La situation reste toujours tendue dans le village de M’Batto-Bouaké, dans la sous-préfecture de Bingerville, après les tensions liées à la chefferie, qui ont causé la mort d’un fils du village.
Kouadio AGOBEY Jérôme, premier notable de la chefferie intérimaire de M’Batto-Bouaké: « Badiglon n’a plus sa place à la tête du village »
Jean-Marie Ahiman N’douffou, fils du chef intérimaire Gbéi N’douffou, chef suprême de la génération Gnondôh au pouvoir dans le village de M’Batto-Bouaké, a été tué le samedi 21 aout dernier, lors d’échauffourées avec des partisans du chef déchu Anoman Badiglon Edouard. En effet, par arrêté préfectoral du 21 juillet 2020, Monsieur Anoman Badiglon Edouard, alors chef du village, a été suspendu pour « son incapacité de présenter au préfet qui lui demande le bilan de sa gestion et enfin le rapport du sous – préfet de Bingerville sur sa gestion ».
Selon Kouadio AGOBEY Jérôme, premier notable de la chefferie intérimaire de M’Batto-Bouaké, membre de la génération Gnondôh au pouvoir, un rapport a fait ressortir des ventes illicites de terrains et des abus de biens sociaux par le chef Anoman Badiglon Edouard ; deux points qui sont repris dans l’arrêté préfectoral du 21 juillet 2020 prononçant sa suspension pour une période de six mois et son remplacement par le chef suprême de la génération au pouvoir Monsieur GBEI N’douffou. Depuis la suspension du chef Anoman Badiglon, suivie de son remplacement, le village de M’Batto-Bouaké connait régulièrement des tensions.
« Avec l’arrivée du nouveau préfet d’Abidjan, nous avons nourri beaucoup d’espoir quant à la résolution du problème de chefferie à M’Batto-Bouaké. Pour permettre à l’administrateur d’être parfaitement informé de la situation, nous lui avons envoyé des dossiers complets retraçant toutes les péripéties que nous avons traversées. Plus important, la génération Gnondoh, après une rencontre avec le préfet, s’est réunie, conformément aux recommandations du préfet, pour lui faire des propositions. A l’issue de la rencontre, les Gnondoh ont adressé un courrier de demande d’audience au préfet le 16 aout 2021, afin de l’informer de vive voix, de leurs propositions pour la chefferie. Jusque-là nous n’avons pas encore de retour », s’étonne Kouadio AGOBEY Jérôme.
« Il s’agit pour nous de sauver l’avenir de toute une population »
A en croire le premier notable de la chefferie intérimaire de M’Batto-Bouaké, c’est dans cette atmosphère d’accalmie relative, qu’Anoman Badiglon Edouard a fait répandre dans le village, l’information selon laquelle il avait obtenu l’arrêté préfectoral pour être à nouveau chef de village de M’Batto-Bouaké. Ce qui a provoqué un regain de tension qui s’est soldé le samedi 21 aout dernier, par l’assassinat de Jean-Marie Ahiman N’douffou par les partisans d’Anoman Badiglon Edouard.
« Au nom des membres de la génération Gnondoh de M’Batto-Bouaké, vu les actes de malversation et de gestion opaque du foncier du village, aggravé par l’assassinat d’un fils de M’Batto Bouaké par ses partisans, nous disons non au maintien de Anoman Badiglon Edouard, chef suspendu pour malversations avérées, comme chef du village de M’Batto-Bouaké. Nous ne pouvons pas l’accepter », prévient la génération Gnondôh.
Puis Kouadio AGOBEY Jérôme, d’enfoncer le clou: « Il s’agit pour nous de sauver l’avenir de toute une population, avenir mis en danger par un chef du village qui ne pense qu’aux siens et à ses intérêts personnels. Un tel chef n’a plus sa place à la tête du village et nous prions nos Autorités compétentes de trouver une solution définitive qui est, pour nous, la validation du choix du nouveau chef. C’est la seule manière de ramener la quiétude au village et de garantir son développement à travers une gestion saine et participative de la question foncière ».