Dans l’industrie du cacao en Côte d’Ivoire, les entreprises locales peinent à se frayer un chemin, en dépit de la volonté d’Alassane Ouattara de mettre en place la préférence nationale. Les multinationales continuent de leur faire ombrage.
Cacao : La sous-traitance de 20%, pas encore effective pour les entreprises ivoiriennes
La Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao dans le monde avec plus de deux millions de tonnes par an, suivant les dernières statistiques. Si cette industrie cacaoyère constitue l’un des importants maillons dans l’économie ivoirienne, force est cependant de constater que les firmes ivoiriennes de cacao ont du mal à s’affirmer dans la chaîne. Aussi, dans l’optique de mettre en place une préférence nationale, Alassane Ouattara avait-il adopté en Conseil des ministres une obligation faite aux multinationales, dès l’ouverture de la traite en octobre 2021, de traiter 20% de leurs enlèvements de la fève brune à des entreprises ivoiriennes.
En dépit de cette injonction, « l’Américain Cargill, le Suisse Barry Callebault, les Français Cémoi et Touton, ainsi que l’Indo-Singapourien Olam continuent de dominer le marché, contrôlant à eux 50% d’environ 800 000 tonnes de fèves de cacao arrivées dans les ports ivoiriens de San Pedro et d’Abidjan, depuis le 1er octobre », révèle Africa Intelligence.
Ces multinationales continuent donc de se tailler la part de lion, là où la Société de commercialisation de café cacao (S3C), première entreprise ivoirienne exerçant dans le secteur, s’en tire avec un menu fretin de 6%. Et pourtant, le principe de la préférence nationale devrait permettre aux entreprises nationales de s’en tirer avec 450 000 tonnes sur les 2,4 millions de tonnes de la récolte prévisionnelle de 2021-2022.
Inquiète de cette mesure, l’Union européenne, par le truchement de son Ambassadeur Jobst Von Kirchmann, a saisi le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, en vue de connaître la base légale de cette préférence nationale conformément aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La rencontre entre les deux parties ne leur a jusque-là pas permis d’accorder leurs violons.