Amnesty International accuse l’armée d’avoir tué au moins 115 indépendantistes au Nigeria entre mars et juin 2021 dans une répression au Biafra.
Violente répression au Biafra après la mort d’au moins 127 policiers
Le Nigeria a récemment intensifié la répression contre les indépendantistes, notamment en poursuivant en justice leurs dirigeants. Selon Amnesty International, les forces de sécurité, notamment l’armée, la police et l’agence de renseignement du Département des services de l’Etat (DSS), ont réprimé des attaques en tuant des dizaines d’hommes armés, ainsi que des civils. L’ONG ajoute avoir recensé des cas d’arrestations arbitraires, de mauvais traitements et de torture entre mars et juin.
En mai, le gouvernement de l’Etat d’Imo a notamment annoncé l’arrestation d’au moins 400 personnes qui auraient un lien avec les violences. « L’enquête d’Amnesty International indique que la plupart d’entre elles ont été embarquées au hasard à leur domicile ou dans la rue et n’avaient rien à voir avec l’ESN », estime l’ONG.
Nigeria : Traque des leaders séparatistes
Des violences ont éclaté dans les Etats du Sud-Est, causant la mort d’au moins 127 policiers ou membres des services de sécurité, selon la police, tandis que les médias locaux ont fait état d’une vingtaine de postes de police et de bureaux électoraux attaqués. Le Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IPOB), qui prône la sécession du sud-est du Nigeria, peuplé en majorité d’Igbo, et son aile paramilitaire, l’ESN (Réseau sécuritaire de l’Est), ont été accusés d’avoir fomenté ces violences, ce que l’IPOB a nié.
Le mois dernier, le chef et fondateur de l’IPOB, Nnamdi Kanu, a été arrêté au Kenya après quatre ans de cavale, selon ses avocats, et ramené à la fin de juin au Nigeria, pour être jugé, accusé notamment de « terrorisme » et de « crime de trahison ». Le leader séparatiste, Sunday Adeyemo, également connu sous le nom de Sunday Igboho, a été arrêté en juillet au Bénin voisin alors qu’il tentait de prendre un vol pour l’Allemagne. Il est actuellement détenu au Bénin dans l’attente de son extradition. Il réclame lui aussi l’indépendance du sud-ouest du Nigeria pour le peuple Yorouba à la suite de violences attribuées à des éleveurs peuls dans sa région.
L’IPOB rêve de voir renaître la défunte République du Biafra, dont la proclamation d’indépendance avait entraîné une guerre civile de trente mois entre 1967 et 1970. Le conflit a fait plus d’un million de morts, principalement des Igbo, surtout de famine et de maladie.