Le sénégalais Lamine Diack, au cœur d’une affaire de corruption qui a marqué l’athlétisme mondial, aurait touché un incroyable chèque sorti par le Qatar pour l’organisation des championnats du monde d’athlétisme (tenus sur son sol en 2019).
L’affaire Lamine Diack et les victoires du Qatar sur la scène internationale
Après une première tentative avortée trois ans plus tôt, le Qatar décroche en 2014 l’organisation des championnats du monde d’athlétisme (tenus sur son sol en 2019). Il y a mis le prix.
Le site Blast qui s’est procuré des documents et rendu publics, mardi, démontre que, comme pour le football, l’émirat gazier n’a pas hésité à mettre la main à la poche pour s’offrir la compétition aux athlètes stars.
Le bénéficiaire de ces commissions occultes n’est autre que l’ancien président de la fédération internationale d’athlétisme (la International association of athletics federation, rebaptisée World athletics et désormais présidée par le britannique Sebastian Coe), le Sénégalais Lamine Diack.
Un montant de 4,500,000 dollars américains, soit plus de 25 milliards Fcfa a été versé dans ses comptes . « Conformément aux nobles instructions de son Excellence le Sheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, Prince héritier vénéré, un montant de 4,500,000 dollars américains a été versé à Monsieur Lamine Diack, Président de la Fédération internationale d’Athlétisme, en récompense au soutien qu’il va apporter à l’Etat du Qatar pour l’organisation du Mondial 2017 (1) d’Athlétisme », explique le ministre.
En 2015, Lamine Diack terminait son dernier mandat à la tête de l’IAAF devenue World Athletics. En novembre 2015, tout bascule pour lui, quand il est mis en examen par la justice française pour une affaire de corruption passive et de blanchiment aggravé liés au scandale du dopage en Russie.
Le Sénégalais est suspendu du Comité international olympique (CIO), dont il était membre honoraire, et son passeport est saisi par la justice française.
Reçu auparavant avec les honneurs partout où il allait en raison de son statut de dirigeant d’une organisation importante, Lamine Diack se voit interdit de quitter le territoire français.
Le 8 juin 2020, le procès pour « corruption et blanchiment d’argent présumés » de Lamine Diack s’ouvre devant la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris.
En septembre 2020, Diack est reconnu coupable d’avoir accepté des pots-de-vin d’athlètes soupçonnés de dopage pour dissimuler des résultats de tests et de les avoir laissés continuer à participer à des compétitions, notamment aux Jeux olympiques de Londres en 2012.
Selon le juge, ses actions ont « porté atteinte aux valeurs de l’athlétisme et à la lutte contre le dopage ». Il est condamné à quatre ans de prison, dont deux fermes, et à payer une amende de 500 000 euros (327 millions FCFA).
Ses avocats ont tout de suite fait appel en évoquant son âge avancé
Le fils de Diack, Papa Massata Diack, qui a été banni à vie de l’athlétisme en 2016, a été condamné à cinq ans de prison et à une amende de 1 million d’euros (913 850 GBP). Le Qatar a fait du sport un outil d’influence. Le pays qui s’apprête à accueillir la Coupe du monde de Football en 2022, avait déjà accueilli en 2015 le championnat du monde de handball.
Il est aussi soupçonné sur un autre terrain, celui de l’athlétisme : depuis 2016 et les révélations du quotidien Le Monde, de lourds soupçons planent sur les conditions dans lesquelles il s’est porté candidat pour être le pays hôte des Mondiaux de 2019, après avoir perdu l’édition de 2017 (organisée à Londres).