Emmanuel Macron accueille ce mardi 30 novembre 2021, un cénotaphe de Joséphine Baker au Panthéon, dans un cercueil qui sera presque vide car ne contenant pas la dépouille de l’artiste franco-américaine.
Panthéon: Joséphine Baker y fait son entrée sans son corps qui repose à Monaco
Freda Josephine McDonald alias Joséphine Baker n’aura en fait jamais quitté le cimetière marin de Monaco où elle repose depuis 1975. Ce mardi après-midi, lors de la cérémonie de panthéonisation de Joséphine Baker, une procession remonte la rue Soufflot derrière le cercueil de l’artiste et résistante, avant que celui-ci ne soit accueilli au Panthéon par Emmanuel Macron.
Femme noire, artiste de scène et née à l’étranger, Joséphine Baker avait peu de chances d’avoir sa place parmi les « grands hommes ». Et pourtant, elle l’a trouvée et c’est son entrée au Panthéon que célèbre, ce 30 novembre 2021, la cérémonie présidée par Emmanuel Macron en mémoire d’une vie « placée sous le signe de la quête de liberté et de justice. Un événement hautement symbolique pour une artiste militante et résistante et surtout, elle sera la sixième femme à y inscrire son nom et son histoire et la toute première femme noire.
Son corps qui repose à Monaco, ne sera pas déplacé. Le cercueil accueilli au cœur de la crypte est empli d’éléments chers à Joséphine Baker. Me revoilà Paris : l’une des plus célèbres chanson de Joséphine Baker retentira pour lancer la cérémonie solennelle devant l’édifice néo-classique du Panthéon, au coeur du quartier latin, à Paris, considéré comme « le temple laïc de la République » française – et dont le fronton proclame « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante », rapportent nos confrères de TV5 Monde.
Macron rend hommage à une femme de tous les combats
La panthéonisation de la chanteuse franco-américaine intervient 46 ans après sa mort, le 12 avril 1975 à l’âge de 68 ans, trois jours après avoir fêté ses noces d’or sur la scène. « Artiste de music-hall de renommée mondiale, engagée dans la Résistance, inlassable militante antiraciste, elle fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France comme de par le monde (…) Elle est l’incarnation de l’esprit français », soulignait Emmanuel Macron pour justifier sa décision, le 23 août 2021.
Avec l’atypique vedette, le président casse les codes en élargissant le profil un peu figé des « panthéonisés » français, pour la plupart hommes d’Etat, héros de guerre ou écrivains : Victor Hugo, Emile Zola, le résistant Jean Moulin, Marie Curie… Un choix inattendu qui a réussi à emporter le consensus de toute la classe politique. « Elle est assez synthétique de ce qu’est être française, elle qui était américaine (…) Elle est impressionnante de modernité », résume-t-il dans une vidéo sur les réseaux sociaux.
Tous les « panthéonisés » ne sont pas au Panthéon
La dépouille de l’artiste franco-américaine n’aura en fait jamais quitté le cimetière marin de Monaco, où elle repose depuis 1975 : c’est un cercueil presque vide qui va faire son entrée dans le mausolée de la Montagne Sainte-Geneviève, qui ne sera donc pas le tombeau de Joséphine Baker, mais son cénotaphe.
Le cercueil qui symbolise l’entrée de la star franco-américaine au Panthéon contient en fait des poignées de terre venues des lieux emblématiques de sa vie : de Saint-Louis, la ville du Missouri où elle est née en 1906, de Paris qu’elle a tant aimé, de la vallée de la Dordogne où elle éleva ses douze enfants dans un château, et du cimetière marin de Monaco, où elle repose depuis 1975 aux côtés de son dernier mari et d’un de ses enfants, révèle LCI.
La crypte du Panthéon en abrite d’ailleurs quelques autres : tous les « panthéonisés » ne sont pas au Panthéon.
Selon le média français, ce n’est pas la première fois que ce procédé est utilisé lors d’une « panthéonisation ». Ainsi Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, toutes deux honorées d’une entrée au Panthéon en 2015, notamment pour leur lutte au sein de la Résistance, n’y ont pas réellement été transférées. De la terre a été prélevée près de leurs tombes, dans le cimetière de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) où repose Germaine Tillion, et dans celui de Bossey (Haute-Savoie), où la nièce du général de Gaulle est enterrée avec son mari. « Il est bien difficile de dire ce que contient chaque caveau », expliquait à l’époque à FranceTV Pascal Monnet, qui était alors administrateur du Panthéon.
Un cénotaphe au lieu d’un cercueil
La cérémonie a été préparée « dans les moindres détails » avec la famille très nombreuse de Joséphine Baker, qui avait adopté 12 enfants, dont 11 sont toujours vivants. « Ca va être mémorable » avec de « la joie et de l’excitation », espère Brian Bouillon-Baker, l’un de ses enfants. Ils ont décidé de ne pas déplacer le cercueil de leur mère du cimetière marin de Monaco, où elle repose avec son dernier mari et l’un de ses enfants, non loin de la princesse Grace qui l’avait soutenue dans les dernières années de sa vie.
Parmi les 80 personnes déjà « panthéonisées » se trouvent des politiques, des écrivains, des scientifiques, quelques religieux et beaucoup de militaires… et seulement cinq femmes. Puissantes, résistantes ou avant-gardistes, elles ont marqué l’histoire de la France et du monde entier.