Animateur – producteur à la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), Serges-Whilly OSSOHOU reste attaché à la culture Abbey, dans la région de l’Agneby-Tiassa dont-il est originaire. Pour joindre l’utile à l’agréable, l’animateur télé-radio a mis en place un festival pour promouvoir les arts, la culture et la gastronomie d’Agboville (chef lieu de la région), dénommé Sêyêyê Festival. Sêyêyê qui veut dire en langue locale Abbey, la joie, les retrouvailles. Dans l’entretien ci-dessous, le Commissaire général du Festival Sêyêyê nous parle de la troisième édition du festival qui se déroulera du 10 au 12 décembre 2021 à la place HKB d’Agboville. Entretien avec Serges-Whilly OSSOHOU.
Serges-Whilly OSSOHOU (Commissaire général du Festival Sêyêyê): « Agboville doit être une destination touristique »
Quel bilan pouvez-vous faire des deux précédentes éditions du Festival Sêyêyê?
Le festival Sêyêyê, qui est à sa troisième édition cette année 2021, revient de loin. C’est en 2016 qu’a vu la 1ère édition dans des conditions assez difficiles. Dois-je avoir le courage de le dire. Ce n’était pas donné, mon équipe et moi sommes battus pour revenir l’année suivante. En 2017, c’était sensiblement pareil. Vous avez, ces choses-là, il faut avoir les moyens personnels avant de commencer, sinon les ardoises peuvent tuer la motivation, surtout que personne ne croit en votre projet, mieux que vous-même. Humblement, nous estimons que nous sommes fiers d’avoir tenu. Evidemment, les ressources financières sont rares, mais nous avons le mérite de voir cette 3e édition après 2 ans de pause. Moralement, nous sommes satisfaits d’être passés de l’embryon à la naissance physique de ce projet qui nous tenait à cœur.
A quoi devrait-on s’attendre à la troisième édition qui démarre dans le mois de décembre 2021?
Cette 3e édition qui a pour thème, « l’intégration culturelle au service de la promotion de la jeunesse », se tiendra du 10 au 12 décembre 2021 à la place HKB d’Agboville. C’est un hommage à la jeunesse de notre département. Le plus grand rassemblement de la jeunesse départementale, jamais vu. Vous savez, en dehors de la politique, notre jeunesse ne s’est jamais retrouvée autour d’un idéal de cohésion sociale. Agboville a été plusieurs fois le théâtre d’affrontements inter-communautaires. Et ceux qui sont aux avant-postes, ce sont nos jeunes ABBEY/KROBOU, opposés hélas, pour des raisons qu’on ne saurait qualifier à nos frères de la CEDEAO. Or Ogboba (nom d’origine d’Agboville) reste une terre d’hospitalité et d’accueil à l’image de notre pays. Cette 3e édition offrira l’occasion à la jeunesse de réfléchir, d’aller sur d’autres terrains plus élégants, festifs. Nous parlerons de lutte contre le chômage, de cohésion sociale. Nous allons valoriser nos diversités, facteur de développement. Durant ces deux jours, nous aurons au menu des expositions, des actions sociales, la sensibilisation en milieu scolaire, les danses traditionnelles, la mise en évidence du riche patrimoine Abbey/Krobou et des concerts géants.
Qu’est-ce qui va faire la différence avec les précédentes éditions?
Avant, c’était en Août, or là nous serons en Décembre, tout le monde est sur place. Nous avons ajouté le volet social, avec des actions au CHR et à la Maison d’arrêt et de correction d’Agboville; cela grâce à des partenaires, des amis, des proches. Ensuite, il y a le volet santé aussi à savoir, qui fera le dépistage tuberculose et des soins gratuits. Enfin, cette édition, à la différence des autres, est parrainée par le Ministre de la Communication des médias et de la francophonie, Monsieur Amadou Coulibaly. Nous attendons l’accord de co-parrainage du Ministre de la Promotion de la jeunesse, Monsieur Mamadou Touré, puis assez certainement le Haut-Patronage du Ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani. Nous sommes dans les échanges avec leurs différents services. Mais précisons que le Seyeye 3 est placé sous la présidence du Ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la couverture maladie universelle, Monsieur Pierre N’Gou Dimba.
