Pascal Affi N’Guessan vient de remporter, contre Laurent Gbagbo, la bataille pour le contrôle du FPI. Cette défaite de l’ancien président ivoirien face à son Premier ministre d’alors pourrait bien tirer sa source d’un discours prémonitoire de celui-ci, prononcé à Issia, 12 années plus tôt.
Laurent Gbagbo : « Vous me voyez encore aller me battre avec Affi N’Guessan ? »
Le discours de Laurent Gbagbo au Comité central du Front populaire ivoirien (FPI), le lundi 9 août 2021, marque l’épilogue de la lutte fratricide engagée entre ses partisans et ceux de Pascal Affi N’Guessan pour le contrôle du parti à la rose. Du moins, à ce qu’il parait. Car l’ancien Président ivoirien a finalement décidé de créer un nouvel instrument de lutte et de laisser le FPI à son rival d’ancien Premier ministre. Tout est bien qui finit bien, dira-t-on. Mais que d’intrigues, de défiances, d’escalades verbales, et même de procédures judiciaires entre les deux frères ennemis, pour finalement lâcher prise ! Les deux tendances du FPI ne manquant aucune occasion pour se lancer des piques.
Il faut cependant remonter au meeting animé par Gbagbo Laurent, le 28 août 2009, à Issia, alors que la rivalité était à son comble entre Bohoun Bouabré, ancien ministre de l’Économie et des Finances et le concepteur du « budget sécurisé », et Tagro Désiré, ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, maître-artificier du « Dialogue direct » ayant abouti à la signature de l’accord politique de Ouagadougou. Ils sont tous deux originaires de la localité de Saïoua.
Devant les parents des deux ministres, Gbagbo avait déclaré : « Bohoun Bouabré, Tagro Désiré, je suis venu en partie pour vous dire merci devant vos parents de ce que vous avez fait pour la Côte d’Ivoire. Et pour vous dire que vous pouvez avoir des divergences. Mais quand on a fait des oeuvres aussi grandioses, on ne les gâte pas dans les amusements. » Et, pour illustrer la posture que chacun devrait adopter, Laurent Gbagbo a pris cette illustration : « Moi, avec le parcours que j’ai eu, vous me voyez encore aller me battre avec Affi N’Guessan pour dire « je veux être président du FPI, Affi N’Guessan passe ici », c’est fini ça. Quand on a atteint un certain niveau soi-même, on ne descend pas, on ne descend plus. Le grand doit rester grand toujours. »
Sauf qu’à l’épreuve de la perte du pouvoir, Gbagbo et Affi se sont retrouvés face-à-face en train de se disputer la tête du Front populaire ivoirien (FPI). Comme quoi en politique, on ne dit jamais jamais. Mais, il faut toutefois situer chaque chose dans son contexte pour mieux l’appréhender.