Le milliardaire russe Roman Abramovitch, propriétaire du club londonien Chelsea depuis 2003, confirme que Chelsea est à vendre, a informé dimanche le média France 24.
A coup de milliards d’euros, Roman Abramovitch fait remporter à Chelsea 21 trophées
La « situation actuelle », à savoir l’invasion russe de l’Ukraine et les sanctions prises à l’égard de Moscou, pousse l’homme d’affaires russe à prendre cette décision de « vendre le club » avec lequel il a tout gagné en 19 ans.
Abramovich a acheté Chelsea en 2003 pour 140 millions de livres sterling. Aujourd’hui, ce club vaut 3 milliards de livres sterling. (Cela exclut peut-être 1,514 milliard de livres sterling de prêts que Chelsea a contractés auprès de Fordstam Limited; ce qui, selon Abramovich, n’a pas besoin d’être remboursé. Si vous incluez cela, cela signifie simplement que le club vaut 4,5 milliards de livres sterling.
Abramovitch lance le rachat des clubs par des milliardaires et des fonds souverains
Roman Abramovitch tombe amoureux du Ballon rond au début des années 2000. Un amour tardif qui doit beaucoup à l’agent israëlien Pinhas « Pini » Zavahi, connu en France pour avoir négocié le transfert de Neymar au PSG, qui le convie à Old Trafford en quarts de finale de retour de la Ligue des champions : un match endiablé entre Manchester United et le Real Madrid.
Manchester United n’est cependant pas à vendre, donc le Russe se rabat sur Londres et le club de Chelsea. Roman Abramovitch sort le chéquier et dépense sans compter. Dès le mercato 2003, quatre des dix joueurs les plus chers de l’été signent chez les Blues (Crespo, Duff, Veron, Makélélé).
Année après année, les coûteuses arrivées de Didier Drogba en 2004 (38,5 millions d’euros), Michael Essien en 2005 (38 millions d’euros) ou encore de l’Ukrainien Andreï Shevchenko en 2006 (44 millions d’euros) battront des records.
Sans le savoir, Roman Abramovitch va lancer un mouvement : celui des rachats de clubs par des milliardaires et des fonds souverains. En Premier League, Manchester City est racheté par le fonds d’investissement d’Abu Dhabi. D’autres suivront dans le football européen du Qatar à Red Bull en passant par Châteauroux racheté par un prince saoudien. Dernier exemple en date avec le rachat de Newcastle par un fonds saoudien.
Le football anglais n’est pas fan de ce nouveau riche. Le club londonien devient le plus détesté de la Premier league. « Chelsea FC, you’ve got no history », lui chantent notamment les supporters de Liverpool. L’arrivée de José Mourinho, entraîneur à la personnalité plus que clivante, n’arrange pas les relations publiques des « Blues ».
Pourtant, le club se construit un épais palmarès grâce aux milliards de son oligarque. Sous le règne de Roman Abramovitch, Chelsea a remporté 21 trophées.
Le palmarès de Chelsea avec Abramovitch
5 Championnats
5 FA Cup
3 Coupes de la Ligue
2 Community Shield
1 Coupe du monde des clubs
2 Ligues des champions
2 Ligues Europa
1 Supercoupe d’Europe.
Cependant, à la maison, les Russes crient à la trahison. Pourquoi ces millions devraient financer le football anglais et non celui de la mère patrie ? Pour se faire pardonner, Abramovitch sponsorise aussi le CSKA Moscou, renfloue l’équipe nationale en payant sur ses fonds le sélectionneur, finance la construction de terrains de mini-football pour les enfants.
Il joue aussi un rôle dans l’organisation des JO de Sotchi et dans celle du Mondial-2018. En parallèle, il est également gouverneur de la Tchoukotka, la région à l’extrémité nord-est du pays. Grâce à ses investissements et ses dons, l’économie de la province décolle.
Le budget est multiplié, le salaire moyen augmente et les conditions de vie s’améliorent. Mais Abramovitch goûte peu la politique, il propose sa démission plusieurs fois, mais reste en poste tant que Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ne l’autorisent pas. On lui redonne sa liberté en 2008.
Abramovitch n’a pu retourner à Stamford Bridge, le stade de Chelsea, qu’une seule fois
Il continue d’investir, dans les arts à Saint-Petersbourg et à Moscou, dans son club de Chelsea qui remporte sa première Ligue des Champions en 2012, mais aussi dans de multiples start-ups. Il se cherche aussi un nouveau point de chute. La Suisse refuse mais Israël lui offre un passeport en 2018.
L’annexion par la Russie de la Crimée en 2014 crée un premier froid. L’assassinat de Sergueï Skripal, ancien agent russe devenu agent britannique, en Angleterre en 2018, achève le divorce. Les oligarques russes, surtout très proches de Poutine comme Abramovitch, deviennent peu à peu personæ non gratæ au Royaume-Uni.
Entre 2018 et février 2022, Abramovitch n’a pu retourner à Stamford Bridge, le stade de Chelsea, qu’une seule fois : c’était en novembre 2021 pour le match nul entre Chelsea et Manchester United.
Après l’invasion russe en Ukraine, il a été sollicité par les Ukrainiens pour jouer un rôle dans les pourparlers de paix ayant lieu à la frontière biélorusse. Un rôle qui lui a été proposé en raison de sa proximité avec Vladimir Poutine, mais aussi des communautés juives, dont celle d’Ukraine de laquelle la famille maternelle d’Abramovitch est issue. La famille de ses grand-parents figurent même parmi les victimes du massacre de Babi Yar.