L’ Éthiopie – Paris a suspendu depuis juillet avec Addis-Abeba son accord de coopération militaire, symbole du rapprochement avec le pays d’Abiy Ahmed.
L’ Éthiopie adopte un ton anti-occidental, la France rompt l’aide militaire
L’Ethiopie est le théâtre depuis neuf mois d’un conflit entre rebelles et forces gouvernementales dans la région du Tigré (nord), où la famine menace des centaines de milliers de civils. C’est dans ce contexte sécuritaire de plus en plus dégradant que la France a annoncé vendredi la suspension, depuis juillet, de sa coopération militaire avec le pays, selon l’Elysée.
D’après une source diplomatique, c’est même la relation de confiance entre les deux pays qui s’est dégradée alors que l’Éthiopie adopte ouvertement un ton anti-occidental depuis plusieurs mois.
Le conflit au Tigré a tendu les liens de l’Ethiopie avec d’autres alliés, comme les États-Unis où l’administration Biden critique ouvertement la guerre. Un émissaire américain va être dépêché cette semaine en Ethiopie afin d’exiger la fin des combats dans cette région où la crainte d’une catastrophe humanitaire s’intensifie, a indiqué Washington jeudi.
Il y a deux ans, la signature de l’accord de coopération militaire était le symbole du rapprochement entre la France et la nouvelle Éthiopie d’Abiy Ahmed. Emmanuel Macron se félicitait à l’époque « de signer un accord avec un dirigeant qui a décidé de construire la paix dans la région ». La France participait à la formation de la future marine éthiopienne.
Le projet est désormais interrompu, signe d’une dégradation supplémentaire des liens entre Abiy Ahmed et ses partenaires occidentaux. Le paysage politique éthiopien est bien loin des attentes de l’Élysée. Neufs mois de guerre au Tigré ont profondément déstabilisé le pays.
Le gouvernement d’Abiy Ahmed, autrefois favori des Occidentaux – le Premier ministre est lauréat du prix Nobel pour de la paix en 2019, déjà controversé à l’époque -, est aujourd’hui au centre de nombreuses accusations de violations des droits de l’homme.
L’ONU affirme que 400.000 personnes y vivent dans des conditions de famine, mais les convois d’aide sont confrontés à des défis sécuritaires ainsi qu’à des obstacles bureaucratiques.