Franck Kessié et Maxwel Cornet ont tous les deux arboré des tee-shirts aux couleurs de l’Ukraine, conçus par leurs clubs respectifs pour dénoncer le conflit qui sévit dans le pays. Une forme de soutien critiquée par plusieurs observateurs ivoiriens qui reprochent aux deux footballeurs, de se mêler d’une cause qui n’est pas la leur, alors que plusieurs autres pays africains sont en guerre, notamment le Mali.
« Franck Kessié et Maxwel Cornet auraient pu s’afficher en tee-shirts aux couleurs du Mali, de la Somalie ou du Soudan »
L’Ukraine est envahie par la Russie, depuis le jeudi 24 février. Le président Vladimir Poutine souhaite contrôler ce pays et ainsi étendre son autorité. Depuis, les Russes sont persona non grata, et le monde du sport s’est mêlé à la cause. Plusieurs sponsors russes ont été bannis des compétitions européennes de football alors que l’équipe nationale de la Russie est interdite de participer à la prochaine Coupe du monde prévue du 21 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar. Le président de Chelsea, Roman Abramovitch, a, lui, été forcé de vendre son club.
Ces derniers jours, les footballeurs Franck Kessié et Maxwel Cornet ont joint leurs voix à la lutte. Les deux cadres de la sélection ivoirienne ont arboré tous les deux, des tee-shirts confectionnés aux couleurs de l’Ukraine (le jaune et le bleu) pour dénoncer le conflit qui règne dans le pays. Des équipements conçus par le Milan AC (Italie) et Burnley (Angleterre), leurs clubs respectifs. Ce soutien, plusieurs observateurs et internautes ivoiriens ont du mal à l’accepter. D’aucuns reprochent en effet aux deux footballeurs, de n’avoir jamais adressé de messages de soutien à l’endroit du Mali, du Soudan ou de l’Afghanistan.
« Ils auraient pu s’afficher en tee-shirts aux couleurs du Mali, de la Somalie ou du Soudan. Personne ne se soucie des victimes de guerre en Afrique mais tout le monde se hâte à soutenir les Européens, alors que c’est le même sang qui coule dans nos veines », fulmine David, un internaute. « J’espère qu’après cela, vous porterez le drapeau des autres pays bombardés par les occidentaux », prévient Cyril. « Une telle initiative à l’endroit des pays africains en guerre serait souhaitable de votre part. Nous voulons un monde juste », déplore pour sa part Brahima, quand Edouard estime que les deux joueurs ivoiriens ont dû être forcés de se plier aux exigences de leurs dirigeants.
« Des milliers de personnes meurent chaque jour au Moyen-Orient »
« Les Européens n’ont pas la même compassion envers les Africains. Ils nous obligent à prendre partie quand il s ‘agit d’eux, alors qu’ils n’en font pas autant quand il s’agit de l’Afrique et c’est déplorable », a-t-il murmuré. Un footballeur turc a refusé tout soutien à l’Ukraine. Comme de nombreux citoyens ivoiriens, le footballeur turc Aykut Demir, n’entend pas lutter pour cette cause. Le capitaine d’Erzurumspor, un club de son pays, a refusé lors d’un match, de se présenter sur le terrain avec un tee-shirt où il était inscrit : « Non à la guerre » (Stop to War). Il s’est expliqué devant la presse turque en ces termes :
« Des milliers de personnes meurent chaque jour au Moyen-Orient. Je me sens aussi triste. Je partage la douleur de beaucoup d’innocents. Mais ceux qui ignorent la persécution des personnes au Moyen-Orient prennent maintenant ces mesures en ce qui concerne l’Europe. Donc je n’avais pas envie de porter ce T-shirt parce que ce n’est pas fait pour les autres pays », s’est-il justifié. Notons qu’une semaine après l’invasion de la Russie en Ukraine, le bilan s’élève, selon l’ONU, à 2000 morts, 1684 blessés et 1 million de civils déplacés. Vladimir Poutine a listé ses exigences pour ordonner à son armée de cesser les combats. Il réclame la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée, l’aboutissement de la démilitarisation et de la dénazification de l’Etat ukrainien et la garantie de son statut neutre.
Alex Kouadio