Les autorités de la transition vont-elles faire du Mali une « République islamique » ? Tout porterait à le croire après la sortie du ministre malien des Affaires religieuses et du Culte. Sauf que la réaction du collectif des chrétiens ne s’est pas fait attendre.
Le Mali entre laïcité et « République islamique » ?
Le Mali est un pays laïc où la liberté de culte est consacrée par la loi fondamentale. Sa devise, « un peuple, un but, une foi » favorise à juste titre la bonne intelligence et cohabitation de plusieurs religions, dont les musulmans et les chrétiens. Les propos récemment tenus par Mahamadou Koné, ministre des Affaires religieuses et du Culte du gouvernement de transition, ont cependant eu pour effet de soulever le courroux d’autres religions.
Le collaborateur du Premier ministre Choguel Maïga déclarait en substance, au cours d’une rencontre publique, que leur gouvernement est confronté à plusieurs défis. « Y compris d’autres situations qui s’imposent dans notre République islamique », a-t-il déclaré. Poursuivant, le ministre ajoute que tout projet de loi qui ne serait pas en conformité avec les principes de l’islam pourrait être rejeté. Si l’on voulait se référer aux propos du ministre Mahamadou Koné, les autorités de transition entendent-elles troquer la laïcité du Mali contre une « République islamique », synonyme d’application de la loi musulmane, la Charia ?
Ce bout de phrase a donc eu pour effet de susciter une vive réaction de la part du Collectif des intellectuels chrétiens du Mali pour la cohésion sociale, la bonne gouvernance et la paix. « Nous condamnons, avec la dernière énergie, les propos tenus par le ministre des Affaires religieuses et des Cultes. Une telle déclaration met clairement en cause le caractère laïc de notre pays inscrit clairement dans sa Constitution », a regretté Yuhan Coulibaly, porte-parole du collectif. Avant d’interpeller le gouvernement afin qu’il y ait « des rappels à l’ordre de ministre ou de toute autre personne qui s’aventurerait sur ce terrain. » RFI ajoute par ailleurs que « le Collectif des intellectuels chrétiens du Mali entend créer une structure de veille afin de suivre de près la suite des événements ».