L’investiture récente du ministre et député Emmanuel Essis Esmel en qualité de chef du village de Toupah, fait l’objet d’une vive contestation au sein des populations de cette localité située dans le département de Dabou. Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’ Etat, Franck Junior Fils, ressortissant du village, interpelle le président Alassane Ouattara sur l’incompatibilité des fonctions de député et de chef de village de l’ex-directeur général du CEPICI.
Crise à la chefferie de Toupah (Dabou): Toupah attend que Ouattara rappelle à l’ordre le ministre Emmanuel Essis Esmel
Excellence monsieur le président. Je me permets de vous adresser ces quelques lignes pour vous lancer un appel de détresse. Monsieur le président, l’heure est grave à Toupah. Notre village, paisible cité de la belle région du Léboutou est confronté à une situation qui met en scène l’un de vos proches collaborateurs en la personne du ministre Emmanuel Essis Esmel. Avant tout monsieur le président, soyez remercié pour l’honneur fait à Toupah en désignant l’un de ses fils au sein de votre gouvernement. Cependant depuis quelques semaines, notre ministre se retrouve au centre d’une affaire qui ne l’honore pas. De quoi s’agit-il ? Monsieur le président, notre cher frère qui collabore avec vous au sein du gouvernement s’est fait désigner le 14 novembre dernier chef de notre village.
Monsieur le président, je vous épargne volontairement des nombreuses palabres dans notre village autour de la désignation du chef. Ce débat est vieux de plusieurs années. Là où les choses doivent attirer votre attention c’est la désignation du ministre Essis Esmel au mépris de la loi en vigueur. Oui monsieur le président, en plus d’être au gouvernement, Essis Esmel Emmanuel est également député dans notre région toute chose qui le rend inapte du point de vue légal à exercer la fonction de chef.
C’est la loi n° 2014-428 du 14 juillet 2014 portant statut des Rois et chefs traditionnels qui le dit. « Les rois et chefs traditionnels sont soumis aux obligations de neutralité, d’impartialité et de réserve. Ils doivent abstenir d’afficher leur appartenance politique. La qualité de roi et de chef traditionnel est incompatible avec l’exercice de tout mandat électif », précise la loi en ses articles 6 et 7.
Les choses sont donc claires. Le ministre qui n’a jamais renoncé à ses fonctions de député ne peut être chef de village. Excellence monsieur le président, la population de Toupah attend de votre part une vive et rapide réaction. Notre région qui n’a que trop souffert des violences lors des dernières joutes électorales n’a pas besoin d’un autre conflit qui pourrait bien éclater si rien n’est fait.
Toupah attend de vous un rappel à l’ordre du ministre Emmanuel Essis Esmel. Toupah attend de vous une action en faveur du respect de la loi de notre pays. Les cadres que vous nommez doivent être des acteurs de la paix que vous prônez dans leurs régions respectives et non des artisans du désordre. Votre rigueur récemment constatée dans l’affaire des audits des entreprises d’Etat est sollicitée pour mettre de l’ordre dans notre région. Agissez excellence avant que le pire ne se produise !
Franck Junior Fils
Fils de Toupah