Le journaliste André Silver Konan recommande à l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan de dissoudre le FPI pour créer un nouveau parti. Ce conseil de l’éditorialiste laisse entrevoir quelques faiblesses dans l’analyse qui le pousse à faire de telles recommandations. Disséquons avec Patrice Dama.
Fpi: André Silver Konan, son cadeau « empoisonné » à Affi N’Guessan
André Silver Konan est une des figures du journalisme politique en Côte d’Ivoire. Régulièrement sur les plateaux de télévision pour décortiquer l’actualité, il alterne bonnes et mauvaises analyses. Sur sa page Facebook ce mercredi 27 octobre, il a partagé une contribution sur le FPI.
Dans celle-ci, l’ancien conseiller en communication et porte-parole du Premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou, affirme qu’il aurait dissout le Front Populaire Ivoirien (FPI) s’il avait été son actuel Président M. Pascal Affi N’Guessan.
« Si j’étais Pascal Affi N’Guessan, je dissoudrais le Front populaire ivoirien (FPI) et créerais mon propre parti politique. », a-t-il lancé avant d’affirmer : « Ce serait la fin de l’histoire de ce parti et tout le monde serait content d’ouvrir une nouvelle page politique. » Évidemment que non. « Tout le monde » ne serait pas content de voir un grand nom comme le FPI disparaitre de l’échiquier politique ivoirien et l’exemple du RHDP illustre bien la situation. Le nouveau parti du Président Alassane Ouattara n’a pas effacé le RDR de l’esprit des Ivoiriens.
Poursuivant, André Silver Konan affirme : « En fait, maintenir le FPI ne sert à rien à Pascal Affi N’Guessan. D’abord parce que ceux qui voulaient suivre Laurent Gbagbo au PPA-CI sont partis et ne sont pas forcément attachés au nom. Ensuite parce que ceux qui sont restés ne sont pas restés parce que c’est le FPI, mais parce qu’ils sont attachés aux idéaux défendus par Affi. »
M. André Silver Konan ajoute aussi : « Dans les deux cas, je ne vois pas en quoi conserver le nom d’un outil politique que je n’ai pas fondé et que je trainerais comme un boulet, parce qu’il continue d’être marqué par l’empreinte de ses fondateurs ; me serait vraiment utile. Bref. Je ne suis pas Pascal Affi N’Guessan. »
Qui sont les grands noms de la politique ivoirienne ?
La limite de ce propos réside dans l’émotion qui guide son auteur. Ce type d’état d’âme, Affi N’Guessan n’en a pas et il a peut-être raison. Sur le plan marketing, l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo fait ce qu’il avait peut-être de mieux à faire. Souvenons-nous, avant de partir du FPI pour fonder Leader, Mamadou Koulibaly était plus populaire que M. Affi N’Guessan au sein du parti et dans la classe politique ivoirienne.
En suivant les conseils du type Silver Konan au président frontiste, sa popularité a pris un sacré coup. Aujourd’hui, le nom de Mamadou Koulibaly arrive loin derrière ceux d’Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Guillaume Soro, Affi N’Guessan, Simone Ehivet Gbagbo et Charles Blé Goudé qui sont les plus grands noms de la politique ivoirienne du moment.
Le professeur d’économie a perdu, avec ce changement de parti, le crédit du coup d’éclat réalisé en claquant la porte au nez de Pierre Mazeaud lors des négociations de l’Accords de Lina-Marcoussis.
C’était même Mamadou Koulibaly qui avait fait partir l’armée française de l’esplanade de l’Hôtel Ivoire après le bombardement du camp français de Bouaké. Il n’avait notamment pas hésité à organiser une réunion d’urgence avec les généraux français et ivoiriens pour obtenir le départ de la force Licorne de ce lieu.
Autant d’action de bravoure pour les militants de la gauche ivoirienne qui voyaient en lui le dauphin tout désigné de Laurent Gbagbo. Mais qui se souvient aujourd’hui de l’homme comme un des présidentiables en Côte d’ivoire ?
LIDER de ce grand homme politique est considéré comme un des plus petits partis politiques de Côte d’Ivoire. Avec ce seul instrument, Mamadou Koulibaly peut difficilement prendre le pouvoir d’État un jour en Côte d’Ivoire. Son exemple est assez édifiant pour motiver la bonne décision d’Affi N’Guessan de garder le FPI, qui rappelons-le, a une brillante histoire dans la politique ivoirienne.
C’est le parti politique qui a arraché le multipartisme puis le pouvoir d’État en 2000. Dissoudre un tel instrument à cause des légères polémiques qui l’entourent aurait été une grave erreur. Si Affi N’Guessan, en plus d’avoir littéralement braqué le FPI des mains de Laurent Gbagbo, venait à le dissoudre, il passerait pour un homme d’une rare méchanceté.
Beaucoup parmi ses propres militants pourraient difficilement lui pardonner un tel acte. Mais prenons le cas de figure dans lequel M. Pascal Affi N’Guessan dissoudrait le FPI pour lancer un autre parti politique. Il perdrait rapidement en popularité car sans le FPI auquel est affublé le nom de Gbagbo, il n’est pas certain de demeurer longtemps dans le big five des leaders politiques ivoiriens.
Les 3 plus grands noms de partis politiques de Côte d’Ivoire
Prénoms le nom Facebook. Même si Mark Zuckerberg abandonnait ce nom un jour pour un nouveau, Facebook restera toujours populaire et donc son nouveau propriétaire gagnera rapidement en visibilité. C’est le cas d’ Affi avec le nom FPI qui est une des 3 plus grandes marques de formation politique en Côte d’Ivoire avec le PDCI-RDA, FPI et le RDR devenu RHDP.