Directeur de cabinet du président Alassane Ouattara, puis Ministre des Affaires Etrangères, Marcel Amon-Tanoh (MAT) a démissionné du gouvernement en mars 2020 après la désignation de feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du RHDP (parti au pouvoir) à l’élection présidentielle d’octobre 2020.
Après Cissé Bacongo, Marcel Amon-Tanoh prépare son retour auprès de Ouattara
17 mois après sa démission du gouvernement, Marcel Amon-Tanoh marque progressivement son retour dans l’écurie du président Alassane Ouattara. L’élection présidentielle d’octobre 2020 avait profondément divisé les deux anciens amis. D’abord directeur de cabinet du chef de l’Etat, le fils de Lambert Amon-Tanoh avait ensuite été nommé ministre des Affaires Etrangères dans le gouvernement du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais les dissensions nées lors de la désignation du candidat du RHDP, vont tout chambouler. Le vieux et fidèle compagnon d’Alassane Ouattara n’admettant pas le choix d’Amadou Gon Coulibaly pour la candidature du parti au pouvoir à la succession du président de la République, Alassane Ouattara.
«En tant qu’homme public ayant assumé de nombreuses responsabilités au service de mon pays, je me dois de m’adresser à vous directement, pour vous informer de ma démission du gouvernement », dira-t-il. La démission de Marcel Amon-Tanoh du gouvernement, suivie de son retrait du RHDP, avait conduit à une escalade verbale entre lui et ses anciens camarades de parti. A l’occasion d’un meeting organisé par les partis d’opposition, le samedi 10 octobre 2020, comptant pour l’élection présidentielle du 31 octobre, Marcel Amon-Tanoh ne portera pas de gants pour fustiger ouvertement Alassane Ouattara qui « a peur de la Côte d’Ivoire de la majorité, la Côte d’Ivoire plurielle ».
« N’ayez pas peur. Nous sommes prêts à mourir pour notre pays. Nous ne reculerons plus devant rien. Nous sommes debout. Nous en avons marre. Dites lui de libérer notre pays, de nous le rendre », lancera-t-il devant une foule de militants gonflés à bloc. Mais la colère de l’ancien ministre des Affaires Etrangères, ne sera que de très courte durée car trois mois après la réélection du président Alassane Ouattara, MAT va présenter des excuses publiques au chef de l’Etat.
« Je reconnais n’avoir pas été totalement fidèle à mon engagement de montrer aux ivoiriens qu’il est possible de faire de la politique différemment, en sachant, malgré nos désaccords, garder le bon ton, sans proférer d’invectives et sans porter de jugements de valeur. Je pense notamment aux propos que j’ai tenus le 10 octobre 2020, au stade Felix Houphouët-Boigny, envers le Président de la République, S.E.M. Alassane OUATTARA (…) Voter pour un Président, c’est lui confier notre pays à gérer. Dire qu’il nous le rende, n’est qu’une manière d’exprimer une divergence sur certains aspects de la gestion des affaires publiques, mais en aucun cas de suggérer qu’il n’est pas ivoirien, comme il me revient que beaucoup de mes compatriotes l’auraient compris (…) J’ai conscience d’avoir profondément heurté le Chef de l’Etat, à qui je tiens à présenter publiquement mes sincères excuses et à exprimer mes regrets aux ivoiriens », s’excusera le natif d’Aboisso.
« Reste à savoir si les caciques du RHDP dont le directeur exécutif Adama Bictogo, sont prêts à accepter… »
Après la tempête, le beau temps, dit-on. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors. Selon Africa Intelligence, Alassane Ouattara et Marcel Amon-Tanoh se sont rencontrés, le lundi 12 juillet 2021, pour un échange discret. Si rien n’a filtré de leurs retrouvailles, on peut aisément s’imaginer que cette rencontre a permis aux deux hommes de laver le linge sale en famille. D’ailleurs, apprend Afrique-sur7, Marcel Amon-Tanoh pourrait être le prochain promu sur la liste des personnalités à nommer, après la nomination par décret du Président Alassane Ouattara, lundi 26 juillet 2021, de Cissé Ibrahim Bacongo en qualité de Ministre, conseiller spécial, chargé des affaires politiques.
Même si notre source n’est pas formelle sur le nouveau point de chute de MAT, il faut rappeler que Marcel Amon-Tanoh lui-même n’a jamais exclu une nouvelle collaboration avec le président Alassane Ouattara. Dans une interview accordée à Jeune Afrique en septembre 2020, il évoquait certes des points de désaccord avec le chef de l’Etat mais déclarait être sans animosité envers lui. « Je l’ai vu une fois depuis ma démission. Nous sommes en contact. Je lui ai dit que j’étais ouvert et qu’à tout moment, s’il a besoin de consulter ou de me dire quelque chose, je répondrai positivement. Nous avons un différend, mais nous ne sommes pas fâchés (…) Si le président décide d’ouvrir le gouvernement à l’opposition, on écoutera et on observera. Si je peux servir mon pays, je ne dis pas non », disait-il.
Reste à savoir si les caciques du RHDP dont le directeur exécutif Adama Bictogo, sont prêts à accepter en leur sein, un homme qui a vilipendé leur mentor après avoir longtemps été son Directeur de cabinet. Mais la politique a son petit côté mystérieux que le citoyen lambda ne saurait desceller. Il faut voir pour croire.