Les Éléphanteaux basketteurs ivoiriens sont libres, après 11 jours d’isolement en raison du covid-19 en Egypte où ils étaient partis pour disputer le Championnat d’Afrique de basket des moins de 16 ans avec la Côte d’Ivoire.
« Séquestrés » au Caire (Egypte) pendant 11 jours, les Éléphanteaux basketteurs libérés
Déclarés positifs à la Covid à leur arrivée en Égypte, plusieurs athlètes ivoiriens ont été placés en isolement par les autorités sanitaires égyptiennes. Ils ont été libérés dimanche après 11 jours de détention dans des conditions atrocement inacceptables pour des athlètes de hauts niveau. Ils seront restés 15 heures, sans manger ni boire.
Les frères jumeaux Ylan Esso Essis et Jess Esso Essis se sont confiés au site français ouest-france.fr où ils racontent leur calvaire qui a commencé depuis l’aéroport. Ils ont eu la vie sauve grâce à Jean-Yves Esso, leur père, témoignent les frères jumeaux basketteurs enfin rentrés en France, depuis mardi 17 août 2021. « On ne nous a jamais montré le résultat de ces tests, pestent-ils. On en a fait un avant d’embarquer dans l’avion, il était négatif », confie Ylan qui ne savait pas encore qu’il ne mettrait pas le pied sur un terrain de basket.
Sans rien leur expliquer, on les enferme dans une pièce exiguë, avec deux autres joueurs de l’équipe, positifs également. “Au début, on se parlait, on se demandait ce qui se passait », raconte Jess. Mais les heures passaient, et on ne voyait personne. C’était le moment le plus énervant : on imaginait tout et n’importe quoi, on s’énervait.
« On a commencé à avoir peur », se souviennent les jeunes basketteurs
Avant de découvrir, une fois conduits à l’hôpital, que l’eau et la nourriture sont payantes et coûtent chères : ils découvriront plus tard qu’un de leurs coéquipiers, avec qui ils sont dorénavant séparés, aura payé une bouteille d’eau 5 €. La question ne se pose pas pour eux : leurs bagages confisqués à l’aéroport, ils n’avaient pas d’argent.
Alors, ils se sont résignés à boire l’eau du robinet. Pourtant, tout le monde nous répétait qu’elle était porteuse de maladie. Mais on avait tellement soif… On leur a également donné de la nourriture. Mais c’était immangeable, se souvient Jess. “C’était tout froid, on n’a rien pu avaler. Là encore, les heures défilent. On a commencé à avoir peur. On ne savait jamais à quoi nous attendre…” Ils communiquaient par mime avec leurs geôliers.
Au bout de quatre ou cinq jours, ils sont en contact avec une association qui les aide, leur donne de quoi se nourrir, les informe de la situation et leur offre une connexion internet. À partir de là, ils ont pu entrer en contact avec leurs parents et découvrir que leur père s’est démené pour trouver une solution à leur situation inextricable. Il a fait le voyage jusqu’en Égypte pour taper à toutes les portes.
À l’hôpital, à l’ambassade, au consulat, à l’aéroport… Sans notre père, on serait toujours en Égypte, lâche, sentencieux, Jess. Son frère renchérit. Quand on parlait avec nos coaches, ils nous répétaient tous les jours qu’on allait sortir demain. Et on ne sortait jamais. C’était dur pour le moral.
Ils se sont soutenus mutuellement, tout au long de leur cauchemar. “Jusqu’à la délivrance. L’hôpital nous a donné un jour de sortie : le 15, à 9 heures », explique Jean-Yves Esso, leur père. Mais là encore, on a essayé de nous décourager. Ils n’avaient pas terminé la paperasse administrative, nous ont-ils dit…
Alors, ils repoussent encore leur départ. À midi, le même jour. Et enfin, ils peuvent prendre la poudre d’escampette. “On était dégoûté de ne pas avoir pu concourir », râle Ylan. Et on l’est toujours ! Son frère relativise. On a le temps d’en faire d’autres, des championnats ! Ce n’est que partie remise. Ils ont déjà repris le chemin des entraînements, d’abord à petite dose avec leur père. Puis, à la fin du mois, ils rejoindront Le Mans Sarthe Basket (MSB), en essayant de laisser cet épisode derrière eux.
La médiation du président de la fédération, Mahama Coulibaly, auprès des autorités égyptiennes a eu gain de cause à la grande satisfaction de la délégation ivoirienne présente au Caire pour le Championnat d’Afrique U16 Hommes. Après 10 jours de quarantaine, les athlètes ivoiriens déclarés non contagieux ont été récupérés par le Président de la Fédération Ivoirienne de Basketball (FIBB). Malgré les assurances des médecins, un nouveau test PCR sera effectué sur instructions du Président de la FIBB afin d’avoir les coudées franches pour le départ des 4 jeunes qui ont rejoint directement leur famille dans la nuit du 16 au 17 août. Pour l’heure, ce sont des enfants heureux qui ont retrouvé leurs coéquipiers et le représentant des familles.