Personnalité politique du département de Danané, ancien Adjoint au maire et maire résident, Coordinateur et membre du bureau politique de l’UDPCI, Lucien BAH est fils du canton Ouinleu (commune de Danané).
Lucien BAH (UDPCI): « J’avais toujours voulu que le président MABRI sorte du RHDP »
Récemment, votre parti, l’Udpci, a tenu une cérémonie de remerciement au peuple de Danané. Quelles en étaient les vraies motivations ?
Aucune autre motivation si ce n’était que de dire merci aux populations qui ont permis que l’Udpci ait 2 députés à Danané.
Pourquoi avoir attendu 11 mois pour le faire ?
Le temps appartient à Dieu. Il a voulu qu’on le fasse maintenant. En même temps, nous souhaitons rehausser l’image de l’UDPCI pour plus le rapprocher de sa base. À quelques longueurs des prochaines élections locales, nous avons notre challenge à relever : celui de faire gagner le parti.
Êtes-vous en phase avec le discours tenu par le président de l’Udpci le 19 Février dernier ?
Tout à fait ! Je suis très en phase avec ce discours-là. Qui peut raisonnablement confier la chefferie de son village à un étranger quel que soit son amour pour ce dernier ? Un tel discours n’a donc rien d’une xénophobie. Le président MABRI n’a fait qu’emprunter le même chemin de toute la classe politique ivoirienne. Au nord comme au Sud Attié, aucune ethnie autre que le Sénoufo ou l’Attié ne peut prétendre être même président des jeunes. La mairie, c’est une chefferie moderne. A ce titre, on ne peut la confier à un étranger. Il faut que chacun comprenne et arrête de divaguer. Dites-nous quel est ce Yacouba, Guéré, Dida et Ebrié qui a une fois été Maire à Touba ? A Korhogo ? A Ferké ? Je dis qu’il est temps que chacun retourne être candidat chez lui. Va chez toi ! n’a jamais été une injure.
Pour vos adversaires, imposer des fils DAN à des postes électifs partout dans le Tonkpi, tel que voulu par votre mentor est anti-démocratique. Quelle est votre lecture d’une telle accusation ?
Les gens font une mauvaise interprétation du discours du président MABRI. Nulle part le président ne désire imposer quelqu’un. Il dit que la chefferie ne se brade pas. Il ne dit pas qu’il faut forcément un Yacouba de son parti. Il dit DAN. Que le candidat Dan soit RHDP, PPA-CI, PDCI ou UDPCI, peu lui importe. Voir un fils DAN à la mairie ou au conseil régional est son vœu le plus cher. Et pour nous, c’est non négociable. Les gens le font partout au nord. Pourquoi nous blâmer quand nous voulons la même chose chez nous ?
En même temps, quelqu’un dira que Lucien Bah a, par le passé, soutenu la candidature de Cissé Mamadou. N’êtes-vous pas en train de vous fourvoyer ?
Non pas du tout ! J’assume entièrement. Je m’en repens aujourd’hui. Je regrette avoir soutenu un non DAN. Le contexte d’antan avait contribué fortement à ce mauvais choix. Les mésententes et la calomnie entre frères avaient fini par instaurer un désordre sur le terrain. De plus, au niveau du parti Udpci, la désignation des candidats a toujours été à l’origine de ce qu’on peut qualifier d’indiscipline des militants …
Comment ?
Conformément aux textes régissant l’Udpci, le choix des candidats se fait à travers des primaires. A défaut des primaires, il faut du consensus. Il n’y en a jamais eu. Ce qui a toujours manqué d’ailleurs. On a très souvent imposé un candidat à la base, minimisant les conséquences dans l’électorat DAN et les frustrations suscitées en des gens déjà engagés dans la course. Je me réjouis que pour les prochaines élections municipales les parents eux-mêmes aient demandé au président Mabri de leur permettre de choisir le fils DAN, unique candidat. Quand le choix part ainsi de la base, il n’est pas contesté. En réponse, le président s’est dit recevable à cela.
Sur quelle base les parents feront le choix du candidat consensuel ?
Ils connaissent chacun de leurs enfants pour savoir qui mérite d’être choisi.
Allez-vous vous conformer à leur choix s’il n’est pas porté sur votre personne ?
Je m’engage à m’aligner si jamais le choix des parents n’est pas porté sur moi. Pour gagner, nous avons obligation d’aller à l’unité et de parler d’une seule voix. Et c’est ça l’essentiel pour moi.
Depuis près d’une décennie, les fils DAN sont régulièrement battus aux différentes élections locales. Quelles en sont les raisons ?
Le manque d’entente et les candidatures pléthoriques des Yacouba. L’électorat Malinké est fixe avec un seul candidat là où le nôtre est dispersé. En 2013, il y avait 3 candidats DAN contre un seul allogène. Idem pour 2018 avec les listes de Diety, Yann Zingbé et Flan Evariste contre Ouattara. Les voix étant dispersées, comment gagner devant l’étranger qui débarque ? La multitude de candidatures DAN nous tue. C’est un mal que nous nous attelons à soigner.
Que faites-vous pour palier le faible taux de participation aux différents scrutins ?
Les parents eux-mêmes ont un problème : ils n’accordent aucun intérêt à l’établissement des pièces d’identité. Quand bien même les audiences foraines sont gratuites, on ne les voit pas. De plus, nombreux sont ceux qui ignorent qu’une seule voix est déterminante dans une victoire.
Quel BAH Lucien aux prochaines élections de 2023 ? L’électeur ? L’accompagnateur ? Ou le Candidat ?
Bah Lucien le candidat à la candidature. Je le suis car ayant acquis un certain nombre d’expériences dans la gestion de la collectivité. Pour avoir été 1er adjoint au maire et maire résident puis président du directoire du RHDP à Danané, je suis qualifié à servir valablement mes parents. Parlant du RHDP justement. Regrettez-vous votre sortie du parti au pouvoir ? Aucunement pas. Personnellement, j’avais toujours voulu que le président MABRI sorte de ce machin. Pour un parti légalement constitué et digne comme l’Udpci, il fallait réclamer notre autonomie. C’est cet acte de bravoure qu’a fait notre Leader.
Comment voulez-vous gouverner la Côte d’Ivoire sans une bonne représentativité nationale ?
Le président MABRI travaille à cela. A Divo et à Attécoubé, l’Udpci y a des députés. Dans le Moronou et le Djuablin, il y a des entrées. Il reste centriste avec un discours réconciliateur. N’oubliez pas que le « bon ton » a toujours été notre credo. Le Centre et le nord ne lui sont pas fermés. L’installation des bases dans le reste du pays, est sa priorité.
Parlons maintenant des futures présidentielles de 2025. Votre mentor croit en ses chances de gagner. L’Udpci a-t-elle suffisamment d’atouts pour relever un tel défi ?
MABRI Toikeusse est la quatrième personnalité politique de ce pays. Ne l’oublions pas. Bientôt Ouattara, Bédié et Gbagbo seront frappés par la limite d’âge. Toute chose à l’avantage de notre Leader. Sans oublier sa connaissance profonde des choses de l’État. MABRI Toikeusse a servi à des hautes fonctions en Côte d’Ivoire. Soyons moins aveugles ! Notre Leader a le charisme d’homme d’État et l’art de ramener la paix car il est lui-même un homme de paix.
Un mot à l’endroit du président MABRI TOIKEUSSE et de vos militants à l’orée de 2023…
Je voudrais saluer ce grand homme, le président MABRI qui nous honore bien. Localement, nous lui demandons de laisser la base se choisir un candidat consensuel. Aux militants, nous prions qu’ils se conforment aux recommandations de leur président. Et faire comprendre qu’il n’y a pas plus grande vertue autre que la dignité chez tout être humain. C’est pourquoi je les exhorte à défendre la dignité du peuple DAN.
Entretien réalisé par SONY WAGONDA