Le Sahel est devenu le nouveau repaire des terroristes qui endeuillent bon nombre de pays africains. Amnesty International, dans un rapport publié mardi, révèle les provenances des armes utilisées par ces marchands de la mort.
Amnesty International évoque des « armes de fabrication serbe » des terroristes du Sahel
Il ne se passe presque plus de jour sans que l’on entende parler d’une attaque terroriste perpétrée dans un pays sahélien. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont en effet la zone de prédilection de ces djihadistes, qui contrôlent presque des zones entières, qu’ils ont transformées en un véritable No man’s land.
Mais d’où ces terroristes tirent-ils l’impressionnant arsenal militaire qu’ils prennent pour accomplir leurs basses besognes ? Telle est l’interrogation qui taraudait, jusque-là, bon nombre d’observateurs. Si certains ont vite fait de faire le rapprochement avec la chute du guide libyen, Mouammar Kadhafi, et les pillages de ses poudrières, Amnesty International vient de donner quelques pistes à suivre.
Des experts en armement de l’ONG ont en effet publié sur leur site un rapport qui établit formellement que les armes utilisées par des groupes armés dans la région sahel, du moins l’un d’eux affilié à Daech, sont de fabrication serbe.
« Les nouveaux fusils, certains étant les modèles les plus récents qui existent, correspondent à des transactions entre la Serbie et le Burkina Faso, ce qui laisse à penser que ces armes ont été vendues récemment au gouvernement burkinabé avant de tomber entre les mains de groupes armés », indique le rapport.
La République tchèque, la France et la Slovaquie sont également incriminées dans ce rapport comme étant les fournisseurs en armes de ces groupes terroristes. C’est du moins ce qui ressort de l’analyse des données relatives aux transactions commerciales. Et ce, en toute violation du Traité sur le commerce des armes (TCA), qui interdit tout transfert d’armes s’il existe un risque qu’elles servent à commettre ou faciliter des violations des droits humains.
« Dans ce contexte qui ne cesse de s’aggraver, les États doivent faire preuve d’une extrême prudence en matière de transferts d’armes au Sahel. Il existe un risque inacceptable que les armes soient détournées vers des groupes armés », a déclaré Patrick Wilcken, responsable du programme entreprises, sécurité et droits humains à Amnesty International.
Puis, il ajoute : « Alors que se tiendra la semaine prochaine la conférence annuelle sur le Traité sur le commerce des armes, nous engageons tous les États à se montrer à la hauteur de leurs obligations et à ne pas valider de transferts d’armes susceptibles de favoriser des violations des droits humains. »
« Les armes serbes que nous avons identifiées prouvent une nouvelle fois que les armements vendus à des gouvernements de la région du Sahel risquent de tomber aux mains de groupes armés violents et d’alimenter un conflit qui ne cesse de s’aggraver », prévient toutefois Amnesty.