Une guerre Danemark-Mali ? Les Danois refusent de retirer leurs soldats du territoire malien comme l’exigent les autorités de la transition.
Danemark-Mali : les danois refusent de retirer leurs soldats du territoire malien
Membre de la Force Takuba en opération au Mali, l’armée danoise a été invitée par le gouvernement de la transition malienne à retirer ses soldats du territoire du Mali « immédiatement ». Le gouvernement danois refuse d’obtempérer à cause de l’appui de la France. Paris a maille à partir avec le Président Assimi Goïta, proche de la Russie au contraire de ses prédécesseurs. Un affrontement militaire Danemark-Mali pourrait se produire sur le terrain en l’absence d’un accord entre les deux parties.
Le Danemark a déployé sur le territoire du Mali des soldats devant intégrer la force Takuba. Problème, les nouvelles autorités de la transition malienne n’ont pas été consultées avant le déploiement de cette force. Le Président Assimi Goïta, en belligérance avec la France, a demandé à son ministre des Affaires étrangères d’exiger le départ immédiat de cette force danoise du territoire malien.
Surréaliste refus des militaires danois de plier bagage
Les autorités danoises opposent une fin de non-recevoir à la demande de Bamako. Jeppe Kofod, ministre des Affaires étrangères du Danemark, a affirmé que l’armée de son pays était présente au Mali sur invitation du gouvernement. « Nous sommes présents via une invitation claire du gouvernement de transition malien (…) avec nos alliés européens, la France en pointe ». L’administration Assimi Goïta n’a jamais invité de forces étrangères au sol au Mali.
Avant cette réponse ubuesque des autorités danoises, la France a engagé une « concertation approfondie » avec l’ensemble des pays européens participants à la formation de la force spéciale Takuba pour le Mali. On imagine donc que cette réponse du Danemark lui est inspirée par Paris au regard de la déclaration de la ministre française des Armées.
Florence Parly a allégué que « La junte multiplie les provocations » avant d’afficher sa « solidarité avec nos partenaires danois, dont le déploiement se fait sur une base juridique légale, contrairement à ce qu’affirme aujourd’hui la junte malienne ». Difficile de voir une provocation dans le refus d’un pays souverain d’assister à la parade d’armées étrangères, inutiles à sa sécurité, sur son territoire.
Le Premier ministre malien Choguel Maïga, lors de sa réception de Moussa Faki Mahamat (Président de la commission de l’Union africaine), est revenu sur le sujet en déclarant : « On ne peut pas envoyer des militaires au Mali sans l’avis du gouvernement malien ! On ne peut pas envoyer des avions survoler nos territoires pendant qu’on nous interdit de survoler des parties de notre territoire ! »
Ce que perd la France en cas de départ du Danemark
La France ne pouvait qu’encourager le gouvernement danois à rester au Mali contre l’avis des autorités locales. Si le Danemark obéissait à l’injonction des dirigeants de la transition malienne, la France aurait été dans l’obligation de faire de même lorsque que viendrait son tour. Paris préfère donc encourager un affrontement qui va probablement lui donner l’occasion de régler militairement ses comptes avec le pouvoir malien.
Le problème avec le déploiement des soldats danois sur le territoire malien est qu’il est intervenu sans le consentement des nouvelles autorités de la transition. Le gouvernement malien n’a pas encadré cette arrivée de cette armée étrangère sur son territoire. Elle ignore donc le nombre exact de soldats de ce pays présents sur son territoire ainsi que la feuille de route qu’il suivra dans l’accomplissement de sa mission contre le terrorisme.
Les saugrenues sanctions du Mali par l’Union européenne
Il faut noter que l’Union européenne, sur recommandation de Paris, a récemment pris des sanctions contre la junte au pouvoir au Mali. La raison, celle-ci a reporté les élections présidentielles exigées par la France. Oui, Paris a parfois un regard et des positions paternalistes sur ce qui se passe dans ses anciennes colonies. En réalité, les Maliens souffrent bien plus des affres causées par le terrorisme que par la non-tenue d’élections. Comment aurait-on pu organiser un scrutin juste et transparent dans un pays occupé sur 80% de son territoire par les terroristes ? Le dernier Président issu d’élections démocratiques, feu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), avait échoué dans sa mission de développer le pays et dans la bataille contre le terrorisme. La France, dans le cadre de l’opération Balkhane, anciennement Serval et Épervier, n’a pas glané plus de succès sur le terrain malgré 9 ans de présence.
Les nouvelles autorités maliennes, après consultation des forces vives du pays, partis politiques, associations de la société civile, chefs coutumiers et guides religieux, a décidé d’installer une transition pouvant aller jusqu’à 5 ans le temps de traiter en profondeur la question du terrorisme. Ce n’est qu’une fois le pays pacifié et les institutions remises dans leur bon état de fonctionnement que le nouveau régime compte organiser des élections.
La France refuse ce plan et ne se cache pas pour le torpiller. Cette solution est pourtant crédible. Les militaires ont pris le pouvoir suite à la dégradation de la situation au Mali. Bamako se méfie depuis de la présence militaire française, taxée d’illégale par les officiels du nouveau régime de Bamako. En réalité, le Mali n’aurait demandé qu’un soutien aérien à la France et non sa présence physique au sol. Cette aide « consistera à fournir un appui renseignement et un appui feu au profit de nos troupes », écrivait l’ex-Président, Dioncounda Traoré au Président français.
Pourquoi Paris en peste contre le gouvernement malien
Les actuels dirigeants maliens doutent de la sincérité de la France dans sa lutte contre le terrorisme sur son territoire. Malgré 9 ans de présence au sol, l’armée française n’a pu éradiquer le terrorisme pour lequel elle a déployé des forces militaires sur le terrain. Mieux, les rangs des terroristes se sont rallongés au point d’inverser le rapport de force face aux militaires maliens.
Pour sauver son pays du terrorisme qui se propage, le Lieutenant Colonel Assimi Goïta, fréquemment sur le théâtre des opérations, a perpétré un deuxième coup d’État pour évincer Dioncounda Traoré qu’il avait installé et qui avait du mal à prendre des décisions fermes. Une fois au pouvoir, l’actuel homme fort de Bamako s’est tourné vers la Russie de Vladimir Poutine. Le Kremlin n’a pas hésité à fournir en armes et munitions l’armée malienne qui arrache d’ailleurs des résultats de plus en plus spectaculaires sur le terrain.
Plusieurs terroristes ont été tués, certains capturés et plusieurs autres se sont rendus. Plus une semaine ne passe sans que les soldats maliens n’engrangent de nouvelles victoires contre les terroristes. Les FAMAs détruisent massivement les camps d’entraînement et du matériel des terroristes.
La presse française annonce régulièrement que le Mali a eu recours aux mercenaires de la société Wagner dans sa lutte contre le terrorisme. Le gouvernement malien dément et exige des preuves jamais présentées. Bamako fait surtout savoir qu’il fait appel à qui il veut pour chasser les terroristes de son territoire sans recourir à l’autorisation d’un État quelconque.
À propos des terroristes du sahel
Il faut noter que les fameux terroristes qui peuplent le Sahel sont des jeunes désœuvrés sans formation militaire. À l’opposé, les soldats maliens sont des professionnels ayant suivi des stages de perfectionnement pour certains en France, en Russie, aux USA et en Chine. Armés, l’armée malienne prend logiquement le dessus sur les vagabonds qui terrorisent les pauvres villageois de contrées lointaines.