Dix-neuf ans après la rébellion de 2002, Laurent Gbagbo a des griefs contre Blaise Compaoré. L’ancien président ivoirien l’accuse d’avoir soutenu les rebelles contre son régime. Dans une interview accordée à L’Humanité, le fondateur du nouveau parti politique PPA-CI (Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire) accable l’ex-chef d’Etat burkinabè.
19 ans après, Laurent Gbagbo évoque la rébellion de 2002
La rébellion de 2002 constitue un pan de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Arrivé au pouvoir le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo fait très vite face à des rebelles venus du nord du pays et menés par Guillaume Kigbafori Soro, un ancien secrétaire général de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire). Le 19 septembre 2002, une tentative de coup d’Etat contre le régime du FPI (Front populaire ivoirien) se mue très vite en rébellion. Des hommes en armes menacent de renverser le régime des refondateurs. A Abidjan, l’assaut est maitrisé et les assaillants se replient dans l’autre moitié du pays. Ce qui a plongé le pays dans une crise militaro-politique.
Interrogé par le journal L’Humanité, Laurent Gbagbo, qui a perdu le pouvoir le 11 avril 2011, revient sur la rébellion de 2002. L’historien ivoirien accuse l’ex-dirigeant burkinabè Blaise Compaoré d’avoir prêté mains fortes aux rebelles. Tout est parti quand le média l’interroge sur le procès de Thomas Sankara qui se tient actuellement au Burkina Faso, notamment une probable implication de la Côte d’Ivoire dans l’assassinat du capitaine burkinabè.
« J’ai rencontré Thomas Sankara une seule fois, en 1984, dans un hôtel à Paris. Il était venu pour une réunion et j’y vivais alors en exil. Tout le monde parle de la complicité de la Côte d’Ivoire, mais j’attends que la justice burkinabè fasse son travail afin que nous sortions enfin des hypothèses », a confié le mentor de Charles Blé Goudé.
Laurent Gbagbo n’a pu s’empêcher de rappeler le rôle joué par Blaise Compaoré dans la rébellion de 2002. Au cours de l’entretien, l’ex-détenu de La Haye a clairement soutenu que le président déchu du Burkina Faso « a également joué un rôle important dans la formation et la mise en route de la rébellion » qui a déstabilisé la Côte d’Ivoire il y a dix-neuf ans. Puis l’adversaire historique d’Alassane Ouattara de lâcher : « mais c’est une autre histoire ». Curieusement, Blaise Compaoré a joué le rôle de médiateur entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, le chef des rebelles.