Professeur Théodore Kouabena KOSSONOU, Professeur titulaire en sciences du langage, Linguistique descriptive à l’université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan, a donné son point de vue sur le débat sur le nom pronom personnel sujet français » IEL ». L’universitaire ivoirien pense qu’il s’agit plutôt d’une bizarrerie pour évoquer une personne quelque soit son genre! Lisons son décryptage.
Le pronom » IEL « , un caprice linguistique (Par Professeur Théodore Kouabena KOSSONOU)
Dans toutes langues il existe des mots qui s’emploient pour renvoyer et se substituer à un autre terme déjà utilisé dans le discours ou pour désigner un participant à la communication, un être ou un objet présent au moment de l’énoncé (emploi déictique). Selon le contexte, le mot remplacé peut être n’importe quel nom et est désigné par le terme de PRONOM. On peut inventorier comme suit: personnel , interrogatif, possessifs, démonstratifs, relatif, indéfinis, etc.
Le premier cité est celui qui aiguise notre attention : LE PRONOM PERSONNEL comprenant je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles, donc huit pronoms personnels sur le plan morphologique. La naissance du point de vue morpho-semantique d’un neuvième pronom personnel français dont le pluriel nous ramène à dix pronoms de cette catégorie qui jusqu’alors n’est que de six ou huit selon qu’on les classe en nombre, en genre. Nous parlons du nouveau-né de la langue française.
Ce nouveau pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel « IEL » est la contraction ( sorte de mot-valise ou mot porte-manteaux)de « il » et « elle » pour désigner les personnes non binaires, c’est-à-dire ni masculin ni féminin. Il est employé dans une bizarrerie pour évoquer une personne quelque soit son genre! ( neutre? générique?) IEL ou IELS nous semble être neutre, c’est-à-dire le fait de n’appartenir ni au masculin [+genre,+ mâle] ni au féminin [+genre, +femelle].
« La figuration du Pronom IEL dans le dictionnaire relance le débat sur l’opposition: genre grammatical/genre naturel »
Être neutre, c’est n’appartenir à aucun des deux genres donc n’être pas binaire. Cela a provoqué une vive polémique en France. En tant que linguiste, nous voudrions participer au débat-polemique. Nous voudrions noter qu’on ne peut parler de PRONOM sans convoquer le genre! Le genre est une catégorie spécifiquement nominale, binaire, itérative ou anaphorique écrit Paula Gherasim(2010. p.39) dans « Grammaire conceptuelle du français : Les catégories grammaticales ». La figuration du Pronom IEL dans le dictionnaire relance le débat sur l’opposition: genre grammatical/genre naturel.
En effet, l’opposition masculin/féminin perd en dehors de la désignation direct du sexe, tout rapport avec une différenciation naturelle : sexuisemblance, même dans la classe des substantifs animés on parle de genre antinaturel et de genre indifférencié dans le cas où les limites des genres grammaticaux ne coïncident plus avec les limites des genres naturels. Or tout nom est pourvu d’un genre inhérent: masculin, féminin (et peut être neutre) mais pas à la fois » masculin-feminin » comme dans « IEL ». Qu’est-ce donc le neutre en linguistique fonctionnelle ou structurale?
S’appuyant sur les travaux de Jean Dubois, Mathée Giacomo et all (2002) dans « Dictionnaire linguistique », nous retenons que <