pour le moment choisi de ne pas toucher au prix du gazole. En revanche, le chef de l’Etat a été contraint d’augmenter de 20 FCFA (0,03 €) le litre de « super ». Outre les produits pétroliers, la présidence fait également face à une fronde des syndicats de boulangers, qui réclament une hausse du tarif de la baguette. Un scénario que refuse jusqu’à maintenant le gouvernement, qui tente ces derniers jours de trouver des substituts au blé.
Au risque d’aller à l’encontre des convictions libérales d’Alassane Ouattara, l’Etat devrait élargir le panel des produits à prix plafonnés. Ce dernier a déjà été étendu, passant de huit à vingt-et-un. Il inclut désormais l’huile et la viande. L’impact de la guerre en Ukraine devrait aussi se faire sentir sur les prévisions de croissance de l’Etat pour l’exercice 2022 (6 %). Le ministère de l’économie, dirigé par Adama Coulibaly, planche ainsi sur une nouvelle prévision à la baisse. La situation en Europe de l’Est vient s’ajouter aux conséquences de l’épidémie de Covid-19, qui a déjà largement affecté l’économie ivoirienne depuis mars 2020.
55 milliards de FCFA décaissés pour amortir les prix plafonnés de janvier à mars 2022
Le cri des populations était assourdissant face à une inflation qui a mis à mal leur pouvoir d’achat. Le gouvernement, sans renoncer au choix du libéralisme économique fait par la Côte d’Ivoire, a multiplié les interventions pour soulager les ménages. Un montant d’environ 55 milliards de FCFA a été décaissé pour assurer, de janvier à mars 2022, un subventionnement partiel des prix des produits pétroliers tels que le gasoil pour éviter l’impact sur le coût de la vie.
Il a plafonné, pour une période de trois (03) mois, les prix du riz, du sucre, de la tomate concentrée, du lait, des pâtes alimentaires, de l’huile de palme raffinée et de la viande de bœuf. Pour soulager les ménages, le gouvernement a aussi décidé d’élargir la liste des produits de grande consommation et services, dont les prix sont réglementés. Cette liste comprend désormais 21 produits.
En effet, la première liste (décret de 1992) comprenait les tarifs des services publics de l’Eau, de l’Electricité, des Postes et Télécommunications; les prix du gaz butane ; des produits agricoles de base (coton-graine, caoutchouc) ; des produits et spécialités pharmaceutiques et des livres scolaires primaires d’édition locale. A cette liste s’ajoutent, entre autres, la farine boulangère, le pain baguette, la viande de bœuf, de mouton et de porc, l’huile de table raffinée, le riz local, les matériaux de construction.
Dans le même temps, le gouvernement qui dénonce des spéculations, multiplie les rencontres avec les acteurs du commerce et renforce les contrôles sur le terrain dans le cadre de la surveillance du marché. Il s’agira pour les agents du ministère en charge du Commerce de lutter contre les pratiques anti-concurrentielles, la surenchère et les cartels.
Au Conseil national de Lutte contre la Vie chère (CNLVC), on rappelle que la législation prévoit trois types de sanctions, à savoir pécuniaires (avec des amendes allant de 50 000 à 100 millions de FCFA), administratives et judiciaires pour les commerçants qui rusent pour siphonner le pouvoir d’achat des consommateurs.
En plus des mesures urgentes, l’ambition du gouvernement est de trouver des solutions durables pour sortir des inflations cycliques par la mise en œuvre d’une politique agropastorale ambitieuse, afin de garantir l’autosuffisance en cultures vivrières, ainsi que l’élevage de bovins et d’ovins.
Mais nombreux sont encore les observateurs et analystes économiques qui doutent de la résilience du pays et de ce plafonnement des prix à long terme face aux crises qui secouent la planète: guerre, pandémie de la covid-19, la flambée des prix des produits de grande consommation.