Le retour de Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte militaire au pouvoir entre décembre 2008 et décembre 2009, est imminent en Guinée après le 3ème coup d’Etat de son histoire. Les nouvelles autorités du pays l’ont annoncé jeudi 16 septembre.
Guinée: La junte annonce le retour de Dadis Camara à Conakry
Alors que la CEDEAO envoie le Président Ghanéen à Conakry pour exiger la libération immédiate d’ Alpha Condé, la junte au pouvoir en Guinée depuis le 5 septembre 2021, a annoncé jeudi qu’elle étudie le retour de Dadis Camara au pays. « En toute vraisemblance, le Capitaine Moussa Dadis Camara devrait pouvoir regagner la Guinée d’ici la fin Septembre avec tous les honneurs liés à son statut d’officier et d’ancien chef d’Etat », ont déclaré les autorités militaires.
Le capitaine Moussa Dadis Camara est en exil au Burkina Faso depuis le 12 janvier 2010 après des soins au Maroc. En 2015, il avait manifesté son intention d’être candidat à la présidentielle en Guinée. Ce qui n’aurait pas été du goût d’ Alpha Condé. Le 26 août 2015, il prend finalement l’avion pour Conakry, mais le vol est dérouté à Accra : Alpha Condé aurait appelé en urgence le président ivoirien, Alassane Ouattara, pour lui demander de bloquer l’arrivée de Dadis Camara qui devait passer dans le ciel ivoirien, selon Jeune Afrique.
Le 26 à 7 h 30, rapporte le média panafricain, Dadis et ses quatre compagnons de voyage sont accueillis dans le salon d’honneur de l’aéroport de Ouagadougou, puis accompagnés par le protocole burkinabè jusqu’à l’avion Air Burkina pour Abidjan. À 8 h 30, l’avion décolle. Jusque-là, tout va bien. Les cinq hommes doivent atterrir à Abidjan à 9 h 45, puis, à 12 h 10, prendre un vol commercial Air Côte d’Ivoire à destination de Conakry. Mais à 9 h 35, dix minutes avant l’atterrissage à Abidjan, le commandant de bord annonce aux passagers que l’avion est dérouté sur Accra.
Depuis cette date, Dadis Camara n’est jamais revenu sur la terre de ses ancêtres guinéens. Les coups d’Etat sont en effet récurrents dans ce pays de l’Afrique de l’ouest indépendant depuis 1958. Auteur d’un coup d’Etat une semaine après le décès du Président Ahmed Sékou Touré en avril 1984, le général Lansana Conté avait mis en place le Comité militaire pour le redressement national (CMRN). Cet organe l’a proclamé deux jours plus tard président avec comme objectif d’établir un régime démocratique. Conté a été par la suite régulièrement réélu jusqu’à sa mort le 22 décembre 2008 sans parvenir à son objectif de départ.
Une junte sous la bannière du Comité national pour la démocratie et le développement (CNDD), conduite par le capitaine Moussa Dadis Camara, prend alors le pouvoir le 24 décembre 2008. Dadis Camara est à son tour victime d’une tentative de coup d’Etat, un an tout juste après son installation. Blessé à la tête lors de l’opération et évacué au Maroc, il démissionne quelques jours après. C’est alors que Sékouba Konaté devient Président de la Transition à la suite de la déclaration de Ouagadougou et organise la présidentielle de 2010. Un scrutin remporté par Alpha Condé.
Climat politique délétère assorti d’un marasme économique
L’histoire s’est répétée à nouveau avec le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) mis en place par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya et ses hommes, les nouveaux maîtres de la Guinée depuis quelques jours. Les difficultés des Guinéens n’ont jamais été aussi aiguës. L’inflation est à 20% ; ce qui a poussé l’Etat à réduire de 5% les salaires des fonctionnaires, selon Cheikh Yérim Seck, analyste politique et ancien de Jeune Afrique. En 2020, la Guinée a engrangé 4 milliards USD en ressources tirées de la bauxite. Le pays a vendu 80 millions de tonnes de bauxite et n’a pas pu payer le moindre penny de dette, ni intérieure ni extérieure.