Dans un communiqué en date du mercredi 1er septembre 2021, le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Thomas Camara, annonçait la découverte de réserves de pétrole brut et de gaz naturel associé dans le bassin sédimentaire ivoirien par la société italienne Eni, dans le bloc CI-101, en eaux profondes, opérée en consortium avec la société nationale PETROCI Holding. L’annonce de cette importante découverte a suscité plusieurs questionnements des Ivoiriens sur la part qui revient à l’Etat de Côte d’Ivoire, soit 10% de la production. Afrique-sur7 a interrogé un expert dans le domaine pétrolier qui explique ce que sont réellement les CPP (contrat de partage de production).
Un Expert en pétrole: « La part de l’Etat dans les CPP (contrats de partage de production) varie en fonction des CPP, entre 10% et 20% »
La Côte d’Ivoire et le groupe italien ENI ont récemment annoncé, à la grande joie du président de la République, Alassane Ouattara, la découverte de réserves pétrolières et gazières évaluées respectivement à environ 2 milliards de barils et 2400 milliards de pieds cube. « Le potentiel peut être estimé, de manière préliminaire, à 1,5 à 2 milliards de barils de pétrole brut, d’une part, et, d’autre part, à 1 800 à 2 400 milliards de pieds cube de gaz associé », a expliqué le ministre Thomas Camara. Selon qui, cette découverte importante viendra fortement accroître les réserves prouvées de la Côte d’Ivoire, ainsi que sa production pétrolière et gazière dans les années à venir.
« C’est une bonne et grande nouvelle pour notre pays. Sans être encore un grand du pétrole comme peut l’être le Nigeria avec ses réserves de 37 milliards de barils, notre pays frappe désormais à la porte de l’OPEP. Cette découverte n’est d’ailleurs qu’une étape, dans l’attente des résultats des permis accordés à Total, Tullow Oil et à d’autres compagnies internationales », s’est réjoui le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’guessan. Mais là où le bât blesse, c’est au niveau de la clé de répartition de la production, qui donnerait 10% à l’État de Côte d’Ivoire et 90% à la société ENI. Pour beaucoup d’Ivoiriens, celle-ci est injuste car pas sûre de profiter à la population dont les espoirs se retrouvent ainsi déçus après l’annonce en grande pompe de cette découverte.
Interrogé pour en savoir davantage sur les contrats de partage de production (CPP) en la matière, un responsable d’une des sociétés pétrolières ivoiriennes, invite les Ivoiriens à savoir raison garder et à faire la part des choses. « Un pays pétrolier, c’est au minimum 1 million de barils par jour. Le pétrole est le résultat de transformation des sédiments pendant plusieurs siècles allés à la structure des sols. Dans le golfe de Guinée, le pétrole est offshore, c’est-à-dire dans des eaux profondes (océan en ce qui concerne notre cas). Alors, pour extraire du pétrole en eaux profondes, 1,5 km au fond de l’océan, les moyens techniques, financiers et humains requis, sont extrêmement considérables. Les pays africains n’ont pas ces moyens. Alors, il faut faire appel à des sociétés pétrolières privées qui prendront une part importante de la production au regard des immenses risques de l’exploration pétrolière », explique-t-il d’emblée.
Dans le cas de la Côte d’Ivoire, fait savoir notre expert, cela se fait dans le cadre du contrat de partage de production. « L’Etat ne paye rien de la sismique à l’exploration; tout est à la charge du partenaire privé qui perd tout si l’exploration s’avère infructueuse (…) La part de l’Etat dans les CPP (contrat de partage de production) varie en fonction des CPP, entre 10% et 20%; tout est une question de négociation. Mais il faut savoir que 10% des revenus, impliquent 10% des dépenses de production », prévient-il. A ceux qui seraient tentés de comparer le cas de la Côte d’Ivoire à celui d’autres pays comme le Nigéria, notre interlocuteur est catégorique. « Au Nigeria, la production est onshore. Sur la terre ferme, les risques sont beaucoup moins élevés. Les moyens techniques et financiers aussi. Le Nigéria produit donc environ 1,5 millions de barils par jour », dit-il.