Ouvert ce lundi à Ouagadougou au Burkina Faso, le procès d’Assassinat de Thomas Sankara a été reporté dans deux semaines. Que faut-il retenir du premier jour de ce procès historique?
Procès Thomas Sankara: La défense demande plus de temps pour consulter les pièces du dossier
Le procès des auteurs présumés de l’assassinat pendant le coup d’État de 1987, du révolutionnaire burkinabè, Thomas Sankara, a été renvoyé au 25 octobre à la demande de plusieurs avocats de la défense, qui ont demandé plus de temps pour consulter les pièces du dossier.
L’information a été donnée par le président du tribunal, le juge Urbain Méda, vers 15h Gmt. Les avocats de la défense ont donc obtenu deux semaines, alors que la capitale est actuellement sous haute sécurité pour ce moment important.
Commises d’office, relativement tard de surcroît, les avocates ont expliqué n’avoir obtenu le volumineux dossier. Quatorze hommes sont inculpés et trois d’entre eux sont bien connus : Blaise Compaoré, l’ancien président burkinabè, qui est accusé d’avoir commandité le crime, Gilbert Diendéré, l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, qui est accusé de l’avoir organisé, et Hyacinthe Kafando, qui est soupçonné d’être le chef du commando.
Le procès s’est ouvert peu après 9 h dans la salle des Banquets de Ouaga 2000. Un dispositif exceptionnel a été mis en place. Environ 150 personnes assistaient à cette première audience, en grande majorité des journalistes, mais aussi des membres des familles de Thomas Sankara et des douze autres victimes de la tuerie du 15 octobre 1987 au Conseil de l’Entente.
Douze hommes étaient dans le box des accusés, ce lundi matin. Mais deux manquaient à l’appel : Blaise Compaoré, accusé d’être le commanditaire du crime, qui est en exil à Abidjan depuis 2014, et Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir été à la tête du commando. Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, sera donc particulièrement scruté.
Mariam Sankara, la veuve de l’ancien président, a fait le déplacement depuis Montpellier, où elle réside. Elle a regretté l’absence du principal accusé, Blaise Compaoré.
Attendue depuis 34 ans par les familles des victimes, cette première journée d’audience était essentiellement consacrée au règlement de questions formelles. Les audiences doivent durer plusieurs semaines.
Alouna Traoré, ancien collaborateur de Thomas Sankara et seul survivant de la tuerie du 15 octobre 1987, est présent au procès. «J’éprouve un sentiment de soulagement. On n’y croyait plus mais finalement ce procès se tient enfin. C’est une opportunité unique de rétablir la vérité, a-t-il déclaré à Jeune Afrique. Maintenant, nous voulons que justice soit faite. La justice ne pourra pas nous restituer les rêves de changement de la société que nous avions sous la révolution, mais elle pourra au moins restituer la vérité. Elle finira par être connue. Quant à nos rêves de révolution, c’est aux nouvelles générations de les porter désormais. »