Au Liban, Najib Mikati, un homme du système, a été désigné Premier ministre, lundi, après l’échec de Saad Hariri.
Liban: Najib Mikati nommé Premier ministre pour la 3è fois
L’ancien Premier ministre Najib Mikati est nommé chef du gouvernement au Liban depuis le lundi 26 juillet. Il a été désigné par 72 députés libanais pour former le prochain gouvernement. L’homme d’affaires s’est engagé à mener des réformes exigées par la communauté internationale pour aider le Liban à sortir de sa crise.
Il succède à Saad Hariri, qui a renoncé le 15 juillet dernier après neuf mois d’un bras de fer avec le président Michel Aoun. C’est le gouvernement de Hassan Diab qui gère les affaires courantes depuis sa démission en août 2020.
En effet, après la démission de Hassan Diab au lendemain de la méga-explosion du 4 août 2020 dans le port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts et dévasté des quartiers entiers de la capitale, deux tentatives ont déjà échoué.
Mustafa Adib, un ambassadeur du Liban en Allemagne, proche de Nagib Mikati dont il a été le chef de cabinet, avait été désigné à ce poste dans la foulée de « l’initiative française ». Cette appellation désigne le forcing diplomatique du président Emmanuel Macron, après l’explosion dévastatrice, destiné à convaincre la classe politique libanaise de former un « gouvernement de mission » afin de mettre en œuvre un plan de sauvetage de l’économie et d’entamer des négociations avec le Fonds monétaire international.
Après l’échec de Mustafa Adib, la balle est revenue en octobre 2020 dans le camp de Saad Hariri, considéré comme le chef le plus légitime de la « communauté » sunnite, à laquelle la fonction de premier ministre revient selon les règles du régime confessionnel. Mais Saad Hariri, qui avait été contraint à la démission sous la pression des manifestations populaires d’octobre 2019, a à nouveau jeté l’éponge le 15 juille.
Najib Mikati, homme d’affaires, à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays
Aujourd’hui, Najib Mikati revient au pouvoir alors que le Liban est frappé par l’une des plus graves crises au monde depuis 1850. Le Premier ministre désigné dispose de plusieurs atouts. Il a ainsi révélé, dans une déclaration après sa nomination, qu’il n’aurait pas accepté sa « mission difficile » s’il n’avait pas reçu des garanties internationales.
Premier ministre pour la troisième fois, Najib Mikati, 65 ans, est considéré comme l’une des personnalités politiques sunnites les plus en vue et l’un des plus illustres représentants de la classe politique traditionnelle décriée par le mouvement de contestation qui a éclaté au Liban en octobre 2019.
Cet homme d’affaires, à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays avec 2,7 milliards de dollars selon le magazine Forbes, est député de Tripoli, une ville qui compte le plus grand nombre de milliardaires tout en étant la plus pauvre du Liban.
Autre point fort, Najib Mikati a bénéficié du soutien des principaux blocs parlementaires musulmans sunnites et chiites, y compris le Hezbollah, qui s’était abstenu d’appuyer la candidature de son prédécesseur, Saad Hariri. « Nous voulons donner un élan supplémentaire pour faciliter la formation d’un gouvernement », a expliqué le chef du groupe du parti pro-iranien à la Chambre, Mohammad Raad.
Najib Mikati est cependant handicapé par des points faibles, D’abord, la couverture politique chrétienne lui fait défaut. Les deux principales forces de cette communauté, le Courant patriotique libre (CPL, fondé par le président Michel Aoun) et les Forces libanaises de Samir Geagea, ne l’ont pas désigné. Ensuite, son nom est cité dans plusieurs affaires douteuses concernant des malversations et des abus de pouvoir.
C’est dans ce contexte que Najib Mikati essaiera de former un gouvernement, là où Saad Hariri a échoué pendant près de dix mois.