Une Coupe du monde biennale (chaque deux ans), c’est le deal avec à la clé des retombées financières monstrueuses que la Fédération internationale de football (FIFA) propose aux 211 fédérations de football de la planète si elles l’acceptaient.
La Coupe du monde biennale va « cannibaliser » le football féminin, selon l’UEFA
La FIFA a promis le 20 décembre 2021 la somme de 19 millions de dollars (16,8 millions d’euros) supplémentaires, répartis sur quatre ans à chacune des 211 fédérations affiliées, si elle parvient à instaurer une Coupe du monde biennale.
Alors que l’instance mondiale est en train de concocter un sommet à huis clos pour relancer sa réforme du calendrier international au-delà de 2024, elle a avancé des arguments économiques qui n’avaient pas encore été chiffrés. Si le Mondial se tient tous les deux ans, au lieu de tous les quatre ans (ce qui est le cas depuis 1930 chez les hommes et depuis 1991 chez les femmes), une étude du cabinet Nielsen commandée par cette même FIFA évalue les revenus supplémentaires du tournoi à 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) sur quatre ans.
Billetterie, droits TV et sponsoring porteraient les recettes de 7 milliards à 11,4 milliards de dollars, selon cette étude dont la méthodologie n’a pas été dévoilée. En créant un nouveau «fonds de solidarité» doté de 3,5 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) sur les quatre premières années de la réforme, l’instance mondiale du football estime donc pouvoir allouer à chaque fédération environ 16 millions de dollars (14,1 millions d’euros) sur cette période, a-t-elle assuré lundi.
Il ne faut pas oublier un gonflement de l’actuel programme d’investissement, baptisé «FIFA Forward», de 6 à 9 millions de dollars par fédération sur le même cycle de quatre ans, selon l’organisation. Une étude commandée par l’UEFA avait assuré qu’un mondial biennal diminuerait les revenus des fédérations européennes, d’environ 2,5 à 3 milliards d’euros sur quatre ans.
Le Forum mondial des ligues, qui représente une quarantaine de championnats professionnels, a de son côté estimé que les compétitions domestiques pourraient perdre jusqu’à 8,5 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros) de revenu par saison.
Cependant, le deal est mal vu par Aleksander Ceferin, président de l’UEFA, qui y voit, à long terme, des conséquences incalculables pour le football feminin.
Ceferin, le patron du foot européen, a réitéré son opposition au projet de la FIFA d’organiser cette Coupe du monde biennale, affirmant que le tournoi féminin ou les JO seraient affectés s’ils étaient organisés la même année que la phase finale.
«L’Europe et l’Amérique du Sud sont contre (le projet) et ce sont les seuls continents qui ont remporté la Coupe du monde dans l’histoire. Le problème est que la Coupe du monde doit avoir lieu tous les quatre ans pour être intéressante», a déclaré Ceferin lors de la foire Expo 2020 de Dubaï. «Ensuite, si elle avait lieu tous les deux ans, cela cannibaliserait le football féminin parce qu’elle aurait lieu la même année que la (Coupe du monde) de football féminin».
Les plans de la FIFA ont inquiété le Comité international olympique (CIO), les participants à un sommet au début du mois ayant exprimé de «sérieuses inquiétudes» concernant les propositions et leur impact sur le calendrier sportif mondial.