Sauvagement violée par des médecins guinéens, les efforts pour tenter de sauver M’mah Sylla n’ont pas suffi. La jeune femme de 25 ans mourra un mois après en Tunisie où elle a été evacuée pour des soins. Voici l’histoirre effroyable de cette patiente venue en consutation ordinaire, muée en un viol savamment planifié à Conakry par des médecins.
M’mah Sylla: Ne l’oublions pas !!!
Violée à plusieurs reprises par de prétendus médecins chez qui elle était venue se faire soigner, la jeune femme n’a pas survécu aux sept opérations chirurgicales qu’elle a subies.
Révélée dans la presse, l’affaire commence à agiter l’opinion. Le colonel Mamadi Doumbouya, le chef de la junte, s’inquiète de la situation. Le 22 octobre, les autorités guinéennes évacuent M’mah Sylla en Tunisie où, malgré de nombreuses opérations, elle mourra un mois après, soit le samedi 20 novembre 2021.
Elle est reçue à la clinique par Patrice Lamah. Le médecin l’accueille, l’installe dans une chambre isolée, avant de lui tendre un jus de fruit, rapporte Rfi. Il lui fait une injection et l’enjoint à patienter.
La jeune femme s’endort. « Elle s’est réveillée deux heures après, ne se rappelant de rien, mais constatant un changement dans la façon dont elle était habillée », raconte Me Halimatou Camara, avocate de M’mah Sylla.
Le jus de la mort
« Quand je suis arrivée dans la clinique, j’ai trouvé qu’il y avait du monde là-bas. Quand Patrice (médecin) m’a vue, il m’a dit d’aller dans la chambre où ils ont l’habitude de consulter les gens, je me suis rendue directement là-bas. Il (le médecin) est venu me demander si j’ai pris le petit-déjeuner, j’ai dit non, je n’ai rien pris d’abord. Il m’a laissée là-bas pour sortir. Quelques instants après, il est revenu avec du jus et une injection. Je lui ai dit que je ne prends pas de jus. Il m’a dit : si tu ne prends pas ça, tu ne pourras pas prendre de médicaments.
J’ai alors pris un peu de jus, après il m’a injectée. Après avoir pris l’injection, j’ai perdu connaissance, je ne savais plus ce qu’il se passait. Et lorsque je me suis réveillée, j’ai trouvé que j’étais nue et je n’ai pas vu Patrice. Ce jour-là, je me suis sentie humiliée. Je suis sortie, sans rien dire, je suis rentrée chez moi. Tellement que j’avais honte, je n’ai pas expliqué à mes parents ce qui m’est arrivé», a-t-elle narré dans la vidéo visionnée par Guineematin.
Un mois plus tard, s’inquiétant d’un retard de menstrues, elle retourne voir le médecin. En colère, M’mah Sylla obtient la confirmation de ses craintes. « Le médecin a reconnu avoir abusé d’elle lors de sa première visite », raconte son avocate.
À en croire ce dernier, Patrice Lamah aurait alors tenté, sans succès, de la dissuader de mettre un terme à la grossesse. « Il accepte alors de pratiquer l’IVG, elle revient à la clinique dix jours après, mais ce jour-là, il la viole à nouveau, en lui affirmant même que cela facilitera l’avortement », rapporte l’avocate.
Agressions sexuelles à répétition
Le lendemain, il adresse la jeune femme à un complice, en vue de « faire une échographie ». Malgré les agressions sexuelles à répétition qu’il lui a fait subir, M’mah Sylla écoute l’avis de ce médecin et se rend chez son confrère, Célestin Millimono. Celui-ci, à son tour, la viole.
Le 10 octobre dernier, lorsque la jeune femme finit par trouver la force de s’extraire de l’emprise dans laquelle ces prétendus médecins semblent l’avoir maintenue, et qu’elle se rend au CHU Ignace Deen, son état est catastrophique.
Le « mal de ventre », qui n’a été soigné à aucun moment, a dégénéré. La jeune femme est entre la vie et la mort, ses intestins sont nécrosés. Les équipes de l’hôpital tentent, en vain, de la soigner.
Révélée dans la presse, l’affaire commence à agiter l’opinion. Le colonel Mamadi Doumbouya, le chef de la junte, s’inquiète de la situation. Le 22 octobre, les autorités guinéennes évacuent M’mah Sylla en Tunisie où, malgré de nombreuses opérations, elle meurt un mois après.
La vague d’indignation est à la hauteur du calvaire de la jeune femme. Les proches et des activistes de la société civile projettent d’organiser des marches de protestation à Conakry. Ils réclament, notamment, un assainissement de la profession médicale. L’Inspection générale de la santé, qui a lancé en août dernier une campagne de fermeture des cliniques non agréées, en a déjà dénombré environ 700, rien que dans la zone de « Grand Conakry» qui comprend la capitale, Coyah et Dubréka.
Sur le front judiciaire, le décès de la victime n’éteindra pas les poursuites. Patrice Lamah, Célestin Millimono, Daniel Lamah et Sebory Cissé ont été mis en examen pour « viol, avortement, administration de substances nuisibles, risque causé à autrui et complicité ». Deux des trois prévenus placés en détention préventive ont d’ores et déjà été entendus une première fois.
Me Halimatou Camara, qui prévient qu’elle se montrera vigilante quant au suivi du dossier, ne cache cependant pas ses craintes. «La plupart des dossiers de viol sont banalisés par les juges. Les condamnations dépassent rarement les trois ans d’emprisonnement, y compris quand les victimes sont mineures », constate-t-elle.