Laurent Gbagbo revient au premier plan de la politique en Côte d’Ivoire. L’ancien Président a lancé le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), son nouveau parti politique après le « braquage du FPI » par son ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan.
Laurent Gbagbo s’offre une nouvelle dimension
Après le procès marathon à la CPI où il a été acquitté, Laurent Gbagbo a regagné la Côte d’Ivoire. Si son retour a été un crève-cœur pour une grande partie de ses militants désapprobateurs du traitement infligé ce jour-là à son épouse Simone Gbagbo, le temps de la reconquête semble venu pour le Woody de Mama.
Depuis le samedi 16 octobre jusqu’au dimanche 17, le leader panafricaniste était en congrès constitutif de son nouvel instrument de lutte, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), à Abidjan, à l’Hôtel Ivoire.
Avec le PPA-CI, l’ancien chef de l’État ivoirien se donne une mission supérieure au seul fait de reprendre le pouvoir dans son pays la Côte d’Ivoire. Il va au-delà avec une mission panafricaine. Laurent Gbagbo veut ratisser large avec cette nouvelle machine devant aider à l’émancipation du peuple africain.
Comme le RDA des années 1946, le fondateur du FPI (Front Populaire Ivoirien) veut faire prendre conscience à toute l’Afrique de sa force pour une meilleure émancipation des peuples. Et pour bien afficher cette nouvelle ambition, l’opposant historique de feu Félix Houphouet Boigny, s’ouvre à toutes les forces politiques ivoiriennes et africaines.
Un émissaire d’Alassane Ouattara au congrès du PPA-CI
Pour l’occasion, le RHDP, parti du Président Alassane Ouattara, était représenté par son secrétaire exécutif, Adama Bictogo. L’ancien ministre de l’Intégration africaine s’est même exprimé à ce congrès du plus grand rival de son patron. Pour le congrès constitutif qui s’est déroulé à l’Hôtel Ivoire, le PDCI de Henri Konan Bédié et tous les partis politiques ivoiriens de gauche comme de droite étaient représentés.
Le PPA-CI a des partenaires en Afrique, mais aussi en Europe. En France d’où Jean Luc Mélanchon a adressé un courrier marquant son soutien au nouveau projet de LG. Mais comment rassembler autour d’une forte idée lorsqu’on n’a pas pu garder ses propres troupes ? L’équation s’annonce difficile pour celui qui est aujourd’hui encore le principal animal politique ivoirien.
Mme Simone Gbagbo, future ex-épouse et ancienne camarade de lutte de Laurent Gbagbo, a brillé par son absence à ce congrès. L’ex-première dame s’est envolée le jour même pour la République Démocratique du Congo (RDC) en réponse à une invitation de la fondation OLANGI-WOSHO.
Curieux de faire coïncider son premier voyage à l’extérieur avec le jour de ce congrès censé être une étape importante de son engagement auprès de son futur ex-époux Laurent Gbagbo. Il faut noter que dès son retour au pays, Laurent Gbagbo a introduit une demande de divorce avec Simone Ehivet Gbagbo.
Cette absence remarquée contredit les propos des ténors du nouveau parti de Gbagbo, dont Sébastien Dano Djédjé. L’ancien ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les Institutions assurait que l’ex-Première dame « est favorable au nouveau parti ».
Laurent Gbagbo a pu compter, en plus de son fils Michel Gbagbo, sur la présence de ses filles. Mme Kipré, épouse de son beau-fils, membre du PPA-CI, était également présente.
Charles Blé Goudé, emprisonné avec Laurent Gbagbo plusieurs années à la CPI, n’était pas non plus présent au Congrès. Coincé à La Haye puisqu’il n’a pas encore reçu son passeport des autorités ivoiriennes, il a été l’autre leader de l’opposition que les militants Gbagboïstes auraient bien aimé compter parmi les personnalités présentes à l’Hôtel Ivoire.
Avec le PPA-CI, quelles ambitions pour Laurent Gbagbo ?
Avec ce nouveau parti politique, Laurent Gbagbo se positionne en alternative à Alassane Ouattara dès 2025. Blaise Lasm, un des jeunes leaders du nouveau parti de Laurent Gbagbo, expliquait à Afrique-sur7.fr, que la nouvelle formation a pour objectif, la reprise du pouvoir des mains de Alassane Ouattara en 2025.
Le Président ivoirien est à son troisième mandat rendu possible par la modification de la constitution ivoirienne. Il disait vouloir céder sa place à Amadou Gon Coulibaly, décédé quelques mois avant les élections. Hamed Bakayoko, qui a avait tout du leader naturel après ADO, est lui aussi décédé.
Le RHDP se cherche donc un leader capable de battre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié pour succéder à son champion. Avec la mobilisation du congrès, Laurent Gbagbo s’est très clairement positionné comme le futur Président ivoirien. Alassane Ouattara n’est pas contre un changement générationnel, mais il ne veut pas être le seul de sa génération à se retirer de la course.
L’idée d’une limitation de l’âge des candidats à la Présidentielle, est évoquée. Cette limite d’âge devrait être fixée à 75 ans, mais une telle loi aura beaucoup de mal à être adoptée dans le cadre d’un référendum, surtout au regard du regain de popularité de l’ancien prisonnier de Scheveningen.
S’il avait lui-même pensé à l’idée de s’abstenir d’une candidature après 75 ans, le leader du PPA-CI se refuse aujourd’hui des limites pour son retour au premier plan en politique. Laurent Gbagbo a été élu par acclamation, donc à l’unanimité, pour le poste de Président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI.)