Pas question pour Richard Adou de laisser courir les auteurs et complices de la désobéissance civile. Le Procureur de la République, au cours d’une conférence de presse animée ce lundi, que tous ceux qui y ont contribué seront poursuivis.
Désobéissance civile : Bédié, Affi, Soro, Mabri… bientôt devant le juge ?
20 septembre 2020, les acteurs majeurs de l’opposition ivoirienne se sont réunis à la Maison du parti du PDCI-RDA, à Côte d’Ivoire pour statuer sur la conduite à tenir face à la candidature à un « troisième mandat » du président ivoirien. Il s’agissait pour ces opposants de passer à l’offensive contre le candidat du RHDP. « La désobéissance civile s’impose face à la forfaiture de Alassane Ouattara », a-t-il tweeté Henri Konan Bédié au sortir de cette rencontre.
Aussi, cette période électorale a été émaillée de violences à travers de nombreuses localités ivoiriennes. Le bilan qui en a résulté fait état de 85 morts et 484 blessés en trois mois. Les points névralgiques de ces violences étaient Abidjan, Dabou, Bonoua, M’Batto et Daoukro, où a été décapité le jeune N’Guessan Koffi Toussaint.
En conférence de presse, ce lundi 27 décembre 2021, au sein du palais de justice d’Abidjan Plateau, Adou Richard a présenté le rapport de l’Unité Spéciale d’Enquête (USE), mise en place pour faire la lumière sur les violences survenues avant, pendant et après l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Cette unité, composée de 20 gendarmes, 20 policiers et trois juges a dû mener ses investigations durant six mois.
Ce rapport met en effet en « évidence que la manipulation des sentiments d’appartenance ethnique, politique et religieuse, ainsi que l’impunité demeurent un ressort important de l’escalade de la violence, y compris politique ». Aussi, la jeunesse, galvanisée par des discours d’appel à la haine, armée et financée, a été « instrumentalisée comme bras exécuteur de la violence politique par des leaders politiques ».
« 233 personnes impliquées à divers degrés dans la commission de ces infractions graves ont été interpellées dans plusieurs localités du pays et quarante autres personnes ayant été formellement identifiées sont activement recherchées pour avoir participé à ces événements », apprend-on du Procureur de la République. Avant de préciser que « seules 11 personnes sont toujours détenues préventivement ».
Le chef du parquet ivoirien prévient toutefois que « tous ceux qui ont contribué à la désobéissance civile des élections présidentielles de 2020 seront poursuivis ». L’on s’interroge donc de savoir si les leaders politiques de l’opposition qui ont lancé ce mot d’ordre à leurs partisans, notamment Henri Konan Bédié (PDCI-RDA), Pascal Affi N’Guessan (FPI), Albert Toikeusse Mabri (UDPCI), Guillaume Soro (GPS) et bien d’autres leaders du Conseil national de transition (CNT) sont visés par cette annonce du procureur.