Avez-vous le soutien des autorités administratives et politiques d’Agboville?
Ouiiii, soutien dans l’idée et autorisation administrative pour conduire ce festival, et là, vous nous donnez ici et maintenant l’occasion de remercier le Conseil régional de l’Agneby-Tiassa, avec à sa tête, le Ministre de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, Monsieur Pierre N’Gou Dimba, dont cette édition est placée sous la présidence. Le Maire, le Colonel des douanes, ACHO Albert, le Ministre Adama Bictogo, je n’oublie pas le Préfet de région. A eux, j’ajouterai les Chefs traditionnels et l’ensemble des guides religieux. Nous travaillons également avec les différents leaders de jeunesses. Souhaitons que tout se passe bien et qu’ils nous appuient financièrement aussi pourquoi pas (rires).
« Que les autorités nous accompagnent »
Qu’en est-il du soutien du ministère de la Culture dans l’organisation de ce festival?
C’est bien ce que je vous disais, depuis 3 ans, nous sommes dans des appuis institutionnels. Certainement qu’un jour, chose que nous souhaitons, cela change. Ils vont se rendre compte qu’ils nous ont trop servi le même discours ou alors, c’est nous qui ne connaissons personne (rires) mais bon, on se bat loyalement.
Combien de participants attendez-vous à ce festival?
Entre 3000 et 5000 visiteurs par jour au minimum.
Quelles sont réellement les retombées du Festival Sêyêyê pour la population?
Les activités économiques sont en hausse, la ville est animée, des populations en détresse, sont soulagées à travers des dons de vivres et non-vivres, le milieu scolaire est sensibilisé. Nous pensons qu’Agboville qui n’est pas loin d’Abidjan, mérite cette chaleur et la montée des bonnes affaires, surtout avec la voirie en réfection, c’est plaisant de faire le trajet pour un week end. Agboville doit être une destination touristique. Il y a trop de choses à voir et à faire voir. Les politiques font leur boulot. Nous les acteurs culturels, faisons le nôtre.
A quelques semaines du festival, quel est votre appel aux autorités, ainsi qu’aux populations?
Aux autorités, sincèrement, nous, acteurs culturels, avons réellement besoin d’elles; qu’elles aident les jeunes entrepreneurs culturels à bâtir une région culturelle forte. Nous sommes nombreux dans cette lutte contre la pauvreté et l’ignorance. Je pense par exemple à mes sœurs, Sandrine Ochou et Marie Chantal Behi, qui font des choses extraordinaires pour aider à leur façon nos parents, les jeunes. J’en oublie; qu’ils m’en excusent, il n’y a pas que la politique. Qu’elles nous accompagnent, elles ne le font pas assez. De leurs positions, nous estimons qu’elles peuvent nous ouvrir des portes par un coup de fil et je ne sais quoi d’autre, mais hélas. Ailleurs, les autres se mobilisent pour de telles activités. Regardez dans les médias, comment des élus, des cadres soutiennent les festivals dans leurs régions, dans leurs départements. Nos élus et cadres doivent croire en nous aussi. Nous avons le même objectif, rendre Agboville et la région fortes et fréquentables d’un point de vue touristique. Souvent, nous avons le cœur meurtri de savoir que certains ainés, certains cadres, certains élus que nous approchons, qui ont les moyens, savent ce que nous faisons pour Agboville, pour les jeunes qu’ils sollicitent pour leurs desseins politiques, mais restent sourds et inattentifs à nos requêtes. Nous sommes l’avenir et nous ne voulons plus venir nous regrouper que pour les écouter lors des joutes électorales. Les jeunes veulent travailler, nourrir leur famille, se réaliser. C’est dur à entendre, mais c’est la vérité. Interrogez les jeunes; ils vous diront ce qu’ils pensent. C’est notre cri de cœur à leur endroit. Aux populations d’Agboville, le Sêyêyê c’est leur rdv, le rendez-vous de la jeunesse. Nous les attendons massivement à la place HKB. Venons démontrer notre capacité de mobilisation quand il s’agit aussi de culture. Bon festival et rdv les 10-11-12 décembre 2021. Que Dieu facilite les choses.