Laurent Gbagbo, ancien président de Côte d’Ivoire, victime d’une rébellion armée déclenchée en septembre 2002 sous son règne, est de retour au pays, après une dizaine d’années passées à La Haye où il était aux prises avec la justice internationale pour des accusations de crimes de guerre, crimes contre l’humanité.
Gbagbo à Soro Guillaume: « J’ai fait quoi ? Qu’est-ce que j’ai posé comme acte discriminant pour que vous m’attaquiez (en 2002)? »
20 ans après la rébellion armée de septembre 2002 qui avait occasionné la partition de la Côte d’Ivoire en deux, Laurent Gbagbo, alors président de la République, continue de s’interroger sur les réelles motivations des auteurs de cette action subversive revendiquée par un certain Soro Guillaume, ancien leader de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Lors d’une rencontre, début février 2022 dans son village de Mama, avec des jeunes et femmes venus lui apporter leur soutien, l’ancien chef de l’Etat a exigé de savoir les raisons de la rébellion de 2002.
« Je le dis pour les jeunes. Parce que demain, c’est vous qui aurez à gérer ce pays (la Côte d’Ivoire) si vous ne voulez pas des guerres à répétition dans votre pays. La guerre peut venir vous trouver sans que vous n’ayez rien à faire. Moi, j’attends toujours que les rebelles de Côte d’Ivoire nous expliquent pourquoi ils ont pris les armes en 2002 », a déclaré Laurent Gbagbo.
Puis de renchérir: « J’ai été élu en octobre 2000, j’ai prêté serment, j’ai fait le 1er Conseil des ministres. Mais en janvier 2001, deux mois 15 jours après que je sois devenu Président, la rébellion attaquait le pays. J’ai fait quoi ? Qu’est-ce que j’ai posé comme acte discriminant pour que les gens m’attaquent ? Ces gens là étaient prêts depuis longtemps avec des arrières pays qui les équipaient en armes. Mais la raison, ils n’ont jamais donnée. Moi, j’attends qu’un jour, dans un climat de sécurité, sans qu’on ne les menace, ils nous expliquent pourquoi ils ont pris les armes contre la Côte d’Ivoire. On a quand même le droit de demander ça. On a quand même ce droit là. Au moins ! Vous prenez les armes contre nous, mais pourquoi ? », a-t-il questionné avec insistance.
Quand Soro demandait pardon à Gbagbo
Arrêté en avril 2011 puis transféré à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye en Hollande, pour répondre des accusations de crimes de guerre, crimes contre l’humanité (environ 3000 morts) prétendument commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, Laurent Gbagbo a été acquitté et est rentré en Côte d’Ivoire depuis juin 2021. Il a ainsi entamé une série de rencontres avec différentes couches sociales et prévoit de se rendre à l’ouest de la Côte d’Ivoire, les jours à venir, afin d’apporter sa compassion à cette partie du pays qui a beaucoup souffert des affres des crises successives. «Il faut continuer de réfléchir. Il faut réfléchir ! Demander à ceux qui posent les actes pourquoi ils les posent. Des actes gravissimes ! Et puis on les regarde. Les rebelles, ce sont les enfants. Où ont-ils eu les moyens pour avoir des armes et nous attaquer ? Où ont-ils eu ça ! Vous comprenez mes inquiétudes », a expliqué Laurent Gbagbo.
En juillet 2017, alors président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro a demandé « pardon aux Ivoiriens » et à l’ex-président Laurent Gbagbo. « Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a plus que besoin de pardon et de réconciliation. Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j’ai pu faire (…) à ce peuple qui a tant souffert (…) Même Gbagbo mérite que j’aille lui demander pardon. Je demanderai pardon à tout le monde (…) Parce que, depuis 2002, jusqu’à ce jour, j’ai été un acteur important. Ce dont la Côte d’Ivoire a besoin, c’est de beaucoup plus de tolérance, de pardon, de réconciliation et de paix», dixit Guillaume Soro.