La rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie pourrait également se déporter sur le terrain économique. Alger menace d’ailleurs de se passer du gazoduc Maghreb-Europe, qui est pourtant une véritable manne dans l’économie marocaine.
Le gazoduc Maghreb-Europe, autre champ de bataille entre Maroc et Algérie
La coopération entre Rabat et Alger s’est fortement détériorée ces derniers temps pour aboutir à une rupture totale des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie. Ces deux pays maghrébins entretiennent en effet, depuis plusieurs années, des relations conflictuelles, qui ont finalement débouché sur le rappel de leurs ambassades respectives, ainsi que le rappel de leurs personnels diplomatiques, il y a à peine deux jours.
Lors de la Fête du Trône, fin juillet, le Roi du Maroc Mohammed VI, lançait cependant cet appel au président algérien, Abdelmadjid Tebboune : « Nous renouvelons notre invitation sincère à nos frères en Algérie, pour œuvrer de concert et sans condition à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage. » Appel qui était d’ailleurs pris avec quelques réserves du côté d’Alger.
C’est dans cette atmosphère les autorités algériennes annoncent qu’elles pourraient se passer du gazoduc Maghreb-Europe. Ce pipeline d’une capacité de 13 milliards de m3, faut-il le rappeler, sert principalement à acheminer du gaz depuis l’Algérie pour alimenter la production d’électricité marocaine puis livre ensuite l’Espagne. Elle constitue par ailleurs un véritable poumon de l’économie marocaine. Le contrat liant les deux pays voisins arrive à échéance fin 2021.
En lieu et place, l’Algérie s’engage à « couvrir l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz » qui relie directement les deux pays, a indiqué Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie et des Mines, à l’ambassadeur d’Espagne, lors d’une rencontre.
« Je pense qu’on est au-delà du bluff, et qu’on est réellement dans des jeux de pouvoir entre l’Algérie et le Maroc », indique Philippe Sébille-Lopez, spécialiste des enjeux pétroliers et gaziers à Géopolia. Puis, il ajoute : « Par anticipation, les Algériens avaient décidé d’augmenter les capacités de l’autre gazoduc qui va lui aussi vers l’Espagne, mais directement à partir de l’Algérie à travers la Méditerranée. »