Suite à la détention suivie de l’expulsion de l’animatrice ivoirienne Yann Bahou, du Gabon, alors qu’elle y était pour des raisons familiales, Ahouman Gaël Lakpa, auteur-écrivain, a tenu à inviter la ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire, Mme Kandia Camara, à s’auto-saisir de cette affaire « qui non seulement déshonore notre pays, mais aussi provoque l’indignation générale ».
Yann Bahou détenue à l’aéroport de Libreville (Gabon): Lettre ouverte d’un citoyen ivoirien à la ministre Kandia Camara
Madame la ministre des Affaires étrangères et de l’intégration africaine, je voudrais par la présente vous interpeller en attirant votre regard sur un incident qui pour l’heure peut paraître banale sur les réseaux sociaux, mais qui pourtant en réalité devrait susciter un intérêt national, mais aussi particulier de votre part, vous et les autorités Gabonaises.
Depuis bien des années, cela ne constitue en effet plus un secret pour personne. Le mauvais traitement que subissent et dont sont victimes certains de nos frères et concitoyens s’aventurant pour des raisons diverses au-delà de nos frontières Ivoiriennes (notamment aux aéroports et barrages routiers de la sous région et même ailleurs) devient assez récurrent et tend à s’aggraver.
Dans les faits, plusieurs témoignages attestent que lors de certains voyages à l’extérieur, des compatriotes se font de plus en plus attaqués, harcelés, voire humiliés dans des pays voisins. S’ils ne sont pas victimes du raquette abusif, ils sont carrément déshumanisés par des traitements de tout genre.
La dernière en date, c’est l’animatrice émérite, Yann Bahou, ambassadrice de notre nationalité et de notre culture, qui a subi la malchance d’en être victime. Madame la ministre, cette dame a été privée de tous ses droits élémentaires à l’aéroport international de Libreville au Gabon. Elle relate avoir été illégalement et arbitrairement détenue par la police à l’aéroport international de Libreville pour une cause inconnu, mais aussi banale et assez inexplicable que le simple fait d’être animatrice et étrangère (Côte d’Ivoire). Ces faits se sont déroulés dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 septembre 2021, de 19 h à 09 h du matin.
« Nous voulons comprendre comment est-ce possible que des concitoyens ivoiriens, bien qu’ayant les documents en règle, soient arrêtés, détenus et privés de tout »
Madame la ministre, nous voulons comprendre. Que même au-delà de cette animatrice, comment est-ce possible que des concitoyens ivoiriens, bien qu’ayant les documents en règle, soient arrêtés, détenus et privés de tout : téléphones, nourriture, eau, contact extérieur etc ? Sur les faits, que disent les autorités gabonaises ? L’ivoirien est-il aussi hostile que cela ? Est-ce là le début d’un sentiment anti-ivoirien ?
Cette affaire, fait présentement le bruit des réseaux sociaux. Mais elle ne devrait pas seulement y rester. N’en faisons pas une affaire banale. C’est pourquoi nous vous invitons, madame la ministre à vous en saisir en écoutant tout d’abord l’animatrice (qui est présentement en Côte d’Ivoire) sur les faits qu’elle narre et ensuite, donner une suite à cette affaire qui non seulement déshonore notre pays, mais aussi provoque l’indignation générale. Il faut impérativement restaurer l’autorité et l’image de l’ivoirien dans la sous-région, mais partout ailleurs.
Nous sollicitons par ailleurs votre intervention en raison du fait qu’il faut que cela cesse maintenant. Il faut que l’ivoirien soit respecté où qu’il se trouve dans le monde. Depuis toujours, notre pays a cette réputation d’être l’un des pays les plus hospitaliers du monde. Et cela n’a pas encore changé. Dans ce cas, rien, mais alors rien ne peut expliquer que nous soyons aussi méprisés et maltraités dans les aéroports et autres endroits, à l’étranger.
N’attendons pas le pire avant d’agir. Vaux mieux prévenir que guérir, avant même que l’on nous annonce à la longue un drame, voire la mort d’un des nôtres dans une cellule de fortune, dans d’autres situations aussi banales que calamiteuses frôlant la xénophobie. En espérant que vous accorderez une attention particulière à notre sollicitation, veuillez Madame la ministre agréer l’expression de toute notre profonde considération.
Ahouman Gaël Lakpa,
Citoyen Ivoirien,
Auteur-Écrivain :
Poète, Romancier et Dramaturge,
Analyste Sociopolitique.