L’opposant ivoirien, Babily Dembélé, est sorti de prison dans la nuit du mercredi 15 septembre 2021, après 10 mois et 24 jours d’incarcération à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Joint par le confrère Linfodrome, le président du Congrès ivoirien pour le développement et la paix (CIDP) revient sur les conditions de sa libération.
Babily Dembélé à sa sortie de prison: « Je n’en veux à personne, je n’ai pas de rancune »
« Hier (mercredi 15 septembre 2021 : ndlr) à 22 heures, toutes les portes étaient fermées. J’ai entendu des bruits des gens qui frappaient à ma porte. « Président Babily, président Babily ». C’étaient des gardes pénitentiaires. Quand j’ai ouvert la porte, ils étaient au nombre de 3 ou 4. Ils étaient venus pour me chercher dans ma recèle numéro 12. Moi, je n’étais pas dans une cellule. C’était une chambre que je partageais avec le commandant Kipré. Ils m’ont dit : « Faites vos bagages rapidement. On vous attend ! ». Je leur demande qui m’attend ? Ils me disent que des instructions ont été données pour ne pas que tu dormes ici aujourd’hui. Eux-mêmes m’ont aidé à faire les bagages. Et puis, je suis descendu. J’ai fini de remplir les formalités à minuit. Nous étions un peu nombreux, mais les autres sont restés. On m’a dit que leur libération aura lieu ce matin (jeudi 16 septembre 2021 : ndlr).
Il y a 3 de ceux qui ont été arrêtés avec moi qui sont restés à la Maca. Ils sont dans l’attente. Il y a seulement Konan Florent et moi qui avons bénéficié pour le moment de cette libération. Mais Konan n’a pas pu remplir les formalités, donc il est resté là-bas. C’est ce matin qu’il va remplir les formalités. Moi, je suis sorti seul hier nuit. Je suis arrivé à la maison, pratiquement à 1 heure du matin. J’ai été bien accueilli dans la grande famille à Anyama. Ce matin, je vais m’incliner sur la tombe de ma maman. J’ai choisi de venir à Anyama pour d’abord m’incliner sur la tombe de ma maman et rendre grâce à Dieu, et prier demain (vendredi 17 septembre 2021 : ndlr) dans ma grande mosquée d’Anyama, la mosquée Babily Dembélé où je vais recevoir la bénédiction des imams et des musulmans. Je vais prier pour eux. Nous allons prier pour le pays pour la paix, l’amour entre les fils du pays. Je n’ai pas dormi la nuit. Mon téléphone n’a cessé de sonner. On m’appelait de partout.
« Nous n’avons jamais été mêlés à un quelconque complot d’atteinte à la sureté de l’Etat »
Nous avons fait la prison, mais cela n’a pas été difficile pour nous grâce au soutien de tout le personnel pénitentiaire. Ils ont été très sympas, fraternels vis-à-vis de ma personne et de pratiquement tous les prisonniers. Je salue au passage mon frère, le commandant de compagnie Diané. C’est vrai que la prison n’est pas une bonne chose, mais dans l’ensemble, les gardes pénitentiaires nous ont soutenus, notamment le régisseur lui-même et le commandant Diané. Hier, ils sont restés à mes côtés jusqu’à minuit pour remplir les formalités afin que je puisse sortir.
J’ai passé 10 mois 24 jours à la Maca. Il faut noter que je suis un croyant. Et Dieu a voulu que je passe ce temps là-bas. Je n’en veux à personne, je n’ai pas de rancune. Bien au contraire, c’est l’amour de Dieu avant tout. Dieu a voulu que je sorte de la prison, en bonne santé. Je rends grâce à Dieu et je le remercie de m’avoir gardé en bonne santé. Je prie également toutes les autorités de ce pays, à commencer par le président de la République, de penser à libérer tous les détenus politiques. Pour nous, le combat pour la paix continue. Nous n’avons jamais été mêlé à un quelconque complot d’atteinte à la sureté de l’Etat. C’est Dieu qui a voulu qu’on soit en prison. Mais nous continuons notre combat pour la paix et la réconciliation et l’amour dans ce pays ».