Le problème du logement des étudiants des universités publiques de Côte d’Ivoire est sérieux. Les jeunes gens dorment à même le sol dans les amphis.
Logement des étudiants des universités publiques : la croix et la bannière…
Se loger à Abidjan est un véritable casse-tête chinois. Ça l’est plus encore pour des étudiants désargentés, venus des lycées et collèges de l’intérieur du pays, sans tuteurs à Abidjan et n’ayant pas obtenu de chambres dans les cités universitaires.
Comment font-ils pour surmonter cette difficulté majeure ? L’expérience que j’ai vécue en une journée m’a édifié à cet effet.
Un ami, Maître de Conférences à l’Université NANGUI ABROGOUA d’Abidjan que je devais rencontrer pour la gestion d’un dossier, m’a demandé de le retrouver dans ladite université, parce qu’il avait un dernier cours à achever. Ce que je fis.
Il me fit entrer dans l’amphithéâtre où se déroulait son cours. Je pris place au fond de l’amphi et me concentrai autant que faire se peut pour suivre le cours comme les étudiants présents.
Je dois avouer à mon corps défendant que je n’ai rien « pigé ». L’Université NANGUI ABROGOUA est une université de sciences, et moi depuis la classe de 6ème, j’ai signé un pacte de non-agression et de coexistence pacifique avec les sciences ; ceci explique cela.
Ne comprenant rien au cours, je promenais mon regard sur l’architecture et la tenue de l’amphi : bon éclairage, climatisation au point. Mais mon regard fut accroché par de nombreuses serviettes de toilette séchées çà et là ; des trousses de toilette également, et même des « séri daga », les bouilloires de prière.
Alors à voix basse, je demandai à ma voisine si ces serviettes et autres trousses de toilette étaient le matériel utilisé pour l’entretien de l’amphi. À ma grande surprise, elle m’a appris que ces serviettes appartenaient à des étudiants qui vivent dans l’amphi, qui dorment là, prennent leur douche là, certains même dorment à la belle étoile.
Sans logement, des étudiants ivoiriens dorment dans les salles de cours
Abasourdi par la réponse de la jeune fille, des questions me bousculèrent l’esprit :
– comment cela peut être possible dans un pays en plein boom économique avec un taux de croissance de deux chiffres et qui est en train d’étonner le monde entier ?
– Que sont devenues les cités universitaires pour que pareille chose puisse arriver à des étudiants d’un pays pré-émergeant ?
– L’émergence doit-elle être réduite à la seule construction de ponts et de routes bitumés ?
Il fallait me rendre à l’évidence que le spectacle qui m’a été offert est le quotidien de nombreux étudiants des universités publiques.
Dans ces conditions, comment peuvent-ils donner le meilleur d’eux-mêmes, avoir de bons résultats et assurer la relève demain ?
Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.
Logement des étudiants inexistants, les jeunes apprenants habitent dans les classes de cours.