Pour Pr Ouraga Obou, président du comité de rédaction de la constitution de 2016, le président Alassane Ouattara était bel et bien éligible à la présidentielle d’octobre 2020.
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Le président Alassane Ouattara était-il éligible à l’élection présidentielle d’octobre 2020 ? La question a, en son temps, fait l’objet d’une vive polémique au sein de la classe politique ivoirienne. Interpellé par plusieurs acteurs politiques, parmi lesquels, le secrétaire exécutif en chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), le Pr Ouraga Obou, président du comité des experts en charge de la rédaction de la constitution ivoirienne de novembre 2016, avait préféré garder le silence sur cette question à l’époque très sensible.
Un an après la présidentielle contestée de 2020, l’éminent juriste est sorti de son mutisme, lundi dernier, lors d’une conférence publique animée à l’ Université de Bouaké. L’ex-président du comité des experts rejette les affirmations selon lesquelles le leader du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), n’était pas éligible à cette élection présidentielle. « J’ai dit que le président de la République ne sera pas candidat. Oui, je l’ai dit, mais je n’ai jamais dit qu’il ne sera pas candidat parce qu’il n’est pas éligible », a-t-il indiqué, faisant bien la nuance entre ne pas vouloir être candidat et ne pas pouvoir être candidat.
Justifiant son silence, Pr Ouraga Obou explique que le débat sur la question de l’éligibilité du candidat Alassane Ouattara, soulevée par l’opposition, n’avait en réalité rien de juridique, mais était plutôt « politique et volontairement pourri ». « En tant que citoyen, je pouvais prendre la parole, mais le débat qui a eu lieu n’était plus un débat juridique, mais plutôt un débat politique qui était volontairement pourri. Alors j’ai décidé de ne plus prendre la parole », a-t-il fait savoir, précisant que le seul organe habilité à parler dans ce débat, était le conseil constitutionnel et il l’a fait.
Pour rappel, les débats autour de l’éligibilité du président Alassane Ouattara ont débouché sur de violents affrontements entre partisans de l’opposition et ceux du parti au pouvoir. Dénonçant un troisième mandat jugé anti-constitutionnel du président Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, alors soutenu par ses pairs de l’opposition, notamment Pascal Affi N’guessan et Guillaume Soro, avait lancé un mot d’ordre de désobéissance civile pour, dit-il, faire barrage à cette « forfaiture ». Au moins 85 personnes ont perdu la vie et près de 500 autres ont été blessées à la suite de ces tragiques évènements.