Gestion Covid-19 – L’ex-ministre de la Santé de France, Agnès Buzyn, est convoquée ce vendredi devant la Cour de Justice de la République (Cjr) après une enquête contre la fonctionnaire de l’OMS pour «abstention de combattre un sinistre».
Agnès Buzyn probablement mise en examen pour «abstention de combattre un sinistre»
Un peu plus d’un an et demi après la démission de l’ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn comparaîtra notamment devant la CJR pour «abstention de combattre un sinistre» ou encore « mise en danger de la vie d’autrui » pour sa gestion du coronavirus.
Selon Le Monde, cette convocation s’inscrit dans le cadre de l’information judiciaire ouverte le 3 juillet 2020. Cette convocation de l’ancienne ministre, devenue envoyée du directeur général pour les affaires multilatérales de l’OMS, fait suite à la réception de 14 500 plaintes, dont certaines ont été jugées recevables.
De sources proches du dossier, l’ex-ministre des solidarités et de la santé (mai 2017-février 2020), Mme Buzyn n’avait pas déféré à une première convocation de la CJR, au mois de juillet ; une dérobade peu appréciée par les enquêteurs.
Les magistrats ont donc dressé un procès-verbal de non-comparution visant l’ex-ministre, avant de lui faire parvenir une nouvelle convocation. Présumée innocente, l’ancienne ministre peut encore espérer repartir avec le statut de témoin assisté.
Des quatre ministres ou anciens ministres, épinglés jusque-là par la CJR, c’est la première à être convoquée et la plus vulnérable sur le plan judiciaire. En octobre 2020 déjà, plusieurs ministres avaient été perquisitionnés à la suite de plaintes de citoyens sur leur gestion de la crise, provoquant de vives polémiques sur le lien entre politique et justice.
L’actuel ministre de la Santé, Olivier Véran, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et les ex-membres du gouvernement Agnès Buzyn (Santé) et Sibeth Ndiaye (ex-porte-parole du gouvernement), ainsi que le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, avaient notamment reçu la visite des enquêteurs à leur domicile.
En septembre 2020, Agnès Buzyn avait déclaré devant la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise du Covid, avoir eu « le sentiment d’avoir tout préparé ».
« Si j’avais dit que l’on allait avoir une pandémie mondiale, on m’aurait traitée de folle »
La question du manque de masques sera néanmoins l’un des éléments centraux du dossier. Si la diminution du stock au fil des années ne lui incombe pas uniquement, l’ancienne ministre de la Santé avait apporté des précisions sur la livraison tardive des protections.
« Le problème, c’est que les masques sont fabriqués à Wuhan. Lorsque l’on a lancé la commande, Wuhan était déjà fermé. Si l’on avait voulu éviter une pénurie, il aurait fallu lancer la commande avant le 22 janvier. Mais avant cette date, il n’y avait que 6 décès. » Elle ajoute : « Si j’avais dit le 21 janvier que l’on allait avoir une pandémie mondiale, on m’aurait traitée de folle ».
Cela tient à ses propos au lendemain de son échec aux municipales parisiennes, en juin 2020, affirmant qu’elle était au courant de l’ampleur de la pandémie à venir et de la dangerosité du virus. «Quand j’ai quitté le ministère, s’était-elle alors confiée à la presse, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu ».
Puis, devant la commission parlementaire, l’ancienne ministre avait affirmé avoir prévenu bien en amont l’exécutif sur les risques de la pandémie. Agnès Buzyn encourt des peines de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende pour « abstention de combattre un sinistre », ainsi qu’un an de prison assorti d’une amende de 15 000 euros.