Sikensi – A moins de trois jours de l’investiture d’Abro Baka Etienne Corneille, chef du village de Elibou, la tension est montée d’un cran. De graves accusations sont portées contre le Sous-préfet de la localité.
Elibou (Sikensi): Les chefs de familles s’opposent à l’investiture sans limitation de mandat
Une décision du sous-préfet de Sikensi divise le village d’Elibou qui prépare l’investiture de son chef du village le 11 décembre prochain. Elibou, paisible localité située à 76 km d’Abidjan et appartenant au département de Sikensi, dans la région de l’Agneby-Tiassa, est sous la menace d’un affrontement entre les différentes familles. Et pour cause, depuis l’annonce de l’investiture de Nanan Abro Baka Etienne Corneille en tant que chef du village, le samedi 11 décembre 2021, les villageois se regardent en chien de faïence.
La tension monte, et la méfiance a fait place à la bonne cohabitation qui régnait dans ce beau village. En effet, depuis plusieurs mois, la cohésion au sein de la population de cette cité, ci-bien envieux jadis, a pris du plomb dans l’aile par la faute des brouilles entre la chefferie et la population. Le motif du mécontentement réside dans la décision du village non prise en compte par le chef Nanan Abro Baka Etienne Corneille. Le point d’achoppement est la cérémonie d’investiture qu’il compte organiser le samedi 11 décembre 2021.
Selon Gnangran M’Boua, chef de la génération Nigbessi (les dignitaires du village), nonobstant les incompréhensions de plusieurs semaines, le chef a pris l’initiative d’inviter Pierre N’Gou Dimba, président du Conseil régional de l’Agnebi-Tiassa, par ailleurs ministre de la Santé publique et de la couverture maladie universelle, et d’autres personnalités de l’Etat sans aucun accord avec les dignitaires et la population pour imposer de surcroît la date de son investiture.
« Compte-tenu de l’inconduite du chef Abro Baka Etienne Corneille, les dignitaires et toute la population du village d’Elibou s’opposent à son investiture sans l’établissement de mandats pour les chefs. Cela, afin de prévenir les troubles », a-t-il mentionné. Il a, par ailleurs, relevé que l’actuel chef bat en brèche toutes les décisions prises par le village. « Il est arrivé à la tête du village en 2018 après une crise qui a emporté l’ancien chef du village. Nous avons décidé qu’il faut désormais un mandat pour les chefs mais il déchire cette décision et compte l’appliquer après son investiture. C’est pourquoi, tout le village se dresse contre cette investiture qui va mettre le feu à la poudre. Son entêtement va susciter la colère qui pourrait dégénérer. Je sens que le village est au bord de l’implosion s’il force cette investiture. Il force cette investiture pour cacher la gestion opaque qu’il a faite depuis 2018. Le village a dans son compte près de 11 millions de francs Cfa. Lui et ses notables ont utilisé cette somme à des fins personnelles. Lorsqu’on leur demande le point de l’usage des fonds, ils menacent les villageois de concert avec le Sous-préfet de Sikensi », informe-t-il.
Le sous-préfet de Sikensi, indexé
« Le Sous-préfet nous menace dans notre propre village. Au lieu de chercher à avoir l’avis des villageois, il se contente de nous menacer parce qu’il est complice du faux que fait le chef. C’est en réalité le sous-préfet qui met le chef à dos de sa population. Son attitude envers les dignitaires du village a mis les jeunes en colère et celle-ci est prête à en découdre avec quiconque va investir le chef le 11 décembre 2021. En définitive, le Sous-préfet de Sikensi est notre vrai problème», explique E’Dja Sakpa jean, chef de la Lanhimom.
Poursuivant, il a indiqué que la population ne demande qu’une durée du mandat soit arrêtée avant l’investiture du chef: “Si aucun mandat n’est arrêté, il risque d’être chef à vie et nous disons niet face à cette injustice”. Pour sa part, Touto Claude François, intérimaire du chef de la famille Kpebessi, abonde dans le même sens que les autres.
« Depuis 1994, la chute de nos chefs est brutale. Pour mettre fin au désordre, nous avons décidé de commun accord avec le nouveau chef d’établir des mandats. Maintenant, nous ne comprenons pas pourquoi, il décide de battre en brèche l’histoire des mandats. Les sommités du village ont été convoqués par le sous-préfet mais au lieu d’aplanir les différends, ce dernier menace les doyens du village afin qu’ils cèdent au passage en force du chef Abro Baka Etienne Corneille. A partir de là, on a compris que le Sous-préfet de Sikensi veut étouffer notre cri du cœur. Il est de mèche avec le nouveau chef pour piller les ressources du village, notamment la vente de terre pour la construction d’une station d’essence. Le comportement du Sous-préfet étonne plus d’un. Au point que les villageois sont sur le qui-vive », a-t-il expliqué.
Même si le chef de terre soutient le chef du village, il faut noter que son adjoint, Gbadja Michel ne partage pas son avis. Ce sexagénaire dira : « Je suis d’accord pour l’investiture du Abro Baka Etienne Corneille, certes, mais je veux qu’on établisse les mandats avant son investiture. Un forcing devrait créer de vive tension au sein des populations. Il faut noter que les autorités compétentes du pays doivent prendre à bras le corps ce problème qui risque de créer un affrontement sans merci entre les partisans du chef du village et la jeunesse mécontente soutenue par les anciens du village.
Correspondance spéciale à Elibou