Piégée entre son allié russe et son partenaire ukrainien, la Chine se dit « profondément attristée » par « l’aggravation » du conflit et se tient prête à accompagner “tous les efforts » permettant d’aboutir à une solution.
L’Ukraine appelle la Chine à devenir un médiateur de paix dans le conflit
A l’instar de la ville de Kherson, plusieurs grandes villes ukrainienne sont tombées aux mains des forces militaires russes. Mercredi, la communauté internationale a exigé un retrait de la Russie en Ukraine par un vote massif à l’ONU. Une semaine après l’offensive militaire russe en Ukraine, la République populaire de Chine doit naviguer entre son allié Vladimir Poutine qu’elle se refuse à condamner et l’Ukraine qui a fait appel à elle pour devenir un médiateur de paix dans le conflit.
Pékin semble avoir été pris au dépourvu par le déclenchement de la guerre. Si la Chine condamne « l’extension de blocs militaires », allusion à l’OTAN, elle est restée muette depuis le début du conflit. Alors que plusieurs dirigeants occidentaux ont cherché à le joindre, le numéro un chinois n’a pas daigné répondre, faisant passer le message qu’il était occupé à préparer la session annuelle du Parlement chinois, qui démarre le 4 mars. Le président chinois n’a parlé qu’à un seul dirigeant : Vladimir Poutine. Et seulement le vendredi après-midi.
« Les autorités chinoises sont dans l’embarras, estime Ali Wyne, du cabinet d’analyse des risques Eurasia Group, basé à Washington, interrogé par l’Agence France-Presse. Plus le conflit s’installera dans la durée et sera sanglant, plus il sera difficile pour la Chine de trouver l’équilibre entre son soutien aux exigences russes » et « sa volonté d’éviter de s’attirer encore plus l’opprobre transatlantique. » La Chine est devenue, devant la Russie, le premier partenaire commercial de l’Ukraine, notamment dans le domaine agricole.
Cherchant à sécuriser son approvisionnement alimentaire de plus en plus important, la Chine, qui a peu de terres arables, compte sur le « grenier de l’Europe » pour son maïs, le soja pour les animaux, l’orge et le blé. Les exportations de blé pourraient d’ailleurs doubler, voire tripler dans les prochaines années. Ce qui va faire augmenter les prix de ces céréales à moyen terme. Ces liens économiques privilégiés expliquent la proximité diplomatique entre l’Ukraine et la Chine, qui jusqu’ici ne déplaisait pas à Moscou.