Jusqu’au 10 avril, il est encore possible d’admirer les sculptures du sud-ouest du Congo, un pan méconnu de la culture de l’Afrique centrale, au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac à Paris.
Les sculptures du sud-ouest du Congo à l’honneur au Quai Branly
Au travers de 163 œuvres, dont la majorité est montrée pour la première fois au public, l’exposition « La Part de l’ombre » révèle la production artistique d’une région encore peu connue : le sud-ouest du Congo (actuellement République Démocratique du Congo).
C’est Julien Volper, conservateur au Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren (Belgique) qui est à l’origine de l’exposition intitulée « La part de l’ombre. Sculpture du sud-ouest du Congo ».
Une diversité culturelle sur deux millions de kilomètres carrés
« Le Congo est un pays de plus de deux millions de kilomètres carrés avec une diversité de cultures importantes», indique le commissaire pour justifier d’un tel focus sur cette zone culturelle et géographique. Une diversité que l’on retrouve tout particulièrement dans le domaine des arts plastiques.
Kwongo, Kwilu, Mai-Ndombe et Kinshasa, les provinces abordées dans l’exposition – regroupent une population de plus de 28 millions d’habitants sur une superficie totale qui dépasse celle d’un pays européen comme l’Italie.
Statues, masques et autres objets usuels de la région témoignent des rites, traditions et « caractéristiques stylistiques, iconographiques et typologiques » des différents peuples qui cohabitent sur le territoire :
Yaka, Pende, Suku, Tshokwe, Yanzi, Sakata ou encore Buma.
Découvrir la « culture matérielle » et les événements historiques du Congo
L’exposition débute par la présentation des masques les plus emblématiques de la région dont on découvre la fonction dans le cadre de rites d’initiation masculine, avant de découvrir la statuaire « tout aussi considérable, aussi bien par sa fonction que par la nature de ses matériaux», souligne Julien Volper.
Plusieurs objets dans la scénographie témoignages des événements historiques survenus au Congo.
Sont présentés également des objets sculptés parmi les plus remarquables de la région – hors masque et statuaire -, tels que des appuis-nuque, des peignes, des bijoux, tambours, chasse-mouche ou encore des cannes, « ambassadeurs artistiques privilégiés » de ces cultes animistes prospères avant la période coloniale et qui, depuis, ont disparu ou du moins ont été largement uniformisées.
« J’ai voulu que le visiteur ait une idée de la culture matérielle du sud-ouest du Congo», décrypte Julien Volper, conservateur au Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren (Belgique).
Quelques pièces phares des sculptures du sud-ouest du Congo
Masque pwo, Tshokwe
Le masque pwo incarne et honore un ancêtre féminin. Il est fréquent qu’une femme de la communauté admirée pour sa beauté inspire le sculpteur. Ce masque est porté par un homme au corps recouvert d’un costume féminin et dont l’identité doit rester secrète.
Ce masque était utilisé lors du mukanda, un rite d’initiation masculine marquant le passage à l’âge adulte des jeunes garçons.
Statuettes pindi, Mbala
Ces deux statuettes sont de la main du même sculpteur. Séparées après leur collecte et réunies plus tard dans les collections du Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, elles formaient probablement une paire, une figure masculine et une féminine. Ces duos de statuettes, appelés pindi, étaient des objets de pouvoir utilisés lors de l’intronisation des chefs mbala.
Ils étaient conservés, avec d’autres attributs du pouvoir, dans le trésor du chef. Ce dernier était le seul à pouvoir les toucher sans subir les conséquences de leur pouvoir.
Statue emumu représentant un lion, Iyembe
Dépourvue de tout pouvoir magique, cette statue de lion était utilisée comme accessoire chorégraphique pour jouer des scènes du Bobongo, une performance associant danse, théâtre, musique et chants, se terminant par des danses acrobatiques réalisées au sommet de structures en bois pouvant mesurer jusqu’à dix mètres de hauteur…
Pendentif gikhoko, Pende centraux
Ce pendentif est la reproduction en miniature d’un masque servant d’intermédiaire avec les ancêtres.
Il est fait d’ivoire d’éléphant, un matériau utilisé pour transmettre l’objet en héritage. Appelé gikhoko (plur. ikhoko), ce type de pendentif était remis à certains circoncis à la fin de l’initiation du mukanda